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À La Une - Répression

Syrie : le massacre de Houla devant le Conseil de sécurité de l'ONU

Le Hezbollah "condamne le massacre et dénonce ceux qui l'ont perpétré" et le Premier ministre libanais, Nagib Mikati, le qualifie de "crime contre l'humanité" ; Burhan Ghalioun appelle le peuple syrien au combat "par ses propres moyens".

Les observateurs de l'ONU en Syrie lors d'une mission d'observation à Damas le 26 mai 2012. Photo

Par ailleurs, le Conseil de sécurité des Nations unies est réuni dimanche soir pour s'entretenir de la situation en Syrie, après le massacre de Houla, a-t-on appris auprès de diplomates. La Russie avait auparavant fait savoir qu'elle bloquerait une déclaration du Conseil de sécurité sur le massacre tant que le général Robert Mood, chef de la mission d'observation de l'ONU en Syrie, ne se serait pas exprimé sur le sujet devant le Conseil.

 

Moscou a d’ailleurs affirmé en soirée que la responsabilité du gouvernement syrien dans le massacre de Houla reste à établir. "Nous devons établir si ce sont les autorités syriennes" qui sont responsables de ce massacre, a déclaré à la presse le représentant permanent adjoint russe à l'ONU, Igor Pankin. Il a affirmé que "la majorité" des victimes avaient été tuées par arme blanche ou "exécutées à bout portant", contredisant de précédentes informations sur des tirs d'artillerie.

 

S'exprimant devant le Conseil par vidéoconférence, le général norvégien Robert Mood, a précisé que 108 personnes au total avaient été tuées à Houla et 300 blessées, selon des diplomates. Les victimes ont été touchées par des "éclats d'obus" ou tuées "à bout portant", a indiqué le général Mood, toujours cité par des diplomates.

 

Par ailleurs, les autorités syriennes ont nié dimanche être responsables du massacre qui a provoqué un tollé international. "Nous réfutons totalement toute responsabilité gouvernementale dans ce massacre terroriste qui a visé les habitants", a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Jihad Makdissi, deux jours après un bombardement meurtrier attribué par l'opposition au régime.

 

Les autorités syriennes ont annoncé la création d'une commission d'enquête conjointe de l'armée et de la justice sur ces violences, les pires depuis l'entrée en vigueur théorique le 12 avril du cessez-le-feu prévu dans le cadre du plan Annan. La commission doit publier ses résultats dans trois jours.

 

Selon Damas, M. Annan doit effectuer lundi sa deuxième visite en Syrie en trois mois de mandat du médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe. Après sa première visite le 10 mars il avait obtenu un engagement du régime et des opposants à respecter un plan de paix prévoyant notamment un cessez-le-feu, un retrait des chars des villes, et l'ouverture d'un dialogue politique.

 

Ce plan a été sérieusement mis à mal par le massacre perpétré à Houla (centre) dans la nuit de vendredi à samedi.

Selon le New York Times, l'administration américaine compte s'allier à la Russie pour élaborer un plan de sortie de crise prévoyant le départ de Bachar el-Assad, mais le maintien de certains éléments du régime syrien, calqué sur la transition qui a mis fin à la présidence du Yéménite Ali Abdallah Saleh.

 


Le Hezbollah, principal allié libanais du président syrien, a pour sa part déclaré dimanche qu'il condamnait le massacre de Houla. Dans un communiqué, le Hezbollah "condamne fermement le massacre et dénonce ceux qui l'ont perpétré", sans désigner de coupable à la tuerie où plus de 100 civils ont trouvé la mort vendredi.

L'organisation chiite est dans une position délicate, entre son soutien à Bachar el-Assad, et sa crainte que le conflit syrien ne s'étende au Liban.

Le Premier ministre libanais, Nagib Mikati, a pour sa part qualifié le massacre de "crime contre l'humanité."

 

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'est dit "écoeuré" par les massacres en Syrie, accusant l'Iran et son allié le Hezbollah d'en être les complices.

 

Après l'Armée syrienne libre (ASL, rebelles), le chef démissionnaire du Conseil national syrien (CNS), Burhan Ghalioun, a appelé, au cours d'une conférence de presse à Istanbul, le peuple syrien au combat si la communauté internationale n'intervient pas.

"J'appelle le peuple syrien à mener la bataille de la libération et de la dignité en comptant sur ses propres forces, sur les rebelles déployés à travers le pays et sur les brigades de l'Armée syrienne libre" au cas où la communauté internationale n'assumerait pas ses responsabilités "en vertu du Chapitre VII" de la Charte de l'ONU, permettant notamment l'usage de la force.

 

Déjà samedi, l'ASL avait prévenu qu'elle ne respecterait plus le plan Annan, un mois et demi après l'entrée en vigueur de la trêve, constamment ignorée depuis. "A moins que le Conseil de sécurité de l'ONU ne prenne des décisions d'urgence pour protéger les civils, le plan Annan ira en enfer", a affirmé l'ASL.

 

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a appelé dimanche les parties en conflit en Syrie à épargner les civils dans leurs affrontements.

Dimanche encore, vingt-trois personnes dont quatorze civils ont trouvé la mort dans des violences à travers le pays, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

 

Des manifestations dénonçant le massacre de Houla ont eu lieu à Alep (nord), Idleb, Deraa (sud), Hama et dans les environs de Damas, selon l'OSDH.

 

Après le carnage à Houla, la communauté internationale s'est indignée sans pour autant prendre de mesure concrète, avivant la colère de la population face à l'incapacité des grandes puissances à mettre fin au bain de sang après plus de 14 mois de révolte, qui ont fait plus de 13.000 morts selon un nouveau bilan de l'OSDH.

 

Des habitants exaspérés ont pris à témoin des observateurs de l'ONU qui se sont rendus samedi à Houla, où des dizaines de corps ont été enterrés dans une fosse commune, selon des vidéos de militants.

"Il y avait des enfants de moins de 8 mois! Qu'est-ce qu'ils ont fait? Est-ce qu'ils portaient des roquettes RPG?", crie un homme à un observateur visiblement embarrassé.

"On nous tue et le monde reste les bras croisés, allez au diable avec votre plan" Annan, s'écrie un homme à Houla.

"Pourquoi les observateurs ne se sont-ils pas rendus sur place dès l'annonce de l'attaque? Si le monde ne réagit pas après le massacre de Houla, ça sera une catastrophe", soutient Rami Abdel Rahmane, président de l'OSDH.

Par ailleurs, le Conseil de sécurité des Nations unies est réuni dimanche soir pour s'entretenir de la situation en Syrie, après le massacre de Houla, a-t-on appris auprès de diplomates. La Russie avait auparavant fait savoir qu'elle bloquerait une déclaration du Conseil de sécurité sur le massacre tant que le général Robert Mood, chef de la mission d'observation de l'ONU en...

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