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À La Une - Syrie

Syrie: raid dévastateur près d'Alep, l'ONU dénonce des crimes des deux côtés

Quelque 2,5 millions de Syriens pourraient actuellement être dans le besoin d'un point de vue humanitaire.

Un homme pleure, le 15 août 2012, sur les ruines de sa maison bombardée par l'aviation syrienne à Azaz, dans la région d'Alep, en Syrie. REUTERS/Goran Tomasevic

Les forces gouvernementales syriennes et leur milice des Chabbiha ont commis des crimes contre l'humanité, souligne un nouveau rapport de la Commission d'enquête de l'ONU, accusant également l'opposition armée de crimes de guerre mais à moindre échelle.

 

Dans ce rapport de 102 pages diffusé mercredi à Genève, la Commission parle de "crimes contre l'humanité, de meurtres et torture, crimes de guerre et violations flagrantes des droits de l'homme et des lois humanitaires" de la part des forces gouvernementales et des Chabbiha.

 

La Commission d'enquête indépendante mandatée par le Conseil des Droits de l'Homme de l'ONU dénonce des "meurtres illégaux, des attaques indiscriminées contre les populations civiles et des actes de violence sexuelle".

"Ces violations ont été commises dans le cadre la politique de l'Etat, ce qui indique l'implication des plus hauts niveaux des forces armées et de sécurité et du gouvernement", ajoute le rapport.

 

"Des crimes de guerre, incluant des meurtres, des assassinats extra judiciaires et des tortures ont été commis par les groupes armés anti-gouvernements. Toutefois, ces violations et abus n'étaient pas de la même gravité, fréquence et échelle que ceux commis par les forces gouvernementales et les Chabbiha", poursuit le document qui sera examiné par le Conseil en septembre.

 

 

Sur le terrain, la violence était plus que jamais de mise.

 

 

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), un raid de l'armée de l'air syrienne dans la localité rebelle d'Azaz, dans le nord de la Syrie, près de la frontière avec la Turquie a fait au moins 31 morts et plus de 200 blessés. "Beaucoup de gens sont encore piégés sous les décombres, la situation est horrible", a déclaré le chef de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.

 

Selon lui, le raid, mené par un avion qui a brisé le mur du son avant de tirer des missiles, a visé un ancien siège local du parti Baas dans cette ville de 70.000 habitants, devenu un quartier général pour des groupes rebelles.

Des témoins ont fait part à l'AFP d'une "attaque aérienne au cours de laquelle plusieurs missiles ont été tirés, détruisant au moins dix maisons".

 

L'attaque a provoqué un vent de panique dans la ville, et des centaines de personnes, essentiellement des femmes et des enfants, se pressaient mercredi soir à la frontière turque toute proche, selon le journaliste de l'AFP.

Le raid a aussi eu des répercussions au Liban, dans la mesure où il a "grièvement blessé" quatre membres d'un groupe de 11 pèlerins chiites libanais enlevés en mai dans le nord de la Syrie.

L'annonce erronée de leur mort par des médias libanais a provoqué le chaos dans des zones chiites au sud de Beyrouth. Des hommes armés ont enlevé des dizaines de syriens et vandalisé leurs biens, selon l'Agence nationale d'information (ANI).

 

La capitale, Damas, était aussi le théâtre de violences aujourd’hui. Une fusillade a notamment éclaté près des bureaux du Premier ministre à Damas. L'OSDH a signalé un accrochage dans le quartier de Mazzé à Damas, après des tirs de roquettes en direction des bureaux du Premier ministre et d'un bâtiment en construction de l'ambassade d'Iran.

Selon télévision officielle, "les services spécialisés ont attaqué un repaire de terroristes-mercenaires (...), tuant un nombre indéterminé d'entre eux et en capturant d'autres".

 

Avant cet accrochage, la capitale syrienne a été secouée par une explosion à 08h00 (05h00 GMT). Selon un militaire, il s'agissait d'un attentat qui a fait cinq blessés.

La bombe était placée à l'arrière d'un camion-citerne, dont la cuve a été éventrée, selon une journaliste de l'AFP. Plusieurs véhicules militaires étaient calcinés ainsi que les murs de l'immeuble mitoyen.

 

Les rebelles de l'Armée syrienne libre (ASL, composée de déserteurs et de civils ayant pris les armes) ont revendiqué cette attaque en expliquant qu'elle visait une "réunion de militaires dans un bureau de l'état-major général". "Cette opération vise à remonter le moral de l'ASL et à dire à Bachar el-Assad et à son commandement que nous pouvons mener des opérations bien étudiées car nous savons ce qui se passe dans leurs rangs", a dit à l'AFP le commandant Maher al-Nouaïmi, un responsable de l'ASL en Syrie.

 

Ailleurs dans la capitale, les troupes gouvernementales ont lancé un assaut sur plusieurs quartiers où subsistent des poches rebelles, a rapporté l'OSDH, organisation basée en Grande-Bretagne qui s'appuie sur un réseau de militants et de témoins.

 

A Alep, où rebelles et troupes syriennes se livrent une guerre ouverte depuis près d'un mois, un nouveau front s'est ouvert dans le quartier Ouwayja (nord-est). Les combats ont commencé vers 10H30 (07H30 GMT) a indiqué un journaliste de l'AFP sur place, évoquant des bombardements terrestres et aériens sur le quartier.

De durs combats ont également eu lieu à Salaheddine, dont les autorités ont affirmé avoir repris le contrôle il y a quelques jours. Selon une source sécuritaire, les rebelles sont à la lisière de ce quartier emblématique.

La prochaine cible des troupes, selon cette source, est le quartier d'al-Soukkari, où les rebelles disposent de nombreuses armes et de munitions.

 

"La stratégie, c'est de les harceler jusqu'à l'épuisement plutôt que de mener de grandes opérations" dans cette ville dont certaines rues étaient jonchées de dizaines de cadavres de rebelles ou de soldats, a ajouté cette source.

 

En visite à Damas, la responsable de l'humanitaire à l'ONU, Valerie Amos, a affirmé que la situation en Syrie était de plus en plus précaire et que quelque 2,5 millions de Syriens pourraient actuellement être dans le besoin, contre un million fin mars.

 

Sur le plan diplomatique, à La Mecque, premier lieu saint de l'islam en Arabie saoudite, les dirigeants du monde musulman doivent annoncer mercredi soir s'ils suspendent ou non la Syrie de l'OCI, imitant ainsi la Ligue arabe, qui a suspendu la Syrie fin 2011.

 

La Russie, partenaire de longue date du régime syrien, a, pour sa part, appelé l'Occident à respecter l'accord conclu fin juin à Genève sur les principes d'une transition politique en Syrie. "Il faut que tout les acteurs extérieurs fassent pression sur toutes les parties syriennes et arrêtent d'inciter l'opposition à poursuivre la lutte armée", a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.

Moscou et Pékin ont déjà bloqué plusieurs résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU condamnant le régime du président Assad.

 

A Genève, Ahmad Fawzi, porte-parole de l'ancien médiateur de l'ONU, Kofi Annan, a indiqué que Damas avait approuvé la candidature de l'Algérien Lakhdar Brahimi à sa succession. Ce diplomate de 78 ans, ancien envoyé de l'ONU en Afghanistan et en Irak, veut toutefois obtenir le soutien formel du Conseil de sécurité de l'ONU avant d'accepter, selon des diplomates.

 

De son côté, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius entame mercredi une tournée en Jordanie, au Liban et en Turquie, trois pays qui accueillent plus de 250.000 réfugiés syriens.

 

Les forces gouvernementales syriennes et leur milice des Chabbiha ont commis des crimes contre l'humanité, souligne un nouveau rapport de la Commission d'enquête de l'ONU, accusant également l'opposition armée de crimes de guerre mais à moindre échelle.
 
Dans ce rapport de 102 pages diffusé mercredi à Genève, la Commission parle de "crimes contre l'humanité, de meurtres et...

commentaires (1)

Attentat visant l'état-major de l'armée près de l'hôtel de l'ONU à Damas ou l' enlisement dans une guere civile à long terme . Antoine Sabbagha

Sabbagha Antoine

05 h 26, le 15 août 2012

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Commentaires (1)

  • Attentat visant l'état-major de l'armée près de l'hôtel de l'ONU à Damas ou l' enlisement dans une guere civile à long terme . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    05 h 26, le 15 août 2012

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