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À La Une - Exposition

À la découverte de l’art contemporain uruguayen

« The Venue » des Souks de Beyrouth accueille, à l’occasion de la célébration de la fête nationale uruguayenne et jusqu’au 8 juillet, une belle sélection d’œuvres picturales de 12 artistes contemporains d’Uruguay.

À l’encre et aux crayons de couleurs sur papier, les jeux d’enfants de Nelson Romero (46x72cm). Photos Ibrahim Tawil

Dessins, peintures, sculptures, gravures, tapisseries ou encore photographies et art digital... Autant de propositions esthétiques déployant, sur les cimaises du «The Venue», les divers talents, mais aussi les préoccupations humanistes, introspectives ou même sociales des artistes de ce petit pays du continent sud-américain.
Un pays qui partage avec le Liban (plus ou moins) le même nombre d’habitants (3500000) ainsi qu’une certaine mixité des cultures (le peuple uruguayen étant majoritairement issu de descendants d’Européens en plus des natifs amérindiens et d’une importante communauté d’origine syro-libanaise). Et qui, comme le pays du Cèdre en d’autres temps, avait également été baptisé à une certaine époque «Suisse de la région»!
Organisé par l’ambassade d’Uruguay au Liban, en collaboration avec Solidere, cet accrochage offre donc une intéressante balade à travers le panorama de l’art contemporain uruguayen. Un aperçu excluant cependant, en raison de difficultés de transport, les sculptures et les installations conceptuelles.
Parmi les œuvres picturales présentées, beaucoup sont encore imprégnées du fameux «universalisme constructiviste», mouvement créé dans les années 40 par le célèbre peintre uruguayen Joaquín Torres García et propagé par les disciples de ce dernier, professeurs à l’atelier Torres-García de Montevideo.
C’est dans cette catégorie que se situent, par exemple, les «Spaces to Enjoy», série de techniques mixtes sur papier de Federico Brandt. Un peintre formé à l’atelier Torres-García et qui, au moyen de formes et lignes géométriques évoquant des plans architecturaux, rehaussées d’une harmonieuse palette chromatique, décode l’héritage du constructivisme.

Fascination et origines libanaises
Une pointe de rigueur constructiviste que l’on retrouve également dans le découpage des huiles sur toile de Miguel Nuñez Rauschert. Lequel intègre dans des surfaces de couleurs audacieuses des personnages à la sensualité théâtrale de manière à amener le spectateur à compléter par l’imaginaire ses scènes suggérées... Idem dans les compositions extrêmement construites de Carlos Grippo, qui mélange héritage classique et codes de la société consumériste pour peindre sa perception personnelle des êtres, des choses ou encore des situations. C’est ainsi que cet artiste, «fasciné depuis belle lurette par le Liban parce que mon père, orphelin, avait été élevé par une famille libanaise émigrée en Uruguay», confiait-t-il lors du vernissage, a donné sa vision personnelle de ce pays «héritier des cités phéniciennes», dans deux peintures tout simplement baptisées Lebanon, élaborées en 2010 et exposées ici. Des huiles sur toile mélangeant dans une sorte de scénographie assez théâtrale les symboles «de la douleur du passé et de l’appétit de vie», sentiments qu’il attribue aux Libanais.
À ce propos justement, parmi les tableaux exposés, certains portent des signatures à consonances libanaises. À commencer par les huiles mystico-surréalistes, aux lignes et surfaces malgré tout imprégnées d’un certain rationalisme de Bruno Sfeir, issu de la troisième génération d’une famille de Ajaltoun émigrée à Montevideo.
Mais aussi le triptyque spécialement dédié au Liban élaboré par José Trujillo Seade (Saadé) lors de la guerre de 2006 qui, par son abstraction sombre, se distingue de la série de lumineuses scènes de vie qu’il présente en parallèle.
Il est évidement impossible de détailler, ici, l’ensemble des œuvres et des styles exposés. Il faudrait néanmoins signaler la place donnée à l’humain dans la majorité des œuvres accrochées. Lesquelles sont globalement sous-tendues d’une réflexion profonde qui s’exprime de manière surréaliste parfois, réaliste souvent et rationnelle la plupart du temps.
Une forme d’intellectualisation et de sophistication qui distingue l’art contemporain uruguayen de celui – plus imprégné d’héritage primitif – des autres pays d’Amérique latine.
Tout comme il faudrait aussi signaler la qualité de cette exposition, dont plusieurs artistes bénéficient d’une renommée qui dépasse les frontières de leur terre natale. À l’instar de Rimer Cardillo, dont le travail de gravure sur photo, unique en son genre, a été choisi pour représenter l’Uruguay à la Biennale de Venise en 2001, ou encore de l’Italo-Uruguayen Julio Testoni qui, avec son art de la «métamorphose» digitale (technique de digitalisation et d’impression), a pris part au pavillon italien de la Biennale de Venise en 2011.
Des artistes et des œuvres à découvrir plus amplement sur place. Jusqu’au 8 juillet.

*Souks de Beyrouth. Entrée par la rue Patriarche Hoayek ou par le parking L2. Horaires d’ouverture : de lundi à dimanche, de 11h à 22h.
Dessins, peintures, sculptures, gravures, tapisseries ou encore photographies et art digital... Autant de propositions esthétiques déployant, sur les cimaises du «The Venue», les divers talents, mais aussi les préoccupations humanistes, introspectives ou même sociales des artistes de ce petit pays du continent sud-américain. Un pays qui partage avec le Liban (plus ou moins) le...

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