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Moyen Orient et Monde - Le point

La tactique du salami

Au pays où la « nokta » est reine, l’humour, involontaire sans doute, du général Mohammad el-Assar a échappé à nombre d’Égyptiens. Au nom de ses pairs du Conseil suprême des forces armées, il venait de s’engager à restituer au président de la République l’ensemble des prérogatives de la charge, « tout comme nous l’avions fait pour l’Assemblée du peuple ». Il n’a échappé à personne, petit détail qui a son importance, que le Parlement n’existe plus depuis qu’il a été jugé illégal par la Haute Cour constitutionnelle. Second détail, tout aussi minime : le chef de l’État ne dispose plus dans la pratique que de l’insigne honneur d’inaugurer les chrysanthèmes. Pour le reste, ce sont les militaires, après avoir rétabli la loi martiale, qui s’arrogent le droit de légiférer, de contrôler le budget, de choisir les cent membres de la commission chargée d’élaborer une nouvelle Constitution, de déclarer la guerre et même de définir les grandes lignes de la politique étrangère, notamment des liens avec les États-Unis, fournisseurs d’une aide à la défense évaluée à 1,3 milliard de dollars par an.
Place al-Tahrir, les jeunes exaltés avaient longtemps cru à l’avènement d’une ère nouvelle placée sous le triple signe de la démocratie, de la liberté et de la justice. Avec le reste de leurs concitoyens, ils se retrouvent aujourd’hui sans législatif, sans exécutif, sans Loi fondamentale mais avec deux candidats à la magistrature suprême, revendiquant chacun la victoire, et un groupe d’officiers supérieurs qui manifestement entendent se maintenir aux commandes, comme ils l’ont été sans discontinuer depuis 1952.
Aujourd’hui en Égypte, la situation rappelle, mutatis mutandi,celle de l’Algérie au lendemain des élections du 26 décembre 1991, remportées par le Front islamique du salut avec un total de 188 députés sur 231 et rapidement invalidées par l’armée qui, en outre, avait poussé à la démission le président Chadli Bendjedid. Bilan des dix années de guerre civile qui s’ensuivirent, les tristement célèbres « années de braise » : 60 000 morts – jusqu’à 150 000, selon certaines sources –, des milliers de disparus et des centaines de milliers de personnes déplacées ou forcées à prendre le chemin de l’exil. Certes, l’Égypte n’est pas l’Algérie mais qui pourrait tracer la ligne rouge à ne pas franchir quand un peuple s’estime privé des bienfaits de sa révolution ? Plus grave : lorsqu’il réalise, alors qu’il est trop tard peut-être, qu’à un moment donné, crucial pour son mouvement, la situation a commencé petit à petit à lui échapper jusqu’à être contrôlée par ses véritables marionnettistes ?
Rappelez-vous, la veille même de sa démission, Hosni Moubarak, bien qu’affaibli, continuait de s’accrocher à son fauteuil. Ce sont les militaires qui l’ont forcé à se retirer, tirant argument de son âge avancé et de l’absence d’une solution de rechange. Du coup, ils prenaient le contrôle de la situation, convaincus de pouvoir maintenir le cap mais sans le timonier. Ce qui se passe aujourd’hui n’est que la conséquence de ce coup de pouce donné au destin.
Habiles manœuvriers, les Frères musulmans l’ont été eux aussi, qui ne s’étaient pas joints au mouvement dès les premières heures mais n’avaient pas tardé à comprendre qu’il leur fallait prendre le train en marche s’ils veulent être aux premières loges, tout comme le sont leurs frères islamistes dans les autres pays du « printemps arabe », tant il est vrai que ces temps-ci, le pouvoir se trouve au fond des urnes. Sans doute qu’à moyen terme, leur aurait-il fallu compter avec les ultras du camp salafiste et suivre une ligne dure ou risquer d’être débordés. Ces calculs sont dépassés maintenant que le maréchal Tantaoui et ses compagnons du CSFA ont décidé de mettre le turbo, encouragés en cela par le double jeu d’une Amérique qui, officiellement, applaudit des deux mains à l’avènement de la démocratie alors qu’en réalité elle ne tient nullement à voir gouverner ces islamistes décidément infréquentables et faiseurs de vagues plutôt mal venues à l’approche de la présidentielle de novembre.
Maintenant qu’ils ont goûté aux premiers fruits (encore acides, il est vrai) de la victoire, les Ikhwane s’accrochent, décidés à ne pas céder, à tout le moins sur l’essentiel. Le problème, c’est qu’ils partagent avec les militaires la même appétence, la même intransigeance aussi. Ce qui arrivera quand les fleurets seront débarrassés de leur mouche, il est malaisé de le prévoir. Une chose est certaine, c’est que de l’issue de la confrontation dépend le devenir non seulement du plus grand pays de la région mais aussi celui d’autres États arabes où commencent à se lever les premiers vents de la révolte.
Au pays où la « nokta » est reine, l’humour, involontaire sans doute, du général Mohammad el-Assar a échappé à nombre d’Égyptiens. Au nom de ses pairs du Conseil suprême des forces armées, il venait de s’engager à restituer au président de la République l’ensemble des prérogatives de la charge, « tout comme nous l’avions fait pour l’Assemblée du peuple ». Il...
commentaires (4)

Cette Clique de "frèro-salafistes" Pseudo-révolutionnaires ne craint rien tant que de voir l’Egypte devenue Saine : en bon ordre de marche ! Ces magouilleurs de "charia" se donnent d'autant plus d'importance que la question de leur Survie politique passe à présent au second plan pour leurs "Maîtres Militaires". Ils montrent par leurs tergiversations Printanières qu'ils ne savent ni régner ni servir, ni vivre ni mourir, ni supporter la Démocratie ni la renverser, ni maintenir un Front Démocratique ni s'en débarrasser, ni collaborer avec les Sains ni rompre avec eux. Ils n’attendent comme à l’accoutumée la solution des contradictions de leurs "sublimations chariïstes" que du calendrier et de la marche des événements ; "galonnés" évidement ! Ils cessent de s'attribuer un pouvoir sur ces militaires contre-révolutionnaires, les obligeant ainsi à ce qu’ils leur fassent violence ainsi qu’aux Sains Egyptiens ; provoquant par là ces "Treillis Autoritaires" auxquels ils avaient, dans leur "propre" lutte contre ces Egyptiens Démocrates, abandonné les uns après les autres tous les attributs du Pouvoir. Jusqu’à ce qu'ils apparaissent tels qu’eux-mêmes, totalement "impuissantés" en réalité ! Lui permettant ainsi à cette Puissance Militaire d'élaborer sereinement son plan de campagne contre ce Pauvre Pays, de renforcer ses moyens d'attaques, de choisir ses armes et de fortifier ses positions contre lui…. à l’aise !

Antoine-Serge KARAMAOUN

08 h 44, le 21 juin 2012

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Commentaires (4)

  • Cette Clique de "frèro-salafistes" Pseudo-révolutionnaires ne craint rien tant que de voir l’Egypte devenue Saine : en bon ordre de marche ! Ces magouilleurs de "charia" se donnent d'autant plus d'importance que la question de leur Survie politique passe à présent au second plan pour leurs "Maîtres Militaires". Ils montrent par leurs tergiversations Printanières qu'ils ne savent ni régner ni servir, ni vivre ni mourir, ni supporter la Démocratie ni la renverser, ni maintenir un Front Démocratique ni s'en débarrasser, ni collaborer avec les Sains ni rompre avec eux. Ils n’attendent comme à l’accoutumée la solution des contradictions de leurs "sublimations chariïstes" que du calendrier et de la marche des événements ; "galonnés" évidement ! Ils cessent de s'attribuer un pouvoir sur ces militaires contre-révolutionnaires, les obligeant ainsi à ce qu’ils leur fassent violence ainsi qu’aux Sains Egyptiens ; provoquant par là ces "Treillis Autoritaires" auxquels ils avaient, dans leur "propre" lutte contre ces Egyptiens Démocrates, abandonné les uns après les autres tous les attributs du Pouvoir. Jusqu’à ce qu'ils apparaissent tels qu’eux-mêmes, totalement "impuissantés" en réalité ! Lui permettant ainsi à cette Puissance Militaire d'élaborer sereinement son plan de campagne contre ce Pauvre Pays, de renforcer ses moyens d'attaques, de choisir ses armes et de fortifier ses positions contre lui…. à l’aise !

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    08 h 44, le 21 juin 2012

  • Ce qui m'a plu dans cet article, c'est les faits racontes sans fioriture et surtout l'accent mis sur l'hypocrisie yanky dans son double language. Les revoltes arabes une fois la poussiere retombee offre aux observateurs que nous sommes l'image de "modulation de frequence", les forces etrangeres actionnants les "remote control" selon qu'on comply or not. Les Ikhwans ruses comme des singes ont progressivement remonte la filiere du jeu democratique, et les sentant vaincre, le pouvoir encore entre les mains de l'etranger sio/yanky change les "rules in due course". L'allusion a l'Algerie est pertinente, on aurait pu aussi parler du hamas palestinien, mais on constate que chaque fois que l'occident se sent en mal aise, ses sbires locaux donnent dans la mecanique du tour de vis. De toutes les revoltes arabe, l'egyptienne est la seule qui pourra nous dire si on joue le jeu ou pas. Les vainqueurs que sont les Ikhwans, y a pas de doute la dessus, seront ils laisses libres de gouverner selon la vox populi ? On est tente d'en douter, le chemin de la vertu resistante n'est pas pret d'etre accepter, parce qu'un certain etat raciste fait encore et toujours des siennes.

    Jaber Kamel

    05 h 28, le 21 juin 2012

  • Moubarak est évincé, la révolution égyptienne pratiquement réussie. "Rassemblement pour le triomphe" à la Place Tahrir. Et qui est à la tête de la célébration ? Cheikh Youssef el-Qardaoui, guide spirituel d'Al-Jazeera, emmené du Qatar et foulant de nouveau le sol égyptien après son exil. Même le héros de la révolution, le jeune Wael Ghonim, n'y a pas de place ! C'est un scandale. Aux Etats-Unis où elle est invitée pour un séminaire sur la révolution égyptienne, la journaliste militante Nawal el-Saadaoui dénonce "ce parachutage de Qardaoui et le danger de vol de la révolution". La suite des évènements lui donnent raison. Frères musulmans et salafistes "volent" la révolution aux jeunes dont on ne parle plus. Le Conseil supérieur des forces armées intervient. Il juge que c'est lui le détenteur du droit de voler cette révolution et non les Frères musulmans et les salafistes. Il semble que l'Egypte en soit là et c'est loin d'être brillant.

    Halim Abou Chacra

    04 h 20, le 21 juin 2012

  • Très Cher Monsieur Christian Merville : Démocratie... pardon... Dictature militaire ! Pourquoi pas ? Certains disent que la Dictature est le summum de la Démocratie. Chacun connaissant d'avance ses frontières. Dans des pays où les populations sont fanatiques, à grand nombres d'illétrés, sous développées, et anarchiques, la Dictature est bien sûr le SUMMUM de la Démocratie. Philosophez un peu ! et vous le comprendrez. Les printemps sont pour les jours ensoleillés, n'est-ce pas ? Bonne Journée.

    SAKR LEBNAN

    00 h 29, le 21 juin 2012

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