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Liban - Employés de maison

Polémique autour de l’agression filmée d’une Éthiopienne à Beyrouth

Le consulat affirme que la jeune femme souffre de troubles mentaux, le président Sleiman réclame l’ouverture d’une enquête.

Une capture d'écran de l'agression filmée d'une Ethiopienne à Badaro, en banlieue de Beyrouth, devant le consulat éthiopien.

Au sol, une Éthiopienne recroquevillée geint. Un homme, dont on ne voit pas le visage, l’attrape, lui ordonne, en arabe, de se relever, la tire par le col, par les cheveux. Puis il la traîne vers une voiture, tente de la faire entrer de force dans le véhicule. La jeune femme se débat en répétant « non, non, non ». Autour, plusieurs personnes regardent, certaines protestent mollement. L’une d’elles demande à l’inconnu de laisser la jeune femme devant le consulat. « Que vas-tu gagner si tu la frappes ? Laisse-la ici, le consulat se trouve au premier étage », lui dit-elle. « Je ne peux pas, ma conscience ne me permet pas de la laisser ici », répond l’homme.


Diffusée avant-hier soir par la chaîne de télévision LBCI, la vidéo (voir ci dessous) d’une agression, en pleine rue et en plein jour, d’une domestique éthiopienne a créé la polémique.


L’agression a eu lieu rue Sami el-Solh, à Badaro, devant le consulat d’Éthiopie au Liban.

 

Contacté par l’orientlejour.com, le consulat a dénoncé l’incident, tout en affirmant ne pas avoir pu intervenir en raison du manque de personnel de sécurité à sa disposition. « Nous avons appelé la police pour rétablir l’ordre devant le consulat », a affirmé la vice-consule Yéshi Tamrat, qui explique que la jeune Éthiopienne qui s’est fait agresser jeudi « souffre de troubles mentaux très graves. Elle est entrée illégalement au Liban », ajoute-t-elle, rappelant que l’Éthiopie impose, depuis près de trois ans, des restrictions à ses ressortissants souhaitant se rendre au Liban pour y travailler. « L’homme dans la vidéo est son employeur, il est responsable d’une agence de recrutement, précise encore Mme Tamrat. Il est venu nous voir pour se plaindre du refus de cette jeune femme malade de rentrer en Éthiopie. Nous lui avons alors conseillé de la transporter à l’hôpital psychiatrique du couvent de la Croix où elle sera prise en charge par des professionnels. »


« C’est une situation inacceptable, a de son côté réagi Carole, une Libano-Éthiopienne, qui milite pour les droits des travailleurs éthiopiens au Liban. Le consul nous a dit qu’il ne peut rien faire à ce sujet, alors que c’est un problème récurrent dans ce pays. »


La vidéo de l’agression, qui circule désormais sur Internet, a enflammé la blogosphère libanaise, poussant de nombreux militants pour les droits de l’homme à réclamer que l’auteur de l’agression soit traduit en justice.

 

Sur son blog, Sélim el-Laouzi publie le numéro de la plaque d’immatriculation de la voiture du présumé agresseur, tout en précisant que la voiture est toujours enregistrée au nom de son ancien propriétaire, Mahmoud Zhairani. Contacté par l’orientlejour.com, le blogueur affirme avoir été contacté par quelqu’un qui s’est présenté comme un « proche » de l’homme apparaissant dans la vidéo. « Il m’a appelé d’un numéro privé pour m’expliquer que l’Éthiopienne est dans un état mental anormal et qu’elle a tenté de se suicider à plusieurs reprises, déclare Sélim el-Laouzi. Il m’a également affirmé que la jeune femme se trouve actuellement au couvent de la Croix et que son garant se chargera de payer tous les frais médicaux nécessaires. » Le blogueur, qui est également membre du mouvement Anti-Racism, militant pour la protection des droits des travailleurs étrangers, tient toutefois à ajouter que « rien ne justifie la brutalité avec laquelle la jeune femme a été traitée ».


Ali Fakhri, un autre membre du mouvement, a estimé pour sa part que si la justice ne se saisit pas de cette affaire, « cela ne fera qu’encourager les actes d’agression contre les femmes ». « Nous faisons face à ce genre de situation tous les jours, assure-t-il. Mais cette fois, c’en est trop. Nous ne resterons pas les bras croisés. » Ali Fakhri et une délégation du mouvement Anti-Racism se sont d’ailleurs rendus aujourd’hui chez le consul d’Éthiopie afin de l’exhorter à prendre des mesures judiciaires contre l’agresseur de la jeune Éthiopienne.


En attendant, à Baabda, où s’est tenue aujourd’hui une réunion du Conseil des ministres, le président Michel Sleiman a dénoncé l’agression et réclamé l’ouverture d’une enquête pour élucider les circonstances de l’incident et traduire les responsables devant la justice. Quant aux ministres de la Justice et du Travail, Chakib Cortbaoui et Sélim Jreissati, ils ont assuré suivre l’affaire sur le plan judiciaire.


Au sol, une Éthiopienne recroquevillée geint. Un homme, dont on ne voit pas le visage, l’attrape, lui ordonne, en arabe, de se relever, la tire par le col, par les cheveux. Puis il la traîne vers une voiture, tente de la faire entrer de force dans le véhicule. La jeune femme se débat en répétant « non, non, non ». Autour, plusieurs personnes regardent, certaines protestent...
commentaires (1)

Dans cet article nous avons bien lu qu'elle est rentrée illégalement au Liban d'une part, et , d'autre part, Que l'homme est responsable d'une agence d'emploi. Ce n'est pas un peu contradictoire ? Il semble que l'ambassade est par trop laxiste, sans parler des autorités libanaises.

Saleh Issal

09 h 32, le 14 mars 2012

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Commentaires (1)

  • Dans cet article nous avons bien lu qu'elle est rentrée illégalement au Liban d'une part, et , d'autre part, Que l'homme est responsable d'une agence d'emploi. Ce n'est pas un peu contradictoire ? Il semble que l'ambassade est par trop laxiste, sans parler des autorités libanaises.

    Saleh Issal

    09 h 32, le 14 mars 2012

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