Le Premier ministre Nagib Mikati et l’équipe ministérielle qui l’entoure, dont notamment le ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, ont incontestablement marqué des points (précieux) au cours des derniers jours. Le cycle infernal de la violence milicienne a ainsi été jugulé dans la capitale du Nord entre les quartiers de Bab el-Tebbaneh et de Jabal Mohsen, et l’armée parvient, du moins jusqu’à nouvel ordre, à maintenir le calme dans cette région. Parallèlement, les efforts déployés en haut lieu ont réussi à mettre un terme à la pratique de la fermeture des routes, notamment la route de l’aéroport. Mais l’acquis le plus important aura été sans doute la libération de l’un des 11 pèlerins chiites qui avaient été enlevés dans la province d’Alep en mai dernier. Cette libération a pu être obtenue grâce, également, aux démarches intensives entreprises par les responsables officiels à plus d’un niveau.
Lorsque le ministre de l’Intérieur est entré en contact avec le chef du gouvernement afin de l’informer de la libération de l’un des otages chiites à Alep, M. Mikati n’a pas manqué de rendre hommage à M. Charbel, soulignant que grâce à ses efforts portant sur plus d’un dossier délicat et explosif, en l’occurrence la situation à Tripoli et l’affaire des otages, il a réussi à renflouer le gouvernement. Cette bouffée d’oxygène, M. Mikati en avait grandement besoin, car, depuis un certain temps, il est la cible des tirs croisés du tandem Hezbollah-Amal, à l’instar d’ailleurs du président Michel Sleiman. Les milieux et les responsables des deux formations chiites ne se privent pas en effet d’adresser des critiques acerbes, souvent publiquement, à l’encontre du président Sleiman et de M. Mikati. Le tandem en question accuse ouvertement l’axe Sleiman-Mikati-Joumblatt au sein du gouvernement de faire le jeu du 14 Mars et de soutenir la politique de la coalition souverainiste. Ce tandem souligne, à l’appui de sa thèse, que les symboles du 14 Mars sont toujours présents au sein de l’administration publique et détiennent, de surcroît, des positions-clés, notamment au niveau sécuritaire.
Il reste que les sources proches du Grand Sérail affirment que le Premier ministre ne se laisse pas impressionner outre mesure par cette campagne et s’en tient toujours à ses positions de principe. L’épisode de l’arrestation de l’ancien ministre Michel Samaha, accusé d’avoir planifié des attentats terroristes au Nord à la demande du chef de l’appareil sécuritaire syrien, le général Ali Mamlouk, a convaincu M. Mikati de la nécessité de ne pas modifier son attitude. Et dans le même temps, le Premier ministre s’emploie à tirer profit, autant que faire se peut, des points importants qu’il a marqués ces derniers jours, son objectif étant, pour l’heure, de consolider sa position politique, plus particulièrement au Nord.