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Moyen Orient et Monde - France

Il faut soutenir les printemps arabes autrement

Entretien exclusif avec Jean-Louis Bianco, bras droit de François Hollande pour les grandes orientations internationales.

Jean-Louis Bianco, bras droit de François Hollande pour les grandes orientations internationales

Du fait de la dernière ligne droite avant la présidentielle française et de l’intensité que l’on devine de l’emploi du temps du candidat socialiste, François Hollande, Jean-Louis Bianco, député, figure de proue du Parti socialiste, ancien ministre et surtout ancien secrétaire général de l’Élysée sous François Mitterrand, a reçu L’Orient-Le Jour lundi. Il est actuellement chargé des grandes orientations internationales de la campagne de M. Hollande.


Dans son bureau de l’Assemblée nationale, M. Bianco, responsable PS et porte-parole de M. Hollande, fait un vaste tour d’horizon des « printemps arabes », de la perception du Parti socialiste et de son candidat à cet égard, des nuances et différences entre ce qui s’est passé en Tunisie, en Libye, en Égypte et ce qui se passe aujourd’hui en Syrie et peut-être demain dans d’autres pays arabes.


Pour le PS, il s’agit bel et bien de printemps arabes et non d’un seul et même mouvement révolutionnaire, constate Jean-Louis Bianco qui reconnaît toutefois que les masses arabes en ébullition se sont mobilisées par la même volonté de se libérer des dictatures.

De Tunis à Manama en passant par Tripoli, Le Caire et Damas, l’analyse du PS relève la spécificité de chaque mouvement, les contextes et données de chaque pays en affirmant qu’un fil conducteur islamiste relie les diverses manifestations de libération et volontés de changement.

 

« Il s’agit d’un mouvement de fond vers des formes de démocratie à inventer pour chaque pays arabe car chacun d’entre eux doit trouver ses propres formes qui seraient en fait un équilibre entre sa culture, sa tradition et les valeurs universelles de la démocratie et des droits de l’homme », estime M. Bianco, accusant qu’« en même temps que la France a suivi les événements du monde arabe avec un intérêt teinté d’admiration et de sympathie, on a assisté au niveau gouvernemental à un “grand écart” diplomatique ».

 

M. Bianco rappelle ainsi que le président Nicolas Sarkozy avait reçu Mouammar Kadhafi en grande pompe avant de faire de lui un ennemi public numéro 1, tout comme la politique élyséenne a privilégié une coopération technique avec le régime de Ben Ali pour le maintien de l’ordre dans la région avant de se s’acharner sur lui dès les premières journées de la « révolution de jasmin ». Ou alors faire du président syrien Bachar el-Assad la vedette d’un certain 14 juillet, pour le dénoncer peu de temps après comme étant le tyran le plus sanguinaire de notre époque. « Si François Hollande est élu, poursuit Jean-Louis Bianco, la première certitude est qu’il définira une ligne claire et constante pour maintenir des relations de confiance et non pas se livrer à des “tête-à-queue“ comme ceux qu’on vient de voir. »


Suit un survol intéressant et des commentaires pertinents sur le phénomène d’Ennahda en Tunisie, l’irruption annoncée des Frères musulmans en Égypte, les empoignades postrévolutionnaires en Libye, les frémissements libertaires à Bahreïn et le sanglant affrontement en Syrie. Face à tout cela et aux développements à venir, l’équipe de François Hollande préconise une poursuite inlassable du dialogue avec les acteurs sur le terrain et les pays environnants ou concernés par ces printemps arabes. Tant Washington, Moscou et Pékin que la Ligue arabe, les Nations unies en tant qu’instances régionale et internationale. Après tout, indique le dirigeant socialiste français, les révolutions ne se font pas en un mois ou en une année et la Révolution française en fut un exemple frappant.

Conflit israélo-palestinien
Au chapitre du conflit israélo-palestinien, Jean-Louis Bianco écarte l’idée reçue d’une partialité du PS en faveur d’Israël. Il affirme, preuves et documents à l’appui, qu’au sein du parti la réflexion et le débat sur ce problème sont permanents et que les positions sont équilibrées. Il a rappelé que le PS est toujours engagé par la célèbre position adoptée par François Mitterrand dans son discours historique à la Knesset, lorsqu’il a martelé le droit d’Israël à vivre en paix avec le droit du peuple palestinien d’avoir son propre État, un État viable. Et M. Bianco de dénoncer les manquements notés depuis, notamment sur le terrain, en Cisjordanie où les murs, les voies de communication ou l’approvisionnement en eau rendent impossible toute vie normale pour les Palestiniens.


Revenant un moment sur la situation actuelle en Syrie, Jean-Louis Bianco constate que le dilemme est de choisir entre des couloirs humanitaires difficilement réalisables sans l’accord des autorités de Damas et en tout cas indéfendables sans une résolution onusienne, et l’instauration, dans le cadre d’efforts de Kofi Annan et avec l’aide de la Russie, de trêves quotidiennes pour permettre l’accès de convois de la CRI et du Croissant-Rouge aux zones de combat, pour y porter du matériel médical et alimentaire et ramener des blessés vers les hôpitaux des pays limitrophes. Cette dernière possibilité étant, selon M. Bianco, relativement plus réaliste.

Minorités
Concernant les minorités dans le monde arabe, qu’il s’agisse de chrétiens ou d’autres minorités, la thèse du PS, développée par Jean-Louis Bianco, est que leur situation est préoccupante et qu’il s’agit de défendre leurs droits universels, la question étant néanmoins difficile puisqu’elle repose sur des conflits historiques qui ne peuvent être réglés par des décrets ou des discours de la communauté internationale.

 

Ce qu’il faut chercher, estime le chargé des relations internationales de la campagne Hollande, ce sont des actions dans le cadre de relations diplomatiques bilatérales, notamment avoir des discours forts et des exigences lors de réunions en tête à tête, car on peut faire passer beaucoup de choses lors de conversations les yeux dans les yeux. La France peut, dans ce domaine-là, prendre les devants pour faire appliquer des résolutions de l’ONU en trouvant des partenaires et en établissant de grandes coalitions diplomatiques pour rappeler, quel que soit le sujet, le respect des droits des minorités dans le cadre des principes des droits de l’homme en réalisant que tout cela ne se réglera pas en quelques jours.

Finul, TSL et UPM
Jean-Louis Bianco exprime en outre les opinions du candidat socialiste sur la Finul, affirmant son soutien total et un renouvellement des accords annuels de prolongation de la mission de la force intérimaire puisqu’il s’agit d’une demande de toutes les communautés libanaises et de la communauté internationale, donnant ainsi à la Finul tous les moyens dont elle a besoin pour accomplir sa mission.

 

Le PS est également favorable au Tribunal spécial pour le Liban et à tout ce qui peut être en relation avec la quête de vérité sur l’assassinat de Rafic Hariri. Concernant l’Union pour la Méditerranée, il estime que c’était une illusion de croire, après l’échec du processus de Barcelone, que l’on peut régler de grands et épineux conflits politiques (le conflit israélo-arabe, en particulier) dans le cadre d’organismes régionaux de cette envergure. Faute de parvenir à cela, il faudrait mettre en avant des projets de coopération bilatéraux ou collectifs de part et d’autre de la Méditerranée et aussi de travailler sur des mégaprojets tels que l’oléoduc et le gazoduc du pourtour méditerranéen.

 

Enfin, il fait valoir que la francophonie n’a pas seulement pour rôle de manifester l’influence de la France mais de poursuivre un dialogue entre les cultures et les civilisations.

Du fait de la dernière ligne droite avant la présidentielle française et de l’intensité que l’on devine de l’emploi du temps du candidat socialiste, François Hollande, Jean-Louis Bianco, député, figure de proue du Parti socialiste, ancien ministre et surtout ancien secrétaire général de l’Élysée sous François Mitterrand, a reçu L’Orient-Le Jour lundi. Il est actuellement...
commentaires (1)

Que du socialiste bon teint...l'équilibre entre la démocratie et les traditions,hein?çà,c'est de la balle,monsieur Bianco...de quoi justifier encore longtemps des pratiques qui sont tout sauf démocratiques...mais çà s'appelle de l'équilibre...mais business is businness,n'est ce pas?

GEDEON Christian

05 h 46, le 15 mars 2012

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Commentaires (1)

  • Que du socialiste bon teint...l'équilibre entre la démocratie et les traditions,hein?çà,c'est de la balle,monsieur Bianco...de quoi justifier encore longtemps des pratiques qui sont tout sauf démocratiques...mais çà s'appelle de l'équilibre...mais business is businness,n'est ce pas?

    GEDEON Christian

    05 h 46, le 15 mars 2012

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