Rechercher
Rechercher

Économie - Analyse

La Roumanie progresse dans la lutte anticorruption

Ministres condamnés à de la prison ferme pour corruption, enquêtes visant de hauts responsables, procès plus rapides : la Roumanie a fait des progrès notables dans la lutte contre la corruption de haut niveau, jugent des experts, mais elle devra confirmer la tendance dans le temps.
Signe de ce que le ministre de la Justice roumain Catalin Predoiu a appelé lundi un « changement de réalité » dans la manière d’administrer la justice, le nombre de personnes condamnées définitivement pour des faits de corruption de haut niveau a doublé entre 2010 et 2011, passant de 154 à 298, selon le parquet national anticorruption (DNA).
Même si 60 % de ces condamnations consistent en des peines avec sursis, elles témoignent d’une « accélération des procès concernant des affaires de corruption de haut niveau », notamment à la Haute Cour de justice, une « avancée », selon la Commission européenne dans un rapport publié en février.
Depuis 2007, Bruxelles surveille la Roumanie et la Bulgarie, élèves entrées dans la classe européenne avec des lacunes sévères de leur système judiciaire après des années de dictature.
Un autre signe jugé positif par les experts sont les récentes condamnations à de la prison ferme d’un ancien Premier ministre entre 2000 et 2004, Adrian Nastase (deux ans pour détournement de centaines de milliers d’euros vers sa campagne), et de deux ex-ministres de l’Agriculture (trois ans pour pots-de-vin en échange de marchés publics) dont les procès semblaient enlisés.
« Le vrai test d’indépendance des juges est d’avoir assez de courage pour se prononcer dans des cas impliquant des hommes politiques et d’affaires puissants. C’est ce qui se passe aujourd’hui pour la première fois dans l’histoire de la Roumanie et c’est une vraie percée », indique à l’AFP Laura Stefan, experte anticorruption pour le think tank Expert Forum.
En ces temps d’euroscepticisme, ces progrès illustrent « un clair succès de l’Union européenne » qui en maintenant une pression constante commence aujourd’hui à voir « les fruits d’années de travail » chez ses nouveaux membres, ajoute-t-elle.
En Roumanie, « on voit que le courant commence lentement à s’inverser, d’une culture de l’impunité vers un État de droit où personne n’est au-dessus des lois », dit Mme Stefan même si elle rappelle que ces procès, qui doivent encore passer le test de l’appel, n’ont pas encore échappé au risque de prescription.
« La route est encore sinueuse », relève une source diplomatique européenne, rappelant que ces « avancées fragiles doivent être poursuivies sur de longues années », avec une volonté politique constante.
« On peut comprendre que la société roumaine, imprégnée de l’idée que les corrompus s’en sortent toujours et qui a reçu tellement de signes contraires, ne se satisfasse pas de la condamnation de ces trois ministres pour avoir de nouveau confiance » dans la justice, ajoute cette source.
Une initiative récente de deux députés du Parti de la minorité hongroise (UDMR), membre de la coalition au pouvoir, essayant de limiter les poursuites contre les hommes politiques pour conflit d’intérêt, illustre les nuages qui menacent les éclaircies.
D’autant que si la hausse du nombre d’enquêtes menées par le parquet anticorruption (+13 % en 2011 par rapport à 2010) est un signe de son sérieux dans la lutte contre ce fléau, elle révèle aussi l’ampleur du phénomène.
Interrogé par l’AFP, Daniel Morar, procureur général anticorruption depuis 2005 et loué pour sa compétence par l’UE, constate : « Je ne vois pas de tendance à la baisse en ce qui concerne les infractions de corruption. Regardez les inculpations à la chaîne de maires et hauts responsables l’an dernier. Le changement de mentalité ne s’est pas encore produit. »

              ©AFP
Ministres condamnés à de la prison ferme pour corruption, enquêtes visant de hauts responsables, procès plus rapides : la Roumanie a fait des progrès notables dans la lutte contre la corruption de haut niveau, jugent des experts, mais elle devra confirmer la tendance dans le temps.Signe de ce que le ministre de la Justice roumain Catalin Predoiu a appelé lundi un « changement...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut