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À La Une - L'Orient Littéraire

Dis à Ibrahim Qachouch, dis au printemps…

Poème d’ici...

Photo L'Orient Littéraire. D.R.

Ali Jazo est né en 1973 à Amouda, petite ville kurde du nord de la Syrie. Il a étudié le droit à l’université de Damas. Il a publié deux recueils de poèmes : Le grand crépuscule, Damas, 2005, et Les passages du soleil, Damas, 2007. Il est également l’auteur de chansons et de pièces de théâtre inédites. Il publie régulièrement des articles et des poèmes dans la presse culturelle libanaise. Un extrait du poème qui suit a été publié dans Nawafez, le supplément littéraire du journal al-Mustaqbal. 
 
Dis à Ibrahim Qachouch, dis au printemps…
 
Dis à Ibrahim Qachouch, dis au printemps, nous allons acheter des moutons mon enfant.
Il pleut. L’attente a duré, mais il pleut maintenant.
Je vois mon œil se mouiller avec vingt oranges bien pleines,
serrées sur l’arbre de notre voisin aux cheveux blancs, au doux parler.
Ma mère me dit : il y aura un beau pâturage, au sud du pays.
Mes épaules sont deux rochers de larmes rafraîchissantes,
de brouillard, comme le délire envoûtant des soufis.
Nous allons acheter des moutons mon enfant.
Je hoche la tête en signe d’assentiment, je me cache et j’échoue, 
je suis transporté soudain par l’extase, je m’affole inutilement :
vous les chiens, mes anges libres et rares,
vous, chaussures étroites, pleines de la boue de Amouda, 
du paradis du mirage étouffé,
là-bas un ciel pleut, là où se sont rassemblées les vieilles chansons des loups
et les musées des putes au grand cœur,
là-bas, ma maison vide et robuste.
M’entends-tu, rue de la mairie, toi la contaminée ?
Et toi, café des rires voraces et gelés ?
M’entendez-vous, quartiers de Deirezzor ?
Toi, mère d’Ibrahim Qachouch !
* * *
Je veux mourir dans chaque maison de Syrie, chaque maison, 
à chaque froid coin de rue,
je veux tuer
et rester cinquante ans accroché à l’épée de la place des Omeyyades,
la pourrie,
peut-être quelqu’un m’achèvera-t-il là-bas.
* * *
(…)
Malgré tout… Parviendra-t-elle à nouveau
à de doux contacts, cette pauvre main ?
Elle soupire et gémit dans une tête d’herbe dense.
Où est ma bouche, ma mère ? Où sont mes livres dépravés ?
Seul l’échec me soutient, dans un pays où Dieu ne soutient personne.
(…)
 
 
 
*Traduit de l’arabe par Nathalie Bontemps
 
Retrouvez l'intégralité de L'Orient Littéraire en cliquant ici.

Ali Jazo est né en 1973 à Amouda, petite ville kurde du nord de la Syrie. Il a étudié le droit à l’université de Damas. Il a publié deux recueils de poèmes : Le grand crépuscule, Damas, 2005, et Les passages du soleil, Damas, 2007. Il est également l’auteur de chansons et de pièces de théâtre inédites. Il publie régulièrement des articles et des poèmes dans la...

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