L’« Audace » de Charbel Bouez

Maya GHANDOUR HERT

Une bonne centaine de photographies, certaines imprimées sur toile et d’autres sur papier photographique; certaines en noir et blanc et d’autres gorgées de couleurs, sont accrochées aux cimaises de l’espace The Venue. Charbel Bouez les présente sous l’intitulé «Audace». Il en faut, en effet, de l’audace pour exposer un aussi grand nombre dans un aussi grand espace. D’autant que l’artiste commence à faire ses preuves dans le monde professionnel de la photographie. Mordu de grands espaces oxygénés, féru de randonnées et d’escalades, Bouez partage surtout ici sa passion pour la nature, son émerveillement devant sa beauté.
Made in Népal, Soudan, Éthiopie, Serbie, Jordanie, Syrie ou Liban, ces instantanés donnent à voir des ravins à vous donner le vertige, des sommets qui culminent à 5000 m d’altitude, des visages où la vie a creusé ses irrémédiables sillons.
Des paysages grandioses escarpés aux microphotographies de gouttes de sèves s’échappant d’un tronc, en passant par le mouvement d’une danseuse de flamenco, la caméra de Bouez dévore ses sujets pour mieux les
immortaliser.
Il ne s’agit pas de faire du tourisme. Ou peut-être si, un peu tout de même. Mais pour ce jeune homme épris de méditation, c’est ce moment unique, cet instant volé au temps qui priment dans son art. Il voudrait que ce dernier aboutisse au-delà de l’image en tant que telle. L’image pour sa beauté, certes. Mais aussi le choix conscient et recherche d’une certaine lumière, d’un angle précis, d’un sentiment aussi, à transmettre au visiteur. «Je cherche l’expression d’une image, son âme en quelque sorte», écrit-il sur son site Web (www.charbelbouez,com). «Une “simple” photo de paysage peut inspirer plein de choses : la solitude, la beauté, la précarité de la vie, l’inconnu», dit-il encore en affirmant apprécier l’opportunité d’exposer ses œuvres dans les endroits publics. «Je peux offrir une fenêtre d’évasion, communiquer toute une palette d’émotions à des personnes que je ne rencontrerai peut-être jamais.»
C’est finalement dans le but d’inspirer des émotions, des idées, des sentiments et des rêves que le jeune photographe, diplômé en publicité de la LAU et titulaire d’un masters en management des arts du London College of Communication, présente aujourd’hui sa première grande exposition individuelle. En invitant le spectateur à s’attarder sur les légendes empreintes de poésie de Cynthia Deriane.
À voir, à lire, à méditer, donc.

* « Audace », sous le patronage du ministère de la Culture, organisée avec Events Management au The Venue, Beirut Souks, jusqu’au 9 avril. De 16h à 22h.