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À La Une - Syrie

Le système de l'ONU est "dépassé", estime le chef du CNS, après un nouveau veto russo-chinois

Pour Washington, le veto sonne le glas de la mission de Kofi Annan en Syrie.

Russes et Chinois sont opposés à des sanctions contre le régime syrien. Don Emmert/AFP

La Russie et la Chine ont opposé leur veto jeudi au Conseil de sécurité de l'ONU à une résolution occidentale menaçant le régime syrien de sanctions.

 

Il s'agit du troisième double veto russo-chinois aux tentatives de l'ONU pour faire pression sur Damas depuis le début du conflit en Syrie il y a 16 mois. Les deux premiers datent d'octobre 2011 et de février 2012.

 

Sur 15 pays membres, la résolution a recueilli 11 voix pour, 2 contre et 2 abstentions.

 

La Maison Blanche a qualifié d'"extrêmement regrettable" le veto, estimant qu'il sonnait le glas de la mission dirigée par l'émissaire Kofi Annan dans ce pays.

 

Il s'agit d'une "décision extrêmement regrettable qui aura, à mon avis, des répercussions à long terme pour les pays qui ont opposé leur veto à la résolution, sur la façon dont ils sont considérés par les Syriens", a affirmé le porte-parole du président Barack Obama, Jay Carney.

 

Pour lui, "il ne fait aucun doute que l'avenir de la Syrie se fera sans Bachar el-Assad. Ses jours au pouvoir sont comptés. Soutenir ce régime au moment où il touche à sa fin représente une erreur".

 

Auparavant, l'ambassadrice américaine à l'ONU Susan Rice a affirmé que les Etats-Unis allaient "intensifier les efforts avec différents partenaires hors du Conseil de sécurité pour faire pression sur le régime Assad et fournir de l'aide à ceux qui en ont besoin".

 

Kofi Annan a été déçu "de constater qu'à ce moment crucial le Conseil de sécurité n'a pas pu s'unir et agir de manière ferme et concertée comme il l'avait instamment demandé et espéré", selon son porte-parole Ahmed Fawzi. Le chef de l'ONU Ban Ki-moon a deploré le blocage au Conseil de sécurité.

 

"Le Royaume-Uni est consterné par le veto de la Russie et de la Chine", a déclaré de son côté l'ambassadeur britannique Mark Lyall Grant, accusant les deux pays de "mettre leurs intérêts nationaux avant la vie de millions de Syriens".

 

Son collègue français, Gérard Araud, a souligné que "refuser à Kofi Annan les outils de pression qu'il demande, c'est mettre en péril sa mission de médiation elle-même". Ce blocage "vise à laisser du temps au régime syrien pour écraser" l'opposition, a-t-il dit.

 

L'ambassadeur russe, Vitali Tchourkine, a pour sa part estimé que la résolution visait à "ouvrir la voie à la pression de sanctions et ensuite à une implication militaire de l'extérieur dans les affaires intérieures de la Syrie".

 

Pour le nouveau chef du Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition syrienne à l'étranger, Abdel Basset Sayda, le veto russo-chinois au Conseil de sécurité de l'ONU pourrait avoir "des conséquences catastrophiques" pour son pays. Il a également estimé que le système de l'ONU était "dépassé".

 

"Nous ne pouvons pas permettre qu'un régime illégal massacre son propre peuple. Nous devons briser ce cercle vicieux et demander aux Amis de la Syrie, un groupe qui comprend une centaine de pays et jouit d'une légitimité internationale, d'avancer et de parler au régime avec une seule voix", a-t-il ajouté.

 

"La Russie livre des armes lourdes au régime syrien et elle continue à lui offrir une couverture politique à travers le Conseil de sécurité", a estimé le leader du CNS. "On ne peut pas continuer comme ça parce que les événements vont tomber dans une spirale qui échappera à tout contrôle et sera catastrophique aussi bien pour la Syrie que pour la région dans son ensemble", a estimé M. Sayda. Il a néanmoins estimé que le régime syrien "vit ses derniers jours".

 

L'Afrique du Sud a qualifié la résolution de "déséquilibrée".

 

Ce nouveau blocage à l'ONU intervient alors que les combats font rage dans la capitale syrienne entre les forces régulières et l'opposition armée, après la mort de trois hauts responsables du régime dans un attentat mercredi.

 

Le projet de résolution occidental, déposé par la France, les Etats-Unis, l'Allemagne, le Portugal et le Royaume-Uni, brandissait la menace de sanctions économiques contre Damas si les forces syriennes ne cessaient pas d'utiliser leurs armes lourdes contre l'opposition dans les dix jours.

 

Il prolongeait aussi pour 45 jours la mission des 300 observateurs de l'ONU en Syrie (Misnus), déployés depuis mi-avril mais qui ont suspendu leurs activités en juin en raison de la poursuite des combats. Le Conseil doit encore prendre une décision sur le sort de la Misnus avant vendredi soir, date à laquelle expire le mandat de 90 jours de la mission.

 

L'Union européenne se prépare à renforcer ses sanctions à l'encontre de la Syrie et son embargo sur les armes en autorisant les inspections de navires et avions soupçonnés de le violer, a-t-on appris, par ailleurs, jeudi de sources diplomatiques.

 

Les discussions se poursuivaient à Bruxelles pour placer au moins 26 nouvelles personnes soupçonnées de se livrer à la répression de la révolte en Syrie, et deux à trois administrations ou sociétés supplémentaires sur les listes des gels d'avoirs et des interdictions de visa, en vue d'une adoption lundi par les ministres des Affaires étrangères, ont précisé ces sources.

 

Lundi, l'Union européenne devrait "très probablement" décider le principe des inspections de navires ou avions soupçonnés de transporter des armes ou du matériel pouvant servir à la répression.

Quand un Etat membre de l'UE aura de bonnes raisons de soupçonner qu'un navire passant dans ses eaux territoriales est susceptible de transporter une telle cargaison à destination de la Syrie, il aura l'obligation de procéder à une inspection. Ce principe sera également valable pour les transports de fret aérien, a précisé une source diplomatique.

L'embargo sur les armes à l'encontre de la Syrie avait été décrété en mai 2011 par l'Union européenne.

 

A ce jour, 49 sociétés ou administrations et 129 personnes figurent sur les listes des gels d'avoirs et des interdictions de visa de l'Union européenne du fait de leur soutien ou de leur participation à la répression de la révolte syrienne.

Parmi elles figure le général Assef Chawkat, beau-frère du président Bachar el-Assad, tué mercredi dans un attentat à Damas. Mais son nom restera encore un certain temps sur la liste des personnes sanctionnées par l'UE, le temps de clarifier le sort de ses éventuels avoirs gelés dans l'UE, a précisé une source diplomatique.

La Russie et la Chine ont opposé leur veto jeudi au Conseil de sécurité de l'ONU à une résolution occidentale menaçant le régime syrien de sanctions.
 
Il s'agit du troisième double veto russo-chinois aux tentatives de l'ONU pour faire pression sur Damas depuis le début du conflit en Syrie il y a 16 mois. Les deux premiers datent d'octobre 2011 et de février 2012.
 
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