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À La Une - Polémique

Liban : Indignés par l’arrestation d’un collègue, les médecins observent une grève symbolique de 24 h

Arrêté le 9 juin, Moussa Abou Hamad a été libéré aujourd'hui.

Les médecins ont suspendu hier leur travail et observé un sit-in en signe de solidarité avec leur collègue, Moussa Abou Hamad, arrêté depuis le 9 juin. Photo Hassan Assal

Le corps médical a observé hier une grève générale de vingt-quatre heures, à l’exception des urgences, en guise de solidarité avec le Dr Moussa Abou Hamad, gynécologue, arrêté le 9 juin suite au décès de sa patiente, Rita Zogheib, alors enceinte de sept mois. Cette journée de grève, observée dans l'ensemble des régions libanaises, a été ponctuée d’un sit-in observé à 13 h au siège de l’ordre des médecins, à Téhouita – Furn el-Chebback.

 

Aujourd'hui, en début d'après midi, l'Agence nationale d'information (ANI, officielle) a indiqué que le gynécologue a été libéré.

 

Une libération qui fait donc suite au rassemblement, hier à partir de 11 h, de plusieurs centaines de praticiens en colère à la Maison du médecin. Des praticiens répondant à l’appel à la grève lancé trois jours plus tôt par le président de l’ordre, Charaf Abou Charaf.


« Le patient a droit aux soins... et le médecin au respect. » On pouvait lire ce même slogan sur plusieurs pancartes levées par les grévistes, qui avaient interdiction hier de s’adresser aux journalistes. Entre eux, ils discutaient avec véhémence des répercussions de l’arrestation « injustifiée » de leur collègue, « une première » dans l’histoire de la profession.


« Personne n’a jamais prétendu que le médecin était un dieu, a déclaré le président de la commission parlementaire de la Santé, Atef Majdalani. Le médecin est un être humain et à l’instar de tous les êtres humains, il est amené à commettre des fautes. Tout le monde doit comprendre que le médecin n’est pas un criminel. Personne n’a le droit de se conduire avec le médecin comme avec un criminel. »


« Nous réclamons la justice, mais nous demandons à être traités comme des êtres humains et en toute objectivité », a ajouté le Dr Majdalani, affirmant que « les médecins sont avec la justice et obéissent à la loi, mais ils ont une dignité à préserver ».


Même son de cloche chez le Dr Ziad Nassour, président de la Fédération des syndicats des professions libérales et président de l’ordre des pharmaciens. « Nous refusons que la société insulte le médecin, s'est-il insurgé. Il n’est pas acceptable que le médecin soit condamné par les médias avant les résultats de l’enquête judiciaire. Les procédures doivent être respectées et le médecin fautif sera sanctionné (...). Le corps médical est sacré, mais cela ne signifie pas pour autant qu’il n’est pas contrôlé et qu’il est à l’abri des sanctions judiciaires. »

Respect de la dignité humaine ?
Retenu par des engagements antérieurs, le ministre de la Santé, Ali Hassan Khalil, n’a pas pu se joindre aux médecins grévistes hier, mais il a adressé un message de solidarité au corps médical.
« Dans l’affaire du Dr Abou Hamad, il y a une violation flagrante de la loi et des droits de l’ordre des médecins, insiste le Dr Abou Charaf. Ni la loi 313/2001 ni l’anatomie-pathologique (anapathe) n’ont été respectées. Il s’agit d’une première qu’on ne peut pas minimiser, d’autant qu’elle porte atteinte à la liberté professionnelle du médecin et à sa dignité. »


Hier, le Dr Abou Charaf déplorait le maintien en état d’arrestation du Dr Moussa Abou Hamad, malgré les résultats de l’anapathe qui a conclu à une « embolie amniotique », soit « une complication imprévisible et fatale ».
« L’ordre des médecins est le seul organe scientifique habilité à étudier et à se prononcer scientifiquement sur les problèmes résultant d’un acte médical et de faire la différence entre une complication et une faute médicale et de prendre par conséquent les mesures adéquates, de demander des comptes ou de sanctionner, mais sans diffamation, avait insisté le Dr Abou Charaf. C’est ce qui arrive d’ailleurs dans 20 % des cas de plaintes que nous recevons. »
Le respect de la dignité humaine, un slogan qui prévalait au sit-in d’hier, n’a toutefois pas été respecté par les grévistes eux-mêmes, qui ont fortement hué le président de l’ordre des journalistes, Élias Aoun, qui a cherché à défendre les médias, l’obligeant même à interrompre son discours (voir encadré).

Chez Cortbaoui
Les médecins se sont par la suite dirigés au ministère de la Justice où une délégation présidée par le Dr Abou Charaf a été reçue par le ministre Chakib Cortbaoui. « Je suis optimiste, déclarait hier le Dr Abou Charaf à l’issue de l’entretien. Je suis confiant que l’affaire sera bientôt close dans le cadre de la justice et de la loi. »

Le corps médical a observé hier une grève générale de vingt-quatre heures, à l’exception des urgences, en guise de solidarité avec le Dr Moussa Abou Hamad, gynécologue, arrêté le 9 juin suite au décès de sa patiente, Rita Zogheib, alors enceinte de sept mois. Cette journée de grève, observée dans l'ensemble des régions libanaises, a été ponctuée d’un sit-in...

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