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Culture - Festivals

Gestuelle à l’écoute de l’humain avec Guillem et Maliphant

Fluidité, grâce, harmonie, équilibre et énergie vitale pour une expression gestuelle à l’écoute de l’humain. Sur les planches de Beiteddine, le danseur chorégraphe anglais d’origine canadienne Russel Maliphant et la prima donna Sylvie Guillem, auréolés de prix et universellement acclamés, ont offert un moment de danse contemporaine, exceptionnel de beauté et de lumière.

Légèreté, souplesse, talent et inventivité. Press photo

Sur une scène absolument nue, par-delà l’odeur de mazout qui se dégage d’un groupe électrogène, la fée électricité étant absente, Sylvie Guillem, seule comme une Colombine sous un spot de lumière, toute de blanc vêtue, crinière rousse au vent, lève la jambe comme on tire à la mitraillette.
Pour un solo volcanique, elle revisite une partition flamenco à coups de hanches et de pieds qui touchent les étoiles et balayent en toute fureur et féria l’air et la poussière du temps... Sidérant et presque bref moment, telle une apparition magique que suit la présence tout en savantes ombres chinoises de Russel Maliphant, adepte du taïchi et du yoga.
Pavane en gestes concis, entre rituel religieux et signes martiaux, pour un combat ou un exercice invisible et solitaire qui n’exclut toutefois ni l’altérité ni la dualité.
Retour en noir de Sylvie Guillem, toujours en pas solitaire, en insectes mystérieux dont le torse courbé vers le sol dégage des bras tentaculaires d’une araignée vorace qui se dresse progressivement pour avoir des bras qui tournent en une saisissante célérité telle une roue aux dents meurtrières.
Petit entracte et agitation d’un public encore médusé par le spectacle, tandis que les techniciens nettoient vigoureusement une scène assaillie par l’humidité nocturne de la montagne.
Les lumières, ces compagnons indéfectibles, précieux et si présents pour sculpter les corps et souligner les mouvements, éclairent de nouveau la scène tandis qu’émerge, telle une sculpture mobile, dans un équilibre solaire, le couple Guillem et Maliphant.
Pour Push (Poussée), créé en 2005 et qui semble couronner les trois solos en apéritif, les deux danseurs, dans une adroite remontée en surface de tout ce qui étouffe ou noie, écrase ou fait voler, s’affrontent et fusionnent. Elle en tunique spartiate avec genouillères, lui en habit de lutte, et voilà que s’enclenche un corps-à-corps à la fois tendre et violent.
Dans un minimalisme condensé de fluidité, d’élasticité, de légèreté, de souplesse, de vigueur et de force faite de talent et d’inventivité, pour ces amants unis ou désunis, la scène est l’arène pour un combat à fleurets mouchetés. Combat entre torsions, contrepoints et contre-pointes, pieds posés du bout des doigts sur le sol, bras tendus comme des lanières qui lacèrent ou caressent...
Élégance extrême d’une danse éthérée, déliée, précise, d’une décapante et tranchante modernité. Une danse qui a aussi d’admirables alliés : des partitions musicales intenses et vibrantes signées Andy Cowton et des effets de lumière renversants de présence qu’un maître, tel Michael Hulls, rend au niveau de l’indispensable.
Il est permis de rapprocher ces moments de danse de l’univers sculptural. Car si Russel Maliphant a dédié l’une de ses chorégraphies à l’univers d’Auguste Rodin, il n’est guère exclu de voir à Beiteddine, dans ces images d’une radieuse beauté, le flirt d’un pas de deux certes aérien, mais qui se frotte volontiers aux courbes de la pierre et du bronze...
Sur une scène absolument nue, par-delà l’odeur de mazout qui se dégage d’un groupe électrogène, la fée électricité étant absente, Sylvie Guillem, seule comme une Colombine sous un spot de lumière, toute de blanc vêtue, crinière rousse au vent, lève la jambe comme on tire à la mitraillette.Pour un solo volcanique, elle revisite une partition flamenco à coups de...

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