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À La Une - Patrimoine

En Asie, les collectionneurs fortunés montent leurs musées privés

"La multiplication des musées privés dans la région reflète le dynamisme économique de l'Asie, par rapport aux pays occidentaux".

La Hong Kong International Art Fair. Philippe Lopez / 

De riches collectionneurs asiatiques mettent sur pied des musées privées ouverts à tous, comblant ainsi en partie la quasi-absence de grands musées nationaux d'art dans plusieurs pays d'Asie.

 

Parmi les acheteurs arpentant la Hong Kong International Art Fair se trouvent certainement les équivalents asiatiques des grands collectionneurs milliardaires américains du 19e siècle, de Henry Tate à John D. Rockfeller, estiment les organisateurs de la grande foire d'art contemporain en Asie qui a ouvert ses portes jeudi à Hong Kong.

 

Le baron du tabac en Indonésie, Oei Hong Djin, vient d'ouvrir le OHD Museum dans la ville de Magelang (centre de Java), qui fait office de galerie nationale d'art. Le riche homme d'affaires a fait le voyage jusqu'à la foire de Hong Kong, appelée Art HK.

 

"Nous n'avons pas de musée national et le gouvernement ne paraît pas prendre de mesures dans cette voie-là. Alors nous, les collectionneurs privés, nous endossons cette fonction", a-t-il déclaré à Hong Kong.

 

"En Indonésie, la plupart des musées privés sont financés par le secteur d'activité du propriétaire, qui n'a rien à voir avec le domaine artistique", ajoute-t-il.

 

Le OHD Museum expose quelque 1.500 œuvres d'art indonésien moderne ou contemporain, achetées pendant un demi-siècle par Oei Hong Djin, 74 ans.

 

Le magazine new-yorkais Art+Auction a récemment élu à la huitième place des collectionneurs les plus influents dans le monde le propriétaire d'une autre galerie privée indonésienne, Budi Tek.

 

La multiplication des musées privés dans la région reflète le dynamisme économique de l'Asie, par rapport aux pays occidentaux, souligne Philip Dodd, ancien directeur de l'Institut des arts contemporains à Londres.

 

"Pendant une certaine période, ces musées privés vont fonctionner comme des musées nationaux, à l'image du Met", déclare-t-il à l'AFP, faisant référence au Metropolitan Museum of Art in New York, né de la collection privée d'un magnat américain des chemins de fer.

 

"On a l'impression que la Chine passe du +Fabriqué en Chine+ au +Créé en Chine+", ajoute l'expert, membre conseiller auprès de Art HK.

 

Li Bing, propriétaire du He Jing Yuan Art Museum à Pékin, estime que les réformes économiques et sociales des trente dernières années ont libéré l'instinct de collectionneur des Chinois.

 

"L'amour de l'art et de la culture est quelque chose que nous partageons tous. Je veux partager ma passion et mon engagement avec tout le monde", déclare-t-il.

 

Wang Wei, qui s'apprête à ouvrir un musé à Shanghai en novembre, affirme qu'elle a commencé comme "femme au foyer" avec pour projet une collection d'art politique. "Je pensais que j'allais collectionner de manière systématique afin de refléter pleinement l'histoire de ce type d'art", indique-t-elle.

 

Lars Nittve, ancien directeur de la prestigieuse Tate Modern à Londres, observe "une croissance exponentielle" des musées privés en Asie, avec des centaines de lieux ayant ouvert leurs portes ces dernières années.

 

Une effervescence accompagnée d'une montée en puissance de Hong Kong dans le domaine de l'art: le grand centre traditionnel de la banque et de la finance en Chine est devenu en cinq ans la troisième place mondiale des enchères, derrière New York et Londres.

 

"Si vous revenez une centaine d'années en arrière, il y a eu ce boum culturel (aux Etats-Unis), avec une multiplication des musées, des salles de concert et autres. C'est survenu à un moment précis dans le développement économique" du pays, souligne Lars Nittve, qui développe un projet de musée d'art contemporain à Hong Kong, celui-ci financé par le gouvernement.

 

"Les moteurs de notre époque sont différents mais il faut de l'argent" pour que ces espaces culturels voient le jour, ajoute-t-il.

 

Certaines marchandises présentées sur la foire de Hong Kong portent le slogan : "l'argent crée le goût". Une affirmation qui ne remporte pas l'assentiment de M. Nittve. Beaucoup de ceux qui s'y connaissent ne sont pas forcément les plus riches, selon lui.

 

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