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Culture - Rencontre

Le théâtre de la vie de Marie-Pierre Besanger

Metteur en scène française, Marie-Pierre Besanger est venue à Beyrouth par l’entremise de la Fondation Samir Kassir pour animer un atelier de théâtre au sein de l’association Amour & Partage qui s’occupe des personnes âgées.

Marie-Pierre Besanger. (Photo Michel Sayegh)

Enrichir le théâtre par l’expérience puisée à même la vie. Et, en retour, apporter de la vie dans des existences usées grâce au théâtre. Voilà, en somme, ce à quoi se livre Marie-Pierre Besanger qui arrive tout droit de Tulle en Corrèze (circonscription désormais célèbre grâce à son député, candidat à la présidentielle, François Hollande). Au bout de trois jours passés en compagnie des pensionnaires de l’association Amour & Partage, elle se dit plus qu’enchantée de son séjour libanais. «Je vais en repartir changée», assure cette directrice de troupe et metteur en scène qui a choisi d’intégrer un certain humanisme à sa pratique artistique.
Elle révèle, d’ailleurs, avoir baptisé sa compagnie «Bottom Théâtre», du nom de l’un des personnages du Songe d’une nuit d’été de Shakespeare parce que «c’est celui de l’artisan et qu’il est du peuple». Plus tard, dans la conversation, elle affirmera se situer «plutôt du côté de Zola, qui s’est posé de manière plus aiguë la question sociale de son temps, que du prestigieux Victor Hugo».
«Je commence toujours le théâtre au dehors, en vivant des expériences avec des gens qui ne sont pas des comédiens. Une fois nourrie de cette expérience vécue, de ces sensations partagées, je monte un spectacle théâtral auquel je fais participer quelques-unes des personnes qui ont partagé l’expérience avec moi», indique-t-elle. Et de poursuivre: «En France, le théâtre est souvent un lieu fermé où l’on parle toujours aux mêmes personnes. On y entend une voix du monde réductrice puisqu’on est toujours entre nous. Ça n’enlève rien à la qualité des auteurs joués et du travail qui est fait. Mais, pour ma part, je désire parler à un plus grand nombre de gens, notamment à ceux qui n’y vont jamais. En emmenant dans des expériences théâtrales des gens qui ne sont pas des acteurs professionnels, je me donne la chance d’être dans la pensée, la réflexion et l’émotion de façon commune et démocratique.»
Marie-Pierre Besanger est une artiste «complice» de La Maison des métallos, «un établissement culturel de la ville de Paris qui associe des non-professionnels à des aventures artistiques. Un lieu qui donne voix et parole à des gens qu’on a très peu l’habitude d’entendre à travers leur participation à différents types d’œuvres scéniques ainsi qu’à des travaux de réflexion: rencontres, débats, points de vue moins conventionnels et institutionnels...», dit-elle. C’est envoyée par cet établissement – partenaire de la Fondation Samir Kassir – qu’elle se retrouve au Liban en train d’animer un atelier de théâtre pour personnes âgées.
Le but de ce projet est d’apporter à la vingtaine de personnes démunies, recueillies par l’association, un espace de divertissement ainsi qu’un moyen d’expression. La parole est libératrice. Encore plus lorsqu’elle se manifeste sous forme de jeu. Regarder, imaginer, improviser... Avec – et parfois sans – l’aide d’un traducteur, l’artiste française leur a fait enchaîner les exercices, en les dirigeant un peu à la manière de ce qu’elle fait avec les acteurs.
«Trois jours, c’est très peu pour arriver à une présence théâtrale, convient la metteur en scène. En fait, il s’agissait plus d’une rencontre, d’une relation que j’ai essayé d’établir avec chacun des participants. Les gens racontent, disent ou ne disent rien. Moi, de ma place d’artiste – je ne suis pas psychologue, assistante sociale ou thérapeute – je prête attention à chaque individualité ou plutôt à l’univers de chaque personne du groupe. Je les écoute et je les guide vers une parole, qui peut devenir artistique, et qui est faite bien sûr de leurs vies, mais aussi de leurs rythmes, leurs langues, leurs silences, leurs façons de se mouvoir...»
Visiblement touchée par cette expérience, elle affirme qu’«il y a eu pour chacun d’eux un moment d’émotion très puissant, un moment de vérité humaine qui, bien au-delà de leur propre singularité, pourrait être un vrai moment de théâtre. D’autant que certains ont vécu des tragédies majeures qui ont façonné leur manière de penser. Cela me donne envie de les aider à porter sur scène leur parole, afin que ce mélange d’expérience et de fantasme soit entendu de tous», ajoute en conclusion Marie-Pierre Besanger, qui a décidé de s’atteler à l’étude de la langue arabe pour revenir à nouveau...
Enrichir le théâtre par l’expérience puisée à même la vie. Et, en retour, apporter de la vie dans des existences usées grâce au théâtre. Voilà, en somme, ce à quoi se livre Marie-Pierre Besanger qui arrive tout droit de Tulle en Corrèze (circonscription désormais célèbre grâce à son député, candidat à la présidentielle, François Hollande). Au bout de trois...

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