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À La Une - Patrimoine

Destruction des mausolées de Tombouctou : un "crime de guerre" passible de poursuites, menace la CPI

Les islamistes armés du groupe Ansar Dine, qui occupent le nord du Mali, suspendent les démolitions.

Des habitants en train de rénover les mausolées à Tomboctou en avril 2006. Photo Archives /

Les islamistes armés occupant le nord du Mali, ont suspendu dimanche après-midi les démolitions de mausolées de saints musulmans à Tombouctou.


Au total, sept des seize mausolées de cette ville mythique, généralement en terre crue, ont été détruits en deux jours: après les sanctuaires de Sidi Mahmoud (nord de la ville), Sidi Moctar (nord-est) et Alpha Moya (est) samedi, les hommes du groupe Ansar Dine ont démoli dimanche à coups de houes et burins quatre autres mausolées, dont celui de Cheikh el-Kébir, situés dans l'enceinte du cimetière de Djingareyber (sud), selon un témoin.


"Mon message à ceux qui sont impliqués dans cet acte criminel est clair: arrêtez la destruction de biens religieux maintenant. C'est un crime de guerre pour lequel mes services sont pleinement autorisés à enquêter", a déclaré la procureur de la CPI, Mme Fatou Bensouda, à l'AFP à Dakar où elle est en visite.
"Mes services suivent de très près les événements au Mali et n'hésiteront pas à prendre les mesures appropriées si les informations recueillies indiquent qu'un crime a été commis, quel qu'en soit l'auteur", a-t-elle ajouté. 

 

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a pour sa part considéré "totalement injustifiées" les destructions des mausolées, appelant à "sauvegarder l'héritage cultural" du pays, selon son porte-parole, Martin Nesirky.


Les mausolées, avec des tombes portant des stèles et autres insignes funéraires, sont d'importants sites de recueillement. Les saints sont considérés à Tombouctou comme des protecteurs, ils "représentent ceux que, dans la culture occidentale, on appelle saints patrons", selon un expert malien spécialiste de l'histoire de Tombouctou et originaire de la ville.


Les opérations de démolition sont menées par Ansar Dine (Défenseur de l'islam), un des groupes armés occupant et contrôlant depuis trois mois Kidal, Gao (nord-est) et Tombouctou (nord-ouest), les régions formant le nord du Mali.
Le porte-parole d'Ansar Dine à Tombouctou avait affirmé samedi à l'AFP que le groupe agissait ainsi "au nom de Dieu" et en représailles à la décision de l'Unesco, le 28 juin, d'inscrire Tombouctou sur la liste du patrimoine mondial en péril.
L'agence onusienne a estimé que la présence des islamistes mettait en danger cette ville mythique, surnommée "la cité des 333 saints" en référence aux personnages vénérés de son passé qui y gisent.

Lors des opérations de destruction dimanche, "quelqu'un d'Ansar Dine a dit que partout où il y a des mausolées, ils vont les démolir, même dans les mosquées", a indiqué un témoin. Un habitant de Tombouctou, ancien opérateur touristique, avait déjà affirmé à l'AFP avoir entendu des islamistes évoquer une éventuelle démolition de mosquées.


Tombouctou compte trois grandes mosquées: Djingareyber, Sankoré et Sidi Yahia, joyaux architecturaux témoignant de son apogée, toutes trois sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco. Des saints sont enterrés dans les mosquées de Djingareyber et Sidi Yahia, d'après l'expert malien.


Samedi, l'Unesco avait déploré les démolitions, qualifiées de "nouvelle tragique", et le gouvernement malien avait dénoncé "la furie destructrice assimilable à des crimes de guerre" du groupe islamiste armé Ansar Dine en menaçant les auteurs de ces actes de poursuites au Mali et à l'étranger.


Dimanche, la ministre malienne de la Culture, Mme Diallo Fadima Touré, présente à la réunion annuelle de l'Unesco à Saint-Petersbourg (Russie), a appelé les Nations unies "à prendre des mesures pour arrêter ces crimes contre l'héritage culturel" du Mali.

 

En visite en Algérie, le chef de la diplomatie malienne Sadio Lamine Sow a affirmé avoir "discuté franchement de toutes les questions" sur la crise au Mali avec ses interlocuteurs algériens, en parlant de convergence de vue.


Les islamistes armés ont profité de la confusion créée à Bamako par un coup d'Etat le 22 mars pour accélerer leur offensive déclenchée depuis mi-janvier dans le nord du Mali et prendre le contrôle de cette région entre fin mars et début avril.


La France, ex-puissance coloniale, a regretté une "destruction délibérée de mausolées de saints musulmans", en demandant la "fin de ces violences".


Le Maroc a réclamé "une intervention urgente" des Etats islamiques et de la communauté internationale pour protéger le riche patrimoine du Mali.

Les islamistes armés occupant le nord du Mali, ont suspendu dimanche après-midi les démolitions de mausolées de saints musulmans à Tombouctou.
Au total, sept des seize mausolées de cette ville mythique, généralement en terre crue, ont été détruits en deux jours: après les sanctuaires de Sidi Mahmoud (nord de la ville), Sidi Moctar (nord-est) et Alpha Moya (est) samedi, les...

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