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À La Une - Sécurité

Affaire Abdelwahed : les protestataires isolent le Akkar du reste du Liban

La tension est remontée d’un cran au Akkar hier après la libération jeudi de trois officiers et huit soldats de l’armée libanaise arrêtés pour les besoins de l’enquête dans l’affaire de la mort par balles des cheikhs Ahmad Abdelwahed et Mohammad Houssam Merheb.

L’un des axes routiers du Akkar bloqué par les remblais. Photo Michel Hallak

Réagissant à la décision de justice qui a permis la relaxation, jeudi, de plusieurs membres de l’armée qui se trouvaient au barrage le jour de la mort des deux cheikhs sunnites du Akkar, les protestataires ont coupé hier l’axe Abdeh-Tripoli, isolant ainsi le Akkar du reste du territoire libanais. Jeudi soir, ils avaient déjà bloqué les axes Bireh-Halba et Bireh-Kobeyyate. « Des dizaines de jeunes ont placé des sacs de sable et brûlé des pneus sur la route principale reliant les villages de la région du Akkar à Tripoli », confirme une source de sécurité. « Les villages du Akkar ont été coupés totalement de Tripoli et de la région côtière », a-t-elle précisé.
Jeudi dans la soirée, les informations contradictoires se bousculaient sur fond de réunion impromptue à Tripoli. Selon la chaîne OTV, des éléments armés auraient dressé des barrages dans la région, fouillant les voitures qui passaient. Le secteur était en même temps survolé par des hélicoptères de l’armée.
L’enquête dans l’affaire de la mort, le 20 mai dernier, des deux cheikhs à un barrage de l’armée, à Koueikhate au Akkar, se déroulait sous la supervision du commissaire du gouvernement près le tribunal militaire, Sakr Sakr.
L’incident avait provoqué de vives tensions et des affrontements au Liban-Nord et à Beyrouth, où deux personnes ont été tuées.
Commentant la libération des officiers et soldats, le député du bloc du Futur Khaled Daher a appelé, lors d’une conférence de presse, vendredi, à la justice et la transparence dans cette affaire, « une cause nationale qui concerne, selon lui, la dignité du pays ». S’adressant au Premier ministre Nagib Mikati, M. Daher a ajouté que ce dossier devrait être discuté en Conseil des ministres : « Vous devez prendre une position qui protège la justice et le peuple. »
Le député a exprimé ses doutes quant à la manière dont les deux dignitaires sunnites sont morts, laissant croire à un complot et à un assassinat prémédité. Selon lui, cet assassinat qui « vise la nation entière » est de la même ampleur que l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, et les autres assassinats politiques qui ont visé des ministres et des députés, a-t-il dit en ajoutant à la liste les tentatives d’assassinats qui ont récemment visé le chef des FL, Samir Geagea, et le député Boutros Harb. Autant d’actes qui ont tous pour objectif la déstabilisation du Liban, en visant sa liberté et sa dignité, a-t-il insisté. Sur un ton on ne peut plus ferme, le député a mis en garde contre toute tentative d’atermoiement à ce niveau. « Nous avons dès le début prévenu que le tribunal militaire n’était pas l’institution adéquate pour connaître de l’affaire. On ne peut être juge et partie dans une même affaire », a-t-il rappelé.
Le frère de cheikh Abdelwahed a lui aussi haussé le ton en « fixant un délai », jusqu’à lundi, pour que l’affaire du meurtre de son frère soit transférée à la Cour de justice. Sinon, l’escalade est à prévoir dès le début de la semaine prochaine, ont affirmé les protestataires dans un reportage retransmis à la LBC.
Lors de la prière du vendredi dont s’est chargé, à Bireh, l’une des figures salafistes du nord, cheikh Raëd Hlayhel, ce dernier a insisté sur la « nécessité que la justice prenne son cours », et prévenu que cette affaire « ne doit pas être escamotée ». « La Ligue des ulémas suivra ce dossier jusqu’au bout », a-t-il dit, annonçant le rassemblement, dimanche prochain, des ulémas dans le village de Bireh, pour faire le point sur l’affaire.
Le Premier ministre a pour sa part appelé à la réouverture des routes et exhorté les habitants de la région au calme. Nagib Mikati a pris contact avec le ministre de la Justice, Chakib Cortbawi, afin de voir quelles sont les possibilités de déférer le dossier devant la Cour de justice, pour pouvoir notamment l’évoquer en Conseil des ministres qu’il a convoqué lundi prochain au palais de Baabda.
En début de soirée, quelques axes routiers ont été réouverts partiellement à la circulation. C’était le cas notamment de la route de Abdeh-Halba, et celle de Mhammara. En contact avec les activistes tout au long de la journée, le député Khaled Daher tentait de les convaincre de débloquer les routes tout en poursuivant leur mouvement de protestation de manière pacifique. La fermeture des routes a provoqué des embouteillages monstres et contraint plusieurs habitants de la région à emprunter des routes secondaires et des chemins détournés pour regagner leurs domiciles.
Réagissant à la décision de justice qui a permis la relaxation, jeudi, de plusieurs membres de l’armée qui se trouvaient au barrage le jour de la mort des deux cheikhs sunnites du Akkar, les protestataires ont coupé hier l’axe Abdeh-Tripoli, isolant ainsi le Akkar du reste du territoire libanais. Jeudi soir, ils avaient déjà bloqué les axes Bireh-Halba et Bireh-Kobeyyate....

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