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À La Une - Crise

Syrie : Assad prie à la mosquée, ses opposants manifestent dans les rues

Les rebelles sont épaulés par les services secrets britanniques et allemands, rapportent des journaux européens.

Le président syrien, Bachar el-Assad priant pour la fête de l'Aïd el-Fitr, à la mosquée al-Hamad, à Damas, le 19 août 2012. REUTERS/Sana/Handout 

Le président syrien Bachar el-Assad a effectué dimanche une rare apparition publique pour prier dans une mosquée de Damas à l'occasion de l'Aïd el-Fitr, tandis que ses opposants ont à nouveau exprimé dans la rue leur rejet du régime.

 

La télévision officielle syrienne a diffusé des images montrant le chef de l'Etat assis pour la prière de l'Aïd dans la mosquée al-Hamad, en présence du nouveau Premier ministre, Waël al-Halaqi, et du chef du Parlement, Jihad Lahham. Il s'agit de la première apparition publique de M. Assad depuis l'attentat qui a coûté la vie à quatre hauts responsables de la sécurité le 19 juillet.

 

Dans son prêche, l'imam, cheikh Mohamed Kheir Ghantous, a assuré que la Syrie triompherait "face au complot américano-occidental soutenu par les wahhabites et les takfiris" (extrémistes religieux sunnites).

 

Le régime syrien lutte férocement depuis 17 mois contre une révolte qui s'est militarisée au fil des mois. Au total, le conflit a fait plus de de 23.000 morts, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

 

Mais malgré la répression, des opposants ont encore manifesté à Damas, Idleb (nord-ouest) et dans la province de Hama (nord). Dans la région de Hama, à Kafr Zeita, une vidéo montre une femme vêtue de noir, qui a perdu plusieurs de ses enfants dans les violences. "Que brûle le coeur d'Assad comme il fait brûler le nôtre", lance-t-elle à la foule.

 

Beaucoup de Syriens n'ont toutefois pas respecté cette année la tradition qui veut que le premier jour de la fête, les gens se réunissent dans les cimetières, fleurissent les tombes, récitent des sourates du Coran et déjeunent sur place.

Ils craignaient l'intervention des forces de l'ordre, qui interdisent tout attroupement, et les combats qui se sont poursuivis en particulier à Alep et à Damas, selon l'OSDH.

 

Cette fête, que les enfants musulmans attendent avec impatience, a été fatale pour six d'entre eux âgés de 5 à 12 ans. Au total 1.300 enfants ont été tués depuis mars 2011, d'après l'OSDH.

 

A Alep, pour la première fois selon habitants et rebelles, des hélicoptères de l'armée ont largué des tracts mettant en garde contre tout soutien aux insurgés et offrant à ces derniers une "dernière chance" de se rendre, selon un journaliste de l'AFP. Deux heures après avoir largué les tracts, les hélicoptères sont revenus pour ouvrir le feu sur plusieurs quartiers.

 

Quatre roquettes syriennes sont par ailleurs tombées en Jordanie, près de la frontière avec la Syrie, blessant une enfant, selon les autorités jordaniennes qui n'ont pas donné plus de détails.

 

 

Services secrets

Dans leur lutte contre l'armée, les rebelles sont toutefois épaulés par les services secrets britanniques et allemands, rapportent des journaux européens

 

Selon le Sunday Times britannique, qui cite un responsable de l'opposition, les services secrets britanniques ont aidé les rebelles à lancer plusieurs attaques réussies.

Selon ce responsable, les informations sont transmises aux rebelles de l'Armée syrienne libre (ASL, composée de déserteurs et de combattants civils) depuis les bases militaires britanniques à Chypre via la Turquie et les Etats-Unis.

 

Les informations transmises ont concerné en particulier les mouvements de l'armée régulière vers Alep, deuxième ville du pays et théâtre d'une bataille cruciale pour le régime depuis près d'un mois.

 

L'hebdomadaire allemand Bild am Sonntag rapporte de son côté que des agents du Service fédéral de renseignement (BND) croisant au large de la Syrie observent les mouvements des troupes syriennes et transmettent ces informations aux services britanniques et américains pour qu'elles parviennent aux rebelles.

 

Les pays occidentaux, qui réclament le départ de M. Assad, répètent qu'ils ne veulent pas armer les rebelles, évoquant en particulier le risque de voir cet arsenal tomber entre les mains d'extrémistes islamistes. Mais plusieurs pays ont déjà évoqué une aide dans le domaine de la communication.

 

 

Lakhdar Brahimi critiqué 

Sur le front diplomatique, l'Algérien Lakhdar Brahimi, nommé il y a deux jours comme nouveau médiateur international pour la Syrie, a reçu le soutien de l'Occident, de la Russie et de la Chine, deux pays alliés de Damas.

 

Mais le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, s'est dit "choqué" par de récents propos du diplomate algérien. Interrogé par l'agence Reuters sur la nécessité d'un départ de Bachar el-Assad, M. Brahimi avait déclaré : "Il est bien trop tôt pour que je puisse prendre position sur ce sujet. Je n'en sais pas assez sur ce qu'il se passe".

 

Dimanche après-midi, M. Brahimi a donc précisé sa pensée assurant, sur Al-Jazeera, que ces propos ne voulaient pas "dire que ce n'était pas le moment pour lui de partir". Il a par ailleurs affirmé à la chaîne France 24 qu'il ne s'agissait plus d'"éviter" la guerre civile en Syrie mais bien de l'"arrêter".

"Le changement est inévitable, un changement sérieux, un changement fondamental, pas cosmétique", a jugé celui qui doit remplacer Kofi Annan à l'expiration de son mandat à la fin du mois.

La mission des observateurs de l'ONU, la Misnus, déployée en avril pour surveiller un cessez-le-feu jamais respecté, se termine dimanche à minuit.

 

A Damas, la situation restait incertaine sur le sort du vice-président Farouk el-Chareh. Les autorités ont démenti samedi des informations faisant état de sa défection, mais la télévision d'Etat n'a diffusé aucune image de lui. L'ASL a évoqué pour sa part une "tentative de défection" qui a échoué.

Personnalité sunnite la plus en vue au sein du pouvoir alaouite (branche du chiisme), M. Chareh est un homme de confiance du régime et a été pendant plus de 20 ans chef de la diplomatie syrienne.

 

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