Avec Dario Schmunck, c’était une belle aventure, pleine de surprises. Le ténor a des gestes simples. Il avance vers le pianiste Gianluca Marciano sans aucun artifice, lui serre la main, lui donne parfois une tape dans le dos, ou l’enlace pour exprimer sa gratitude.
Le spectacle, ce soir-là, était un vrai dialogue. Durant plus d’une heure, les deux artistes se sont écoutés, guettés et surtout compris, magnifiant ainsi ce qu’il y a de plus précieux à leurs yeux, à savoir la musique. Pour la seconde fois durant le festival, le maestro a troqué son bâton de chef d’orchestre contre le piano et tous deux ont servi à la salle un concert chatoyant et coloré, empreint de beaucoup de complicité.
Des extraits d’opéra comme ce Pontezuela mi vigüela d’El Matretro de Felipe Boero, ou l’Aurora d’Hector Panizza s’harmonisaient aux chansons douces et populaires qui évoquent l’amour dans les Chacarera, les Triste ou les Gato. La puissance et la douceur se succédaient dans ces arias lyriques aux aigus bien enlevés. Les airs populaires ou classiques sentaient bon la cannelle, le jasmin, la rose, les filles en fleurs, ainsi que l’Argentine natale que Schmunck glorifiera dans deux compositions, notamment dans ce très beau Volver de Carlos Gardel qui chante le retour à la patrie: «Mon Buenos Aires tant aimé, terre fleurie où je finirai ma vie.»
Ovationné, le ténor, accompagné du maestro Gianluca Marciano qui a offert ce soir-là une belle performance tout en pudeur, renouera à deux reprises le lien instauré avec le public. Dario Schmunck, ce passeur d’émotions, interprétera Granada, clôturant un concert qui avait l’allure d’une douce évasion en terre fleurie.