Le vote au Conseil de sécurité reporté à aujourd’hui

Le vote qui était prévu hier soir à l’ONU sur une résolution occidentale menaçant le régime syrien de sanctions a été reporté à ce matin à la demande de Kofi Annan qui espère encore un compromis avec Moscou, ont indiqué des diplomates. M. Annan « croit qu’il est possible de parvenir à un compromis avec la Russie sur une résolution » et les Occidentaux « ne peuvent pas lui refuser un petit délai », a expliqué un diplomate occidental. Ceci dit, des rumeurs ont assuré, à plusieurs reprises, que c’est la Russie elle-même qui a demandé ce report et qu’elle en a chargé l’émissaire onusien. Selon l’ambassadeur chinois Li Baodong, les négociations vont se poursuivre avec pour objectif « un accord sur un document consensuel » – notons à ce sujet que Ban Ki-moon a personnellement demandé au président chinois de l’aider à faire en sorte que le Conseil de sécurité s’unisse. L’ambassadeur français à l’ONU, Gérard Araud, a cependant affirmé que le cadre des négociations devait être « une résolution sous le chapitre VII avec une menace de sanctions ». « Dans ce cadre nous sommes prêts à négocier », a-t-il dit, espérant une évolution de la position des Russes, qui ont dit clairement qu’ils opposeraient leur veto au texte occidental. L’ambassadrice américaine Susan Rice a affirmé ne rien attendre de nouveau de la part de Moscou. « Nous avons eu une discussion utile mais que je ne qualifierai pas de négociation », a-t-elle déclaré.
Face aux violences dans la capitale, Occidentaux et Russes en ont tiré publiquement des conclusions diamétralement opposées. Pour Sergueï Lavrov, « dans ce contexte, l’adoption de la résolution (occidentale) serait un soutien direct à un mouvement révolutionnaire. S’il est question d’une révolution, l’ONU n’a aucun rapport avec ça ». Kofi Annan a quant à lui « exhorté les membres du Conseil de sécurité à s’unir et à agir de façon concertée et forte pour arrêter le bain de sang en Syrie et pour donner l’impulsion à une transition politique », selon un communiqué du porte-parole de M. Annan. M. Annan a également indiqué que « les violences commises aujourd’hui soulignent l’urgence d’une action décisive du Conseil » de sécurité de l’ONU. La chancelière allemande Angela Merkel ainsi que la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton ont de leur côté demandé une action « concertée » du Conseil de sécurité, soulignant l’urgence d’une résolution.

Erdogan-Poutine
Par ailleurs, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan était à Moscou pour des entretiens avec Vladimir Poutine sur la crise syrienne. MM. Poutine et Erdogan n’ont donné qu’une brève conférence de presse à l’issue de leurs discussions, se bornant à répéter leurs positions respectives. Le régime syrien « tue sans pitié ses citoyens », a ainsi déclaré M. Erdogan, soulignant la responsabilité du Conseil de sécurité de l’ONU et de « ses membres permanents ». Dans une réponse très succincte, M. Poutine a déclaré de son côté que la Russie se félicitait « du soutien turc aux décisions de Genève ».