L'ASL dénonce "l'implication de certaines parties libanaises dans des actes hostiles aux Syriens au Liban

Un dignitaire sunnite syrien, le cheikh Ibrahim al-Zoabi, a annoncé jeudi qu'il menait une médiation pour obtenir la libération de treize pèlerins chiites libanais enlevés, mardi, en Syrie.
"Tous les otages sont sains et saufs. Nous tentons d'obtenir leur libération mais celle-ci est bloquée par les bombardements de l'armée syrienne dans la région", a-t-il dit à Reuters.

Le cheikh Zoabi a précisé que les preneurs d'otages, qui exigent de remettre leurs prisonniers aux seules autorités libanaises, allaient diffuser une vidéo ou un enregistrerment afin de prouver que ceux-ci se portent bien. 

"Les pèlerins libanais enlevés en Syrie sont vivants et en bonne santé", avait également affirmé mercredi dans la soirée le député membre du Hezbollah Ali Ammar, qui a précisé que des contacts étaient établis avec des responsables turcs ainsi qu’avec des rois et des émirs arabes. "Notre arme la plus puissante durant cette période est la patience et la vigilance", avait ajouté M. Ammar, qui a souligné que les ouvriers syriens au Liban ne devaient pas faire l’objet de représailles.

Les Libanais ont été enlevés à Alep alors qu'ils revenaient d’un pèlerinage en Iran et se dirigeaient vers le Liban. Les premières informations rapportées par certains médias avaient attribué cet enlèvement à l’Armée syrienne libre (ASL), des informations que cette dernière a catégoriquement démenties. 

Trente-six femmes chiites qui faisaient partie du convoi des pèlerins ont été libérées mardi soir et ont aussitôt regagné Beyrouth à bord d’un avion spécial. La plupart d'entre elles ont assuré à la presse que les hommes armés s'étaient identifiés comme "des membres de l'ASL".

"La direction (de l'ASL) mène des efforts pour retrouver les personnes enlevées et les libérer, a indiqué aujourd'hui un porte-parole de l'ASL, le colonel Qassem Saad Eddine, condamnant cet acte et affirmant de nouveau que les rebelles n'avaient aucun lien avec l'enlèvement des pèlerins libanais. 

Le porte-parole a par ailleurs dénoncé "l'implication de certaines parties libanaises dans des actes hostiles aux Syriens au Liban et à leur révolution", citant des "persécutions, meurtre et enlèvement de nombreux syriens". Il a averti que la direction de l'ASL "ne restera pas silencieuse face à ces atteintes" et appelé dans ce contexte les autorités libanaises à "assumer pleinement leur responsabilité pour protéger les réfugiés syriens" dans le pays.

L'opposition syrienne armée a été accusée d'avoir mené un autre enlèvement, celui de trois camionneurs iraniens kidnappés lundi en Syrie selon le chargé d'affaires iranien à Damas cité mercredi par les médias iraniens.

Aujourd'hui, le chef de la diplomatie Adnane Mansour a, lui aussi affirmé que les contacts se poursuivent pour résoudre cette affaire. "Le président du Parlement Nabih Berry suit ce dossier avec les autorités concernées, mais cela nécessite du temps", a-t-il déclaré à la Voix du Liban (93.3).

Dès l'annonce de l'enlèvement, mardi, MM Sleiman, Berry et Mikati, ainsi que Adnane Mansour et le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah ont entrepris une série de contacts urgents avec des responsables arabes et turcs pour la libération des Libanais.

M. Mansour a de nouveau accusé jeudi l'opposition syrienne d'être derrière le rapt des pèlerins chiites. "Le régime syrien ne mènerait pas une telle opération qui lui est nuisible", a ajouté le ministre.

L'ambassadrice américaine à Beyrouth, Maura Connelly, a condamné pour sa part l'enlèvement des pèlerins, appelant à leur libération immédiate. Mme Connelly a de nouveau mis en garde contre les répercussions de la crise syrienne sur la stabilité au Liban. Par ailleurs, l'ambassade des Etats-Unis à Beyrouth a de nouveau appelé via email ses ressortissants au Liban à la vigilance, leur demandant "d'éviter les régions en proie à des troubles".

La contagion des violences en Syrie au Liban est une "menace réelle" et pourrait "très mal se terminer", avait également mis en garde le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.

Depuis plusieurs jours, la crise syrienne déborde sur son voisin libanais, avec une série d'incidents meurtriers impliquant des adversaires et des sympathisants du régime du président Bachar el-Assad, selon des experts. Après une semaine de heurts, qui ont fait 12 morts, entre sunnites et alaouites à Tripoli, le dignitaire sunnite cheikh Ahmad Abdel Wahed, hostile au régime syrien, a été tué dimanche dernier par des tirs de l'armée à Halba, dans le nord du Liban. Après son meurtre, des affrontements ont éclaté à Beyrouth, entre le courant du Futur de Saad Hariri et le Parti du courant arabe de cheikh Chaker el-Berjaoui, faisant deux morts.

Bilan de la fusillade de Ras-Beyrouth : 2 morts et 6 blessés

Dernier épisode dans la saga des violences, une fusillade à Ras-Beyrouth, dans le triangle Hamra-Caracas-Raouché, a fait, dans la nuit de mercredi à jeudi, deux tués, dont un Syrien, et six blessés des forces de sécurité.

Dans un communiqué, l'armée a expliqué avoir été la cible de tirs et de grenades "d'hommes armés retranchés" dans un appartement du quartier. Les soldats ont alors lancé l'assaut contre l'appartement tuant un homme et blessant l'autre.  Selon le communiqué, le blessé "avait été détenu par le passé au Liban pour des raisons de sécurité". Le blessé et le gardien de l'immeuble ont été arrêtés.

En pénétrant dans l'appartement, l'armée a trouvé le corps d'un autre homme, tué lors d'une fusillade qui avait éclaté entre les hommes armés au départ, a précisé le communiqué militaire en ajoutant que des armes et des munitions ont été saisies.

Une fois n'est pas coutume ces derniers temps, l'incident aurait des motivations personnelles. Un responsable de la sécurité a précisé qu'une dispute entre l'un des deux hommes morts, qui est de nationalité syrienne, et une femme syrienne d'une vingtaine d'années était à l'origine de la fusillade. La femme a été aussi placée en détention.

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