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Économie - Éclairage

La succession de Jean-Claude Juncker à l’Eurogroupe suscite des remous

À la faveur de la crise, le pilotage de l’Union monétaire a été refaçonné au détriment du président de l’Eurogroupe.

La succession annoncée de Jean-Claude Juncker à la tête de l’Eurogroupe s’annonce plus compliquée que prévu.             Yves Herman/Reuters

La succession annoncée de Jean-Claude Juncker à la tête de l’Eurogroupe s’annonce plus compliquée que prévu en raison de divergences autour du profil du poste et d’un risque de confusion dans la représentation à venir de la zone euro, remodelée par la crise de la dette. M. Juncker avait jusqu’ici entretenu le doute. Il vient d’affirmer ne pas vouloir briguer de nouveau mandat pour diriger ce conclave des ministres des Finances de la zone euro lorsque le sien s’achèvera fin juin. Il occupe le poste depuis sa création en 2005.
M. Juncker, qui est aussi Premier ministre du Luxembourg, part avec une amertume non dissimulée. Il dit avoir connu dans ses fonctions « beaucoup d’irritation, de nombreuses déceptions » même si, affirme-t-il, « ce n’est pas la raison » de son départ. Le Luxembourgeois a joué un rôle important dans la gestion de la crise de la dette mais avec le temps a dû le faire à l’ombre croissante de la chancelière Angela Merkel et du président Nicolas Sarkozy dont les entourages, en privé, ne se privent pas de critiquer son action trop timide à leurs yeux.
À la faveur de la crise, le pilotage de l’Union monétaire a été refaçonné au détriment du président de l’Eurogroupe. Ce dernier, dorénavant, est chapeauté par Herman Van Rompuy qui vient d’être promu président des sommets des chefs d’État et de gouvernement des pays de la zone euro, en plus de ceux de l’UE. « Cela signifie concrètement que la fonction de président de l’Eurogroupe est dégradée et que ce forum risque de se voir confier l’intendance technique de décisions politiques prises au niveau supérieur », souligne une source européenne.
M. Juncker plaide, lui, pour que son successeur jouisse d’un statut renforcé. Pour cela, il souhaite qu’il devienne un « président à temps plein », autrement dit qu’il ne cumule pas la fonction avec un poste national comme c’est son cas aujourd’hui. « C’est tout simplement une question de temps. À cause de la crise j’arrive à peine à gérer les deux fonctions que j’ai au Luxembourg et à l’Eurogroupe », a-t-il dit. Problème : cette option risquerait en retour de faire de l’ombre à Herman Van Rompuy et de déclencher une énième compétition interne de suprématie en Europe. Plusieurs capitales, en particulier Berlin, refusent l’idée. « Un nouvel acteur politique serait une source de complication », dit un responsable européen de haut rang sous le couvert de l’anonymat. « Nous avons suffisamment de monde comme cela sur l’échiquier européen et l’architecture européenne est déjà assez compliquée », dit-il, avec une représentation de la zone euro très éclatée entre les gouvernements, la Banque centrale européenne et la Commission.
Dans ce contexte, la course à la succession de M. Juncker reste très ouverte. Le commissaire aux Affaires économiques Olli Rehn serait intéressé par cette casquette supplémentaire mais ne se fait guère d’illusions : il y a peu de chance que Paris et Berlin acceptent de donner les clés de ce forum intergouvernemental à la Commission. La ministre autrichienne des Finances Maria Fekter a, elle, réclamé hier que le futur titulaire du poste ne soit pas seulement un ministre des Finances « qui pourrait être dédit par son chef de gouvernement », mais un Premier ministre avec une expérience de ministre des Finances. Et de surcroît venant d’un pays bénéficiant d’« une très grande crédibilité » comme par exemple une notation triple A pour sa dette chez Standard and Poor’s. Un portrait qui désigne sans le nommer l’actuel Premier ministre finlandais Jyrki Katainen, dont le nom est le plus évoqué à Bruxelles. Il fut ministre des Finances avant de devenir l’an dernier Premier ministre. « Mais les Grecs et les pays du Sud risquent d’avoir du mal à l’accepter car la Finlande fait partie des “faucons” sur les questions budgétaires », dit une source proche des discussions.
            (Source : AFP)
La succession annoncée de Jean-Claude Juncker à la tête de l’Eurogroupe s’annonce plus compliquée que prévu en raison de divergences autour du profil du poste et d’un risque de confusion dans la représentation à venir de la zone euro, remodelée par la crise de la dette. M. Juncker avait jusqu’ici entretenu le doute. Il vient d’affirmer ne pas vouloir briguer de...

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