Les Occidentaux ont durci leur position à l'égard du régime du président Bachar el-Assad, les grands pays européens, les Etats-unis, le Canada et l'Australie annonçant l'expulsion des représentants diplomatiques syriens dans leur capitale en représailles au massacre de Houla qui a fait 108 tués dont 49 enfants.
Le nouveau président français, François Hollande, a annoncé l'expulsion de l'ambassadrice à Paris, Lamia Chakkour, et une réunion dans la capitale française début juillet du groupe des pays "amis de la Syrie". Cette décision a été notifiée mardi à l'ambassadrice déclarée persona non grata, ainsi qu'à "deux autres agents de l'ambassade", selon le Quai d'Orsay.
Le président français a estimé dans la soirée qu'une " intervention armée n'est pas exclue, à condition qu'elle se fasse dans le respect du droit international, c'est à dire après délibération du Conseil de sécurité des Nations unies", a déclaré M. Hollande, interrogé par la télévision publique France 2.
L'agence de presse allemande dpa a annoncé également la convocation de l'ambassadeur de Syrie en Allemagne où son expulsion, d'ici 72 heures, devait lui être signifiée.
Le chargé d'affaires syrien à Londres, déjà convoqué lundi par le Foreign Office, a lui aussi appris mardi l'annonce de son expulsion. La Syrie ne disposait plus d'ambassadeur en Grande Bretagne depuis plusieurs mois, le chargé d'affaires étant est son plus haut représentant au Royaume-Uni.
Rome, Madrid et Sofia ont signifié la même mesure au représentant diplomatique syrien.
En Belgique, l'ambassadeur syrien et deux de ses collaborateurs ont été déclarés "persona non grata" , mais il pourra rester sur le territoire belge faute d'unanimité des Européens.
Il n'y a pas d'expulsion concertée au niveau de l'Union européenne à ce stade, a indiqué un diplomate européen à Bruxelles. Mais selon un diplomate européen à Paris, la décision a fait l'objet d'une concertation au moins entre Paris, Berlin et Londres. La question est en outre à l'ordre du jour d'une réunion mardi après-midi des ambassadeurs des 27.
En fin d’après-midi, la porte-parole de la diplomatie américaine, Victoria Nuland, a annoncé dans un communiqué que les Etats-Unis ont décidé mardi d'expulser le chargé d'affaires syrien à Washington "en réponse" au massacre de Houla perpétré vendredi et samedi.
Zuheir Jabbour, le plus haut représentant syrien à Washington, a été informé mardi qu'il disposait de 72 heures pour quitter le pays, a précisé Mme Nuland. "Nous tenons le gouvernement syrien pour responsable" du massacre, a-t-elle dit.
"Cela va-t-il être un tournant dans la position des Russes? On l'espère", a-t-elle déclaré interrogée sur les conséquences pour Moscou du massacre de Houla commis vendredi en Syrie.
La Maison Blanche a toutefois estimé dans la soirée qu'une intervention militaire n'est pas la décision appropriée pour le moment car elle conduirait à davantage de chaos et de carnages.
Pour sa part, la Russie a demandé à l'ONU de mener une enquête "objective" et "impartiale" sur le massacre de Houla.
"A ce stade, il faut mener une enquête objective et impartiale sur tout ce qui s'est passé, sous les auspices des observateurs de la mission de l'ONU en Syrie", précise le communiqué publié après un entretien téléphonique du chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov avec l'émissaire de l'ONU en Syrie, Kofi Annan.
Le Canada a également expulsé des diplomates syriens en poste à Ottawa et l’Australie a expulsé le chargé d’affaire et un autre diplomate.
Le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, a salué l'annonce de ces expulsions et a appelé la communauté internationale à aller plus loin en adoptant au Conseil de sécurité "une résolution permettant le recours à la force nécessaire en vue d'empêcher les génocides et les meurtres commis par les milices du régime".
Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a réaffirmé au quotidien Le Monde que M. Assad "doit quitter le pouvoir", excluant toutefois dans l'immédiat toute livraison d'armes à l'opposition.
Un porte-parole du Haut commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme, Rupert Colville, a déclaré mardi que "moins de 20 des 108 assassinats peuvent être attribués à des tirs d'artillerie et de chars". "La plupart des autres victimes (...) ont été sommairement exécutées lors de deux incidents différents" qui ont été perpétrés selon des habitants par des "chabbiha", les miliciens pro-régime. "Il semble que des familles entières ont été tuées dans leurs maisons", a-t-il encore dit.
Dans le même sens, le secrétaire général adjoint de l'ONU chargé des opérations de maintien de la paix Hervé Ladsous a affirmé avoir de "forts soupçons" sur l'implication des "chabbiba" dans le massacre de Houla."Une partie" des 108 personnes tuées à Houla l'ont été par des éclats d'obus et, "parce qu'ils ont été tués par des armes lourdes, le gouvernement (syrien) est sans aucun doute responsable".
"Seul le gouvernement syrien a l'usage de blindés, de canons et de mortiers", a-t-il souligné au cours d'une conférence de presse.
Damas a de son côté nié l'implication de ses troupes. Une commission conjointe armée-justice, chargée par Damas d'enquêter, doit publier ses conclusions mercredi.
La majorité des pays occidentaux avaient fermé leur représentation dans la capitale syrienne au moment de la vague de répression et des bombardements de Homs, dans le centre de la Syrie.
Parallèlement, le médiateur international Kofi Annan, qui a rencontré mardi le président syrien Bachar al-Assad, lui a demandé des mesures "courageuses" pour mettre fin aux violences.
"J'ai besoin que le président (Assad) agisse maintenant, et que les autres parties fassent leur part du travail", a-t-il déclaré mardi soir lors d'une conférence de presse à Damas.
"Je l'ai appelé à prendre des mesures courageuses maintenant -- pas demain, maintenant -- pour créer les conditions nécessaires à la mise en oeuvre du plan" de sortie de crise, a-t-il ajouté.
"Cela signifie que le gouvernement et toutes les milices qu'il soutient pourraient cesser toutes les opérations militaires et faire preuve de la plus grande retenue possible", a-t-il ajouté.
Mais M. Assad a de nouveau rejeté sur l'opposition la responsabilité des violences, estimant selon la télévision syrienne que "le succès du plan dépend de la fin du terrorisme (...) et de l'arrêt de la contrebande d'armes".
Depuis le début de la révolte en mars 2011, le régime syrien, qui ne reconnaît pas l'ampleur de la contestation, assimile les opposants à des terroristes.
Dans ce contexte, la trêve instaurée théoriquement le 12 avril en vertu de ce plan semble de plus en plus caduque avec 19 nouveaux morts mardi dans la répression et de violents combats entre rebelles et soldats. Les violences ont notamment eu lieu dans les provinces de Homs (centre), Idleb (nord-ouest), Hama (centre), Alep (nord) et Raqa (nord-est), selon l'OSDH.
"L'armée syrienne est épuisée car elle a subi beaucoup de pertes ces derniers jours en raison de la recrudescence des combats, que ce soit à Rastane ou ailleurs", a estimé le président de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, en référence à la ville rebelle qui oppose une farouche résistance à l'armée.
En 14 mois, les violences ont fait plus de 13.000 morts, dont plus de 1.800 depuis le début de la trêve, selon l'OSDH.
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commentaires (18)
Il était temps C'est vrai que cette mesure aurait dû être adoptée voici plus d'un an. Les démocraties sont lentes à la détente . Les enjeux étant jugés et rejugés en fonction de vecteurs divers. Mais bon, c'est le bon chemin à prendre. Les assassins dirigeant ce pays appellé syrie doivent être punis pour leurs crimes; Que ce soit envers leur peuple qu'envers les Libanais qui furent torturés, kidnappés, bombardés des années durant que ce soit à Achrafieh, Zahlé, Ain mreyssé, Basta ou dahyé ( combats entre les palestiniens pro syriens SAIKA et Amal/Hezbollah les années 80 ). Les assassinats de Cheikh hassan khaled, riad taha, selim el laouzé (parlant des élections au syndicat des journalistes); Rendons hommage à ces victimes de la barbarie de HAFEZ EL ASSAD à cette époque. Son fils BACHAR le sanguinaire perpétuant la tradition familiale. Oui, c'est le bon chemin à prendre pour en finir de ce régime qui, à ce jour, garde et torture dans ses geoles Boutros Khawand ainsi que des innocents libanais toutes confessions confondues. Seuls les politiciens collabos trouveront à redire pour défendre cette vermine nauséabonde de la famille ASSAD et son BAAS puant. Mais ceux là.. ils seront jugés et punis. Patience..Comme dans le passé pour le ASSAD père: Nous chanterons avec joie " dans la jungle, terrible jungle, le roi (Lion = ASSAD) est mort ce soir"...
Jean-Pierre EL KHOURY
07 h 38, le 30 mai 2012