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Culture - Exposition

Didier L’Honorey, la fleur sous toutes ses coutures

Une série de fleurs sur motifs fleuris et posées sur toiles blanches, suspendues, libres de tout châssis conventionnel, explose en couleurs sur les cimaises de la galerie Alice Mogabgab*. Elles sont l’œuvre de Didier l’Honorey, dont l’accrochage se déroule jusqu’au 14 avril.

« Four for four, quatraquatre », une composition qui s’envole.

Qu’elles soient en pots ou libres, uniques ou démultipliées, colorées ou simplement noires, dessinées ou en pochoirs, elles répondent toutes à un seul modèle de référence: la fleur à quatre pétales («parce que cinq, c’est bavard», dit l’artiste). Cette fleur basique que dessinent les enfants dès qu’ils savent tenir un crayon de couleur, avec une longue tige un peu oscillante. Cette fleur qui n’est en fait que l’idée épurée, magnifiée et sublimée de la fleur.


«Surveiller l’ombre du hasard», tel est le titre de cette exposition qui s’est elle-même nourrie du hasard. À la fois tendre et douce-amère, cette reproduction florale transfigure la matière d’apparence surchargée en un minimalisme épuré, léger et peu bavard.

Des histoires picturales
Né en 1957 en France dans la commune de Sept-Vents, Didier L’Honorey partage son temps entre L’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne), où il réside, et sa Basse-Normandie natale. Mais réellement, l’artiste a élu domicile dans son atelier, dans ses pots de couleurs et ses innombrables tissus qu’il glane depuis quelques décennies. C’est à l’âge de dix-huit ans que l’Honorey décide de devenir peintre. Il va s’y consacrer totalement, passionnément. Il dessinera d’abord des visages, des arbres et, par la suite, des fleurs. Des fleurs qu’il essaimera sur toutes les toiles. «Je rêve parfois que je peins, dit-il amusé, et, à l’image de Glenn Gould qui prétendait jouer du piano en pensée, je rêve et respire la peinture. Elle représente ma discipline quotidienne, ma mémoire.»


«L’histoire d’amour avec les fleurs est née il y a 23 ans, poursuit-il. Je peignais alors des arbres sur des tissus en lin. En passant par le marché Saint-Pierre, je découvre ces tissus à motifs, assez médiocres, d’ailleurs, et je décide d’élaborer cette technique.» Les étoffes seront trempées dans l’acrylique puis, par la suite, redessinées. «Chaque fleur trouvera un pot à sa tige», signale L’Honorey. Si le travail semble naïf et gai, une certaine gravité se profile cependant dans la trame du tissu et de la démarche.


Il y a en effet à la fois beaucoup d’humour dans le travail de cet artiste – qui transparaît dans le choix des titres des œuvres – et un respect immense pour ceux qui l’ont précédé et qu’il honore à travers ses toiles. Les peintres comme Jasper Jones ne sont pas ses seules références, puisque l’artiste fait allusion aussi au monde du blues et du jazz, qui nimbe nombre de ses œuvres.


Didier L’Honorey prend son travail au sérieux. «La peinture est violente, voire épuisante, précise-t-il. Mon processus se doit donc d’être lent. Je lis d’abord les toiles à motifs que je choisis et je m’en imprègne bien avant de travailler.» Et c’est d’un trait rapide qui ne supporte aucune hésitation et aucun recul que l’artiste compose et met la note finale. «Parfois, reprend-il, je ne les supporte pas, je les écarte pour les ressortir par la suite. Je veux être tout le temps surpris.» Dans cette démarche-là, ces fleurs par traits timides ou appuyés semblent éduquer le peintre, mais aussi l’apprivoiser. Discret et pudique, Didier L’Honorey révèle, à travers ce chatoiement de couleurs, des histoires picturales, mais aussi des sous-bois intimes aux teintes plus nuancées. Dans lesquels on se glisse à loisir.

* Galerie Alice Mogabgab (place Sassine, face ABC), jusqu’au 14 avril. Tél. : 01/204984.

Qu’elles soient en pots ou libres, uniques ou démultipliées, colorées ou simplement noires, dessinées ou en pochoirs, elles répondent toutes à un seul modèle de référence: la fleur à quatre pétales («parce que cinq, c’est bavard», dit l’artiste). Cette fleur basique que dessinent les enfants dès qu’ils savent tenir un crayon de couleur, avec une longue tige un peu...

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