Après avoir félicité la troupe et son commandant en chef à l’occasion de la fête de l’Armée, Hassan Nasrallah, qui s’exprimait dans un discours retransmis par la télévision à une série d’iftars de soutien à la résistance dans différentes régions du pays, a d’abord évoqué « l’indiscutable défaite historique israélienne de l’an 2000 », obtenue « grâce à la résistance (...) et pas à la communauté internationale, la Ligue arabe, l’OCI ou la résolution 425 ». « D’ordinaire, une résistance qui triomphe gouverne. Cela a été le cas dans plusieurs pays (...). Au Liban, la résistance n’a pas cherché à gouverner et a offert son triomphe aux Libanais. Le Liban est d’ailleurs une exception à tous les niveaux. La résistance a juste affirmé qu’elle devait poursuivre son action », a poursuivi le patron du Hezbollah.
« Après la défaite israélienne de l’an 2000 est apparue une revendication américano-israélienne : en finir avec la résistance et ses armes, sous prétexte que le Hezbollah en représente le gros morceau. C’est alors que le grand titre est devenu d’ôter les armes du Hezbollah, parce que ce sont les armes qui peuvent vaincre Israël. Certaines parties au Liban ont adopté cet objectif et nous nous sommes retrouvés face à une nouvelle bataille politique et médiatique sur la scène interne et externe, dont le titre est devenu : ôter à la résistance ses armes », a-t-il poursuivi.
« Après l’an 2000, plusieurs compromis nous ont été proposés par les États-Unis et d’autres concernant les armes, en échange de pouvoir et d’argent, en échange aussi du fait que nous soyons biffés de la liste des organisations terroristes. Nous avons tout refusé. Nous considérons que la résistance est une garantie de force pour le Liban et la protection de notre peuple, qui a été abandonné par le monde entier », a noté Hassan Nasrallah.
La 1559, « œuvre des Israéliens »
« Avant 2004, un compromis a été proposé à la Syrie avant la 1559. J’attire ici l’attention du 14 Mars sur le fait qu’au moment où vous pariiez sur l’Amérique, les Américains étaient en train de négocier en parallèle (avec les Syriens). Un chef arabe était venu dire à l’époque au président syrien Bachar el-Assad qu’il pouvait rester au Liban s’il le voulait et même entrer au Liban-Sud. Assad lui a demandé quel en était le prix. » « Le prix, ce sont les armes du Hezbollah et des Palestiniens, et vous bénéficierez d’un mandat international pour rester au Liban » , lui a-t-on dit, a indiqué le secrétaire général du Hezbollah. « Le président Assad a refusé cette offre. J’attire l’attention de certains intellectuels sur le fait que la Syrie n’est pas une association caritative, mais qu’elle possède une vision du conflit arabe, pour se protéger et protéger le Liban d’Israël. Assad a dit au dirigeant arabe que c’est la résistance qui garantit la protection du Liban et des Arabes. C’est alors que la résolution 1559 a été adoptée et que la pression internationale sur le Liban et la Syrie a commencé. Je rappelle que Sylvan Shalom, le ministre israélien de la Défense à l’époque (...), avait déclaré que la 1559 était le résultat d’efforts israéliens accrus. Certaines parties libanaises ont adopté cette résolution et son contenu. De longues rencontres ont eu lieu à cette époque avec le Premier ministre martyr Rafic Hariri. Nous nous sommes entendus sur le fait que les armes de la résistance devaient perdurer jusqu’au jour où un règlement global aurait lieu dans la région. C’est à ce moment-là que nous discuterions de l’avenir des armes de la résistance. Et puis il a été tué », a ajouté Hassan Nasrallah.
« Le président Berry a appelé au dialogue national. La première séance a eu lieu et nous y avons participé sans réserve. La stratégie de défense était à l’ordre du jour. Nous avons accepté de faire un compromis en acceptant le dialogue sur les armes alors que nous refusions cela auparavant. Nous avons été dans l’espoir de parvenir à une entente nationale, et il y avait un accord tacite entre nous et Saad Hariri, qui m’avait dit, devant témoins, qu’il respecterait les engagements de son père à notre égard », a poursuivi Hassan Nasrallah, avant de rappeler quelle avait été sa proposition sur la stratégie de défense à l’époque. « J’avais exposé l’expérience réussie de 1996 concernant le rôle de l’armée, de la diplomatie et de la résistance, en me basant sur les propos du Premier ministre Sélim Hoss, qui avait parlé de stratégie fondée sur la coordination entre l’armée et la résistance au plus haut niveau, sans arriver à la question du commandement, parce qu’à ce moment-là, l’armée cesserait d’exister », a-t-il souligné.
« Et avec cela, il y en a qui prétendent que le Hezbollah n’a pas présenté de vision concernant la stratégie défensive et ne veut pas le faire. Quel culot ! Le mensonge dans ce pays a atteint un degré poussé d’effronterie. Nous avons été les premiers à présenter une proposition de stratégie de défense à la table de dialogue, lors de la première séance. (...) J’ai dit que la résistance pouvait infliger une défaite à l’ennemi sur le terrain et c’est ce qui s’est produit durant la guerre de juillet. La guerre s’est terminée par une reconnaissance israélienne de défaite. Quant à ceux qui ont voulu nier cette défaite, ils ont continué à le faire », a dit Hassan Nasrallah.
« Après l’accord de Doha, le président Sleiman a appelé au dialogue. Des documents ont été présentés au cours des séances de dialogue. Jusqu’à présent, le document du Hezbollah sur la stratégie défensive qui date d’avant juillet 2006 n’a pas été discuté. Ils ne veulent pas le faire et ne le feront pas. Pour une seule raison : ils ont un engagement auprès des États-Unis à tenir, en l’occurrence arracher les armes du Hezbollah », a-t-il noté.
Le 14 Mars « au service des USA »
« L’autre camp a pris une seule décision, celle d’arracher les armes du Hezbollah. Il ne veut pas protéger le Liban. Les forces du 14 Mars veulent une seule chose : remettre les armes aux Américains parce que ces derniers les exigent. Le 14 Mars a présenté des documents sur la stratégie défensive. Ils ont été publiés. Leur objectif unique : remettre les armes à l’armée. Telle est leur stratégie », a indiqué Hassan Nasrallah. « L’un des chefs du 14 Mars a affirmé il y a quelques jours qu’il ne fallait pas trop se fatiguer à discuter de la stratégie défensive et que le Hezbollah remettrait ses armes une fois le régime syrien tombé. Donc, le but, ce sont les armes du Hezbollah. Tout ce qu’ils veulent, c’est aller dire aux Américains de leur confier la direction du pays. Un autre des chefs du 14 Mars a dit que le dialogue sur les armes était un dialogue de sourds. Il a raison. Les sourds, ce sont eux. (...) Malgré cela, nous ne sommes pas disposés à boycotter la table de dialogue à laquelle le président Sleiman a convié. Mais nous refusons que la participation de l’autre camp devienne une affaire de chantage vis-à-vis du président Sleiman ou du gouvernement pour atteindre des objectifs qui n’ont rien à voir avec le dialogue, comme les données téléphoniques et autres. Si le dialogue est sérieux dans la discussion d’une stratégie de défense, son but sera alors plus sacré que n’importe quel autre dossier et il serait faux de le torpiller. Or ce qui se produit, c’est du chantage, et il est une partie qui accepte de se soumettre au chantage », a-t-il dit. « Nous rejetons le chantage. Cela ouvre la voie à d’autres parties. L’objectif du retour au dialogue est de torpiller le gouvernement. Mais nous ne boycotterons pas la table de dialogue si elle se tient. Par ailleurs, le maintien du cabinet n’est pas lié à la tenue ou non de ces réunions. Et si ces réunions ne se tiennent pas, ce n’est pas notre faute », a-t-il précisé.
« Allons en Iran... »
« Le régime et l’État sont-ils prêts à la décision d’équiper l’armée par le biais de l’Iran, qui est disposée à le faire ? Nous avons un régime qui a peur des Américains », a-t-il affirmé, évoquant un message de Jeffrey Feltman interdisant au Liban de coordonner avec l’Iran. « Si la résistance remet ses armes à l’armée, où est-ce que l’armée entreposera ces armes et ces missiles ? Israël les détruirait en deux heures. Une armée régulière n’a pas la capacité de résister face à l’aviation israélienne. Ceux qui parlent de remettre les armes de la résistance à l’armée sont en train de perdre la résistance et l’armée. L’objectif de cette demande n’est pas d’armer le Liban mais d’en finir avec les armes de la résistance. Si vous voulez vraiment armer l’armée, allons en Iran pour le faire. Quant à ceux qui souhaitent remettre les armes de la résistance à l’armée, ils souhaitent en réalité arracher les armes au Hezbollah », a souligné Hassan Nasrallah.
Le chef du Hezbollah a ensuite estimé que « ce qui protège le Liban aujourd’hui, c’est l’équilibre de la terreur avec Israël ». « À partir du moment où les armes du Hezbollah sont sous le contrôle de l’État, elles perdront leur force de dissuasion », a estimé Nasrallah. « Cet État n’est même pas capable de régler la question des journaliers d’EDL ou d’obtenir la levée d’un sit-in. C’est un État confessionnel incapable de prendre une décision à ce niveau. Nous ne pourrons plus rien faire si les armes sont sous son contrôle. Les Américains sont au téléphone : ils pourraient alors imposer aux responsables libanais de ne pas riposter à une attaque israélienne en menaçant notre système bancaire », a-t-il assuré.
Hassan Nasrallah a estimé que la stratégie la plus convenable pour le moment c’est une armée et une résistance fortes en harmonie entre elles. Il a enfin prôné la discussion d’une « stratégie de libération » parallèle à la stratégie de défense. « Il y a des territoires qui sont toujours occupés et qui devraient être libérés », a-t-il rappelé. « Si l’État refuse d’établir une stratégie de libération, il relèverait alors du droit des Sudistes et de tout Libanais de considérer qu’il y a une terre à libérer et nous ferons alors le nécessaire, a-t-il poursuivi, mais ceci est une autre question que nous discuterons en temps voulu. » « Mais il ne veulent pas discuter de stratégie de libération, parce que cela revient à consolider la résistance. Ils veulent parler de stratégie de défense parce que cela, pense-t-il, annihile la résistance », a-t-il conclu.
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Si un jour le Liban est divisé, ce sera bien à cause de cette milice illégale, armée illégalement, qui fait planer ses menaces sur tous ceux qui n'adhèrent pas à la folie de Dieu. Ces soi-disant Libanais n'ont qu'un but, celui de se protéger eux-mêmes et préserver leur manne providentielle, l'Iran.
Robert Malek
06 h 10, le 02 août 2012