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Le discours d’adieu de Pietton : « Chaque Libanais détient une part de vérité sur le Liban... »

Denis Pietton recevant l’ambassadeur d’Iran Ghadanfar Rokon Abadi et le métropolite Élias Audi à l’entrée de la Résidence des Pins. Photo Hassan Assal

À l’occasion de la fin de sa mission au Liban, l’ambassadeur de France Denis Pietton a fait ses adieux au chef de la diplomatie Adnane Mansour, avant la réception de départ qui s’est tenue à la Résidence des Pins hier soir, où il a prononcé un émouvant discours. « Deux ans et demi, c’est trop court pour prendre toute la mesure d’un pays aussi divers et complexe que le Liban. Deux ans et demi, c’est aussi trop court pour parcourir tous les champs possibles d’une mission passionnante dans un pays unique et cher au cœur des Français », a-t-il d’abord déclaré.
« Mais deux ans et demi, c’est toutefois largement suffisant pour apprécier l’honneur qui m’a été fait de représenter mon pays avec passion, empathie et humilité auprès de tous les Libanais, quelles que soient leurs activités ou leurs appartenances partisanes ou confessionnelles », a poursuivi Denis Pietton, en tenant à remercier « mes collaborateurs qui m’ont appuyé avec enthousiasme dans cette tâche ». Il a évoqué d’ailleurs la bienveillance dont il a été entouré. « En tout lieu et à tout moment, j’ai trouvé des interlocuteurs – souvent des partenaires – attentifs et bienveillants. J’en ai tiré le sentiment que chaque Libanais détient une partie de la vérité sur le Liban et que chacun est ainsi le dépositaire – et donc le gardien – d’une parcelle de l’identité libanaise. »
Il s’est attardé ensuite sur ce qui fait la spécificité du Liban, « pays précieux et attachant ».
« Le Liban est un pays qui provoque nécessairement l’affection et la sympathie pour ce qu’il représente de promesses, celles qui ont été tenues comme celles qu’il reste encore à remplir », a-t-il déclaré. Et d’ajouter, dans un élan de foi en ce pays : « On se plaît souvent à évoquer les difficultés du Liban, et les Libanais ne sont pas en reste dans ce registre. Je veux ce soir rappeler les atouts de votre pays, qui sont nombreux : un climat de liberté politique et religieuse, une jeunesse éduquée et avide de réussite, une population entreprenante, persévérante et courageuse, une ouverture au monde exceptionnelle. Sur ces forces, les Libanais peuvent bâtir l’État fort, efficace et respecté auquel ils aspirent. Le Liban est une belle idée, celle du vivre-ensemble, qui mérite d’être parachevée par les Libanais, quels que soient les écueils, et d’être soutenue par tous ceux qui croient dans la démocratie, le respect des droits humains, la diversité et l’acceptation des différences. Les tragiques événements de Syrie montrent toute la valeur de l’exemple libanais. »
Denis Pietton a insisté ainsi sur l’importance du dialogue interne.
« Concrètement, cela signifie que le dialogue doit toujours être privilégié pour donner corps à une unité nationale qui ne peut que reposer sur la conscience que le sort de chacun est indissociablement lié au sort de l’autre dans le cadre d’une solidarité nationale vivante et innovante. Je forme le vœu que, pour cela, les Libanais regagnent confiance dans leurs institutions, que celles-ci soient les garantes de la solidarité nationale et de l’intérêt général, et que la mise en place d’un État civil devienne un horizon, une nouvelle frontière pour tous les Libanais », a-t-il déclaré.
La France, notamment son contingent de la Finul, œuvre pour l’indépendance du Liban. C’est ce qu’a démontré également Denis Pietton.
« Réaffirmer, comme nous le faisons toujours au risque de lasser, l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité du Liban ne relève pas du seul vocabulaire des chancelleries diplomatiques. Défendre ces principes, comme le fait, par exemple, la Finul au service de la paix et de la stabilité régionale, c’est, pour les amis du Liban, s’acquitter d’une obligation morale et de justice. C’est aussi, le cas échéant, accepter d’en payer le prix, fût-il élevé. »
Il a conclu avec une authentique ardeur :
« J’aime le Liban, et les Libanais me l’ont rendu au centuple en me témoignant leur affection. J’ai écrit dans une tribune récente dans L’Orient Littéraire que je quittais le Liban “un peu libanais”. Ce ne sont pas de vains mots. Je vous remercie, chers amis du Liban, de ce que vous m’avez appris : la chaleur humaine, le sens de la famille, la joie de vivre et bien d’autres choses encore. J’arrête là car, sinon, je vais finir par parler de la gastronomie libanaise ou de la dabké... »

Beit el-Wassat
La veille, un dîner avait été organisé en l’honneur de Denis Pietton à Beit el-Wassat à l’initiative de l’ancien Premier ministre Saad Hariri et en présence du chef du bloc du Futur, le député Fouad Siniora, du vice-président de la Chambre des députés Farid Makari et du député Marwan Hamadé. Pendant le dîner, le député Saad Hariri a contacté Denis Pietton par téléphone pour saluer les efforts qu’il a fournis « tout au long de sa présence au Liban en vue de renforcer les relations bilatérales ».
À l’occasion de la fin de sa mission au Liban, l’ambassadeur de France Denis Pietton a fait ses adieux au chef de la diplomatie Adnane Mansour, avant la réception de départ qui s’est tenue à la Résidence des Pins hier soir, où il a prononcé un émouvant discours. « Deux ans et demi, c’est trop court pour prendre toute la mesure d’un pays aussi divers et complexe que...