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Culture - Exposition

Simin Keramati, la vie « sur le fil du rasoir »...

La galerie Mark Hachem* présente un ensemble d’œuvres d’une artiste iranienne contemporaine, Simin Keramati, rassemblées sous l’intitulé « Edge of the Blade », ce qui se traduirait en français par l’expression « sur le fil du rasoir ».

Autoportrait photographique aux rasoirs.

Zéna ZALZAL

 

Un titre qui, au vu de l’exposition, s’impose naturellement tant la lame du rasoir domine le travail pluridisciplinaire de cette artiste iranienne. Une lame que Simin Keramati n’utilise pas pour érafler, taillader ou inciser ses œuvres, mais dont elle se sert, au contraire, comme d’un élément d’ajout... à double tranchant. À la fois motif ornemental et d’une angoissante expressivité !
Et pour cause, ces véritables lames que la jeune femme incorpore dans quasiment toutes ses œuvres sont l’illustration symbolique d’un état de peur constant, d’une menace diffuse qui planent sur sa vie, comme autant de couperets pouvant surgir de nulle part et à tout moment. Un sentiment d’appréhension permanent que Simin Keramati, née en 1970 à Téhéran, impute – officiellement? – aux révolutions et guerres avec l’Irak qui ont ponctué son enfance. Et l’ont traumatisé ad aeternam!
De vraies lames donc que l’artiste colle de biais sur les images photographiques ou picturales qu’elle a précédemment élaborées, de manière à leur donner une tridimensionnalité aussi incisive qu’éthérée. Ce n’est pas là le moindre des paradoxes de son travail, qui recèle également une dimension esthétique insoupçonnée.
Car il n’est pas évident de faire de ce vulgaire objet du quotidien le faire-valoir stylistique des portraits et autoportraits, photographiques et picturaux, que l’artiste compose dans une démarche artistico-thérapeutique. Un moyen d’exorciser cette anxiété dévastatrice en la projetant sur toiles. En images frontales. Dans des clichés agrandis ou des peintures à l’acrylique à la palette très néowarholienne, agrémentées de feuilles d’or, de paillettes, de pastilles et... de rangées de lames qui viennent souligner les lignes de force de la composition.
Parmi les pièces les plus «éloquentes» de la sélection: deux tableaux photographiques dans lesquels Simin Keramati se représente, de face et de profil, vomissant une foule de rasoirs!
Outre les photos et toiles, elle présente, également, dans le cadre de cette exposition, deux vidéos: l’une intitulée Insomnia et l’autre Corde à sauter. Deux manières d’exprimer, encore et toujours, mais en images mouvantes cette fois, ce «beau et dangereux sentiment de peur» qui l’habite. Et se reflète dans l’ensemble du travail tout en subtilité de cette artiste lauréate du Grand Prix de la Biennale internationale d’art asiatique de Dhaka, en 2004.
Une exposition intéressante à plus d’un titre. À découvrir jusqu’au 30 juin.

* Minet el-Hosn, rue Salloum, Imm. Capital Garden, rez-de-chaussée. Tél. 70-949029.

Zéna ZALZAL
 
Un titre qui, au vu de l’exposition, s’impose naturellement tant la lame du rasoir domine le travail pluridisciplinaire de cette artiste iranienne. Une lame que Simin Keramati n’utilise pas pour érafler, taillader ou inciser ses œuvres, mais dont elle se sert, au contraire, comme d’un élément d’ajout... à double tranchant. À la fois motif ornemental et d’une...

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