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À La Une - Dans les coulisses de la diplomatie

Le clientélisme politique a eu raison du train des nominations diplomatiques

Ils sont 19. Dix-neuf, dont la fille de Nabih Berry, qui retardent la promulgation d’un train de nominations au ministère des Affaires étrangères où 39 postes d’ambassadeurs sur un total de 69 (si l’on inclut le poste de secrétaire général) sont désormais vacants. Ils viennent du ministère des Émigrés, redevenu aujourd’hui direction du ministère des Affaires étrangères. Ils exigent qu’il soit tenu compte de leurs années de service dans ce département, comme si passées au ministère des Affaires étrangères. Cette ancienneté devant leur donner droit à être nommés conseillers d’ambassade, dans le cadre du train de permutations et de nominations qui doit intéresser ce ministère, alors que leurs camarades du ministère des Affaires étrangères ont dû participer à un concours en bonne et due forme pour pouvoir postuler à la même fonction.
La conseil de la fonction publique, consulté, a jugé leur demande irrecevable. C’est sur la base de ce jugement que le Conseil d’État, devant lequel ils se sont ensuite pourvus, les a déboutés. Mais ils cherchent aujourd’hui à obtenir la révision de ce jugement. C’est pour cette raison qu’un train de nominations, qui était imminent en mai dernier, est de nouveau sur l’étagère...
Mais non pour cette unique raison. Comme dans tout ce qui se passe en ce moment, dans la fonction publique, la politique s’en mêle. Il semble en effet que le processus se soit enrayé parallèlement à l’éclatement du conflit social à EDL, avec l’apparition d’un clivage prononcé entre les journaliers, appuyés par Nabih Berry, et l’administration de l’office, appuyée par le ministre Gebran Bassil et Michel Aoun. Certains avancent même que la concurrence sur le contrôle du Conseil supérieur chargé des ressources gazières sous-marines, qui n’a pas encore vu le jour, aurait également joué un rôle de frein.
Toujours est-il que cet assombrissement des relations entre Nabih Berry et Michel Aoun affecte directement ce dernier, qui espérait la nomination des ambassadeurs Charbel Stéphan et Charbel Aoun, qui lui sont proches, respectivement à Rome et Madrid.
Ces zizanies internes interviennent alors que, depuis le 1er janvier dernier, le palais Bustros est privé de secrétaire général. En effet, après le départ à la retraite de William Habib, en 2011, ce poste avait été occupé, à titre intérimaire, par Wafic Rehaymi, mais le mandat de ce dernier a expiré à la fin de 2011.
Or parmi les prérogatives du secrétaire général figure la présidence de la commission administrative chargée de préparer, en gros, le brouillon (le « draft », en jargon diplomatique) du délicat train de nominations, de permutations et de promotions, qui va ensuite au Conseil de la fonction publique, passe par le ministre en charge et finit sur la table du Conseil des ministres.
Au demeurant, ce n’est pas seulement le poste de secrétaire général qui est vacant. Il faut y ajouter celui des directions des affaires politiques, des organisations internationales et des finances.
Indépendamment des exigences de M. Berry, un second enjeu complique les choses, sans aller jusqu’à bloquer le train des nominations. En effet, les fonctionnaires du cadre considèrent que six personnalités hors cadre pressenties pour occuper des postes d’ambassadeur leur font une concurrence déloyale. Mais sur ce plan, les politiques ont toujours eu leur mot à dire, pourvu que l’équilibre confessionnel soit respecté...
Ces nominations qui traînent en longueur affectent, sur le plan humain, de nombreux ambassadeurs. En général, le train de nominations est pris en mai, pour permettre aux fonctionnaires qui partent comme à ceux qui regagnent l’administration centrale de prendre leurs dispositions et, par exemple, d’inscrire leurs enfants à temps dans les écoles et les universités.
Ces délais exorbitants provoquent aussi des situations anormales. C’est ainsi qu’on voit, à titre d’exemple, des diplomates comme Joe Raggi (Maroc), Caroline Ziadé (New York) ou Carla Jazzar (Washington) végéter 18 ans comme secrétaires, alors qu’ils devraient depuis longtemps avoir été nommés conseillers, voire même ambassadeurs.
On a là, en partie, une des facettes de ce clientélisme politique qui mine l’administration et empêche tout progrès dans le service public. D’énormes énergies sont ainsi perdues, sachant enfin qu’un absurde consensus a gelé tout changement au niveau des ambassadeurs accrédités dans les grandes capitales comme Paris, Londres ou Washington.
Ils sont 19. Dix-neuf, dont la fille de Nabih Berry, qui retardent la promulgation d’un train de nominations au ministère des Affaires étrangères où 39 postes d’ambassadeurs sur un total de 69 (si l’on inclut le poste de secrétaire général) sont désormais vacants. Ils viennent du ministère des Émigrés, redevenu aujourd’hui direction du ministère des Affaires étrangères. Ils exigent qu’il soit tenu compte de leurs années de service dans ce département, comme si passées au ministère des Affaires étrangères. Cette ancienneté devant leur donner droit à être nommés conseillers d’ambassade, dans le cadre du train de permutations et de nominations qui doit intéresser ce ministère, alors que leurs camarades du ministère des Affaires étrangères ont dû participer à un concours en bonne et due forme pour...
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