Les milieux du 8 Mars font un parallèle entre la situation qui prévalait en 2005 et celle qui prévaudra en 2013. En 2005, le Premier ministre Rafic Hariri venait d’être assassiné, et les troupes syriennes s’étaient retirées du Liban dans la foulée de cet assassinat. Feltman était alors l’ambassadeur de son pays au Liban et il avait, ainsi que la secrétaire d’État Condoleezza Rice, insisté pour la tenue des élections législatives à la date prévue, c’est-à-dire en mai de la même année. De nombreuses voix s’étaient pourtant élevées à l’époque pour réclamer un report ne serait-ce que d’un mois pour permettre une meilleure préparation de ces élections (d’autant que le général Michel Aoun n’était rentré au Liban que le 7 mai, alors que le chef des Forces libanaises était encore détenu à Yarzé en attendant l’adoption de la loi sur l’amnistie). Mais les États-Unis avaient insisté sur la tenue des élections le plus rapidement possible pour que le 14 Mars puisse obtenir une large majorité parlementaire et procéder par la suite à l’élection d’un nouveau président de la République et à la formation d’un gouvernement dominé par la nouvelle majorité parlementaire. Certaines personnalités avaient toutefois proposé d’élire d’abord un nouveau président avant d’organiser les élections législatives, mais les États-Unis ne voulaient pas que le Parlement élu sous la tutelle syrienne puisse élire un nouveau président. Nagib Mikati avait donc formé son premier gouvernement, avec une seule mission : organiser les législatives. Dans ce contexte de confusion et de pression internationale, le Hezbollah et Amal avaient conclu le fameux accord quadripartite avec le courant du Futur et le parti de Walid Joumblatt qui avait permis au 14 Mars de remporter la majorité parlementaire et de former le premier gouvernement de Fouad Siniora avant de se retourner contre le duo chiite.
Selon les sources du 8 Mars, la priorité pour Feltman serait donc de tenir des élections législatives à la date prévue et selon la loi de 2009 pour permettre une nouvelle victoire au 14 Mars, tout en maintenant l’actuel gouvernement, puisque Mikati a montré qu’il respectait ses engagements et prenait en considération les souhaits de la communauté internationale. Feltman aurait aussi évoqué avec ses interlocuteurs la situation en Syrie assurant qu’elle devrait évoluer dans le sens favorable aux thèses du 14 Mars. D’où la nécessité pour ce mouvement de continuer à appuyer l’opposition syrienne. Voilà, en gros, les conclusions auxquelles ont abouti les milieux du 8 Mars pour évaluer les discussions du secrétaire d’État adjoint américain avec les personnalités du 14 Mars. Ils s’emploient désormais à mettre au point un plan contraire qui leur permettrait de remporter les prochaines élections. C’est dire combien l’enjeu est vital pour les deux camps et combien la campagne ouverte d’ores et déjà s’annonce féroce.
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