Cheikh Ahmad el-Assir, imam d’une mosquée de Saïda, a lancé un message modéré dimanche, Place des martyrs, devant une foule de partisans rassemblés pour manifester contre le régime syrien de Bachar el-Assad. Il a affirmé qu’il est « du devoir de toute la nation islamique de dénoncer la répression exercée par le régime syrien contre les manifestants pacifistes à Homs ».
Les manifestants anti-Assad au centre-ville.
GIANLUIGI GUERCIA/AFP
Cheikh el-Assir a par ailleurs dénoncé un « complot international » contre le peuple syrien, tout en critiquant l’inaction de la communauté internationale face « au massacre que commet le tyran de Damas ».
Dans un message adressé aux chrétiens « nos frères dans l’humanité », cheikh el-Assir déclare : « Ne demandez la protection de personne, nous les musulmans avons besoin de votre protection, de votre soutien et de votre solidarité ». « J’appelle les jeunes chrétiens du Liban à ne pas émigrer, je les appelle à rester dans ce pays qui nous appartient à tous », a-t-il ajouté. « L’Eglise de la Nativité, nous allons la libérer de l’occupation sioniste, même si nous allons devoir verser notre sang », a-t-il poursuivi.
Cheikh el-Assir a également tenu à remercier les autorités libanaises pour avoir « pris les mesures nécessaires » afin de protéger les manifestants.
« Le peuple veut la pendaison de Bachar (el-Assad) », ont scandé les partisans de cheikh el-Assir. « Oppresseur, la poubelle de l'histoire sera ton destin », lisait-on sur les pancartes brandies par les manifestants, dont des Syriens et des Libanais. « Baba Amr, nous sommes avec toi jusqu'à la mort », lit-on encore sur une pancarte, en référence au quartier rebelle de Homs (centre de la Syrie), repris jeudi par l'armée. Parmi les personnalités présentes, il y avait le chanteur Fadel Chaker qui a appelé tous les artistes à soutenir la contestation populaire en Syrie.
Le chanteur Fadel Chaker prend part à la manifestation
anti-Assad. GIANLUIGI GUERCIA/AFP
Le parti Baas a appelé à une contre-manifestation à quelques mètres de la Place des martyrs. Plusieurs dizaines de manifestants pro-Assad, brandissant des portraits du président syrien, étaient rassemblés dans la capitale pendant que le cheikh saïdawite prononçait son discours.
« La Syrie d'Assad ne cèdera pas », ont scandé les manifestants pro-Assad. Certains ont lancé des chaussures sur de grands portraits du roi Abdallah d'Arabie saoudite et de l'émir du Qatar, cheikh Hamad ben Khalifa Al Thani, dont les pays ont fait montre de fermeté à l'encontre du régime syrien depuis le début des violences en Syrie. « Que Dieu rende vos femmes infertiles et vos hommes impuissants », ont écrit les manifestants sur ces portraits.
Les pro-Assad se déchaînent contre un portrait du roi Abdallah d'Arabie.
Photo AFP
Le ministre de l’Intérieur, qui était présent au centre-ville, s’est félicité du bon déroulement des deux manifestations de dimanche. « Le Liban est l’exemple de la démocratie, a-t-il dit. Il n’y a pas besoin d’avoir peur ». Plus tôt dans la journée, le ministre avait pourtant affirmé que « tout le monde a peur des manifestations d’aujourd’hui parce qu’un conflit au Liban embraserait la région toute entière ».
Des mesures de sécurité draconiennes ont ete prises
pour éviter tout dérapage. GIANLUIGI GUERCIA/AFP
Samedi, cheikh Assir a tenu le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah pour responsable de toute attaque qui viserait les manifestants. « Nous avons le droit de faire parvenir notre message de Beyrouth, capitale de tous les Libanais, pour que cette ville ne devienne pas un secteur du régime syrien », a-t-il dit dans une déclaration à la télévision MTV.
Le Premier ministre Nagib Mikati avait, de son côté, appelé le ministère de l'Intérieur à « prendre des mesures de sécurité draconiennes » pour encadrer les manifestations et afin « d'éviter tout dérapage sécuritaire ».
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commentaires (16)
- - Ceux qui se ressemblent se rassemblent et se congratulent ... Les Libanais voient , écoutent , lisent , entendent , scrutent , décortiquent et sauront faire la différence dans les urnes le moment venu .
JABBOUR André
05 h 03, le 05 mars 2012