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Culture - Festival Bipod 2012

Claudio Stellato, l’ « Autre » et la magie...

C’est l’histoire d’un danseur chorégraphe, acrobate et contorsionniste qui défie la pesanteur. Troublant et même perturbant.

Contorsions et magie pour un spectacle de danse conçu et présenté par Claudio Stellato.

Il y avait de la magie dans l’air, ce soir-là au théâtre Babel. Non pas la magie qui fait des étincelles, mais l’autre (tiens, c’est le nom de la pièce), celle qu’on tague de « nouvelle », qui fait apparaître et disparaître les objets et les corps, sur une scène où les barrières entre la danse, l’acrobatie et les arts du cirque sont floues, voire abolies.
Une scène plongée dans le noir le plus total, à part ce halo de lumière bien précis, inondant le corps caoutchouc de l’Italien Claudio Stellato et deux boîtes à battants ouvrables, l’une carrée et l’autre rectangulaire. Et un tapis rouge. Avec le corps et les objets, la magie est ici comme une troisième présence, invisible, qui tisse leur relation. Autour d’eux, une ombre enveloppante qui les engloutit. Le temps et les mouvements du corps s’écoulent de manière variable. Ils se figent par instants, se ralentissent parfois de façon extrême ou s’accélèrent brusquement. La gravité est changeante et quitte parfois le corps ou les objets. Sans musique, dans un silence ouaté, où percent parfois la respiration du danseur et les grincements des meubles ou autres claquements de porte. D’un bout à l’autre du spectacle, tout est mis en place avec une précision de métronome, tout est étudié, chorégraphié même (on oublie que c’est une danse !), au millimètre près.
L’on pourrait croire, selon les normes habituelles du spectacle, que Claudio Stellato est seul sur scène. Que nenni. Outre les boîtes apparentes qui claquent, dansent, grincent et se meuvent dans une logique qui leur appartient et qui constituent donc des personnages à part entière, il y a les... autres, ces objets invisibles qui font bouger un tapis, ou faire je-ne-sais-quoi de non apparent, et qui contribuent à la réussite des illusions d’optique totalement ahurissantes, notamment lorsque Claudio apparaît marcher sur une boîte puis poursuivre sa trajectoire dans le vide et se fondre, disparaître carrément dans le noir absolu du fond de la scène. Il y a aussi l’autre (tiens, encore une référence au titre). Un acolyte de l’ombre, un double de Claudio, le danseur Martin Firket, que l’on ne voit pas sur scène mais qui apparaît seulement lors du salut final. Perturbant, oui, surtout pour les claustrophobes qui ont assimilé les meubles à des cercueils, et dont la lenteur et l’absence de musique n’ont pas contribué à leur faire supporter le spectacle. Ayant voulu sortir, ils en ont été empêchés car ouvrir la porte signifie laisser filtrer une lumière extérieure qui aurait gâché tout le spectacle. Pour les autres spectateurs encore branchés par les tours de magie et la mécanique entre corps et objets, un humour noir salvateur a rendu les 50 minutes de la représentation supportables, voire carrément admirables.
Il faut dire que cette création est issue d’un long processus de recherche lancé en 2008 et centré sur le mouvement et sur la relation corps-objet. « Ce que j’ai cherché et (recherche encore), c’est une façon de donner vie, par le mouvement, à mes pulsions instinctives, à mes désirs cachés et autres parts de mon inconscient qui, normalement, ne se manifestent pas », nous a confié le chorégraphe danseur rompu aux techniques du cirque, lors d’un entretien à l’issue de sa représentation.
« Au départ, c’était une recherche corporelle, dit l’artiste qui réside en Belgique depuis six ans. Pour trouver un autre. Au cours de cette recherche, j’ai parcouru une vingtaine d’étapes de travail. Chaque étape s’est clôturée par un événement public : présentation, ateliers et/ou installations vidéo, le tout présenté dans différentes structures en Belgique, en Italie¸ au Portugal, en France et aux USA. »
Prenant pour devise « Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? », Stellato a donc construit l’Autre en ayant recours à des « forces invisibles ». Les personnages de la pièce ?
« Il y a “mobilone”, le grand meuble, et “mobilino”, le petit meuble », commence par énumérer Claudio. « Et Big Bastard, Black Mamba, Metal Carter, Petit Nain », ajoute Martin, son acolyte de l’ombre. « Tous les objets ont un nom », renchérit Claudio.
« Avec cette pièce, je ne cherche pas à livrer un message ou à raconter une histoire bien définie. J’essaie de stimuler l’imaginaire du public et de provoquer des réponses instinctives, comme dans un rêve », conclut Claudio Stellato qui dit avoir pour majeure inspiration le « fou de la rue ».
Reste à signaler que l’Autre est l’un des spectacles soutenus par la Wallonie Bruxelles dans le cadre du festival Bipod.
Il y avait de la magie dans l’air, ce soir-là au théâtre Babel. Non pas la magie qui fait des étincelles, mais l’autre (tiens, c’est le nom de la pièce), celle qu’on tague de « nouvelle », qui fait apparaître et disparaître les objets et les corps, sur une scène où les barrières entre la danse, l’acrobatie et les arts du cirque sont floues, voire abolies. Une...

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