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Moyen Orient et Monde - Révolte

Indignation après la mort de deux journalistes occidentaux à Homs

Au moins 90 personnes ont péri hier ; pluie de critiques contre le régime Assad.

Marie Colvin et Rémi Ochlik, la journaliste américaine et le jeune photographe français, tués à Homs, hier, lors d’un bombardement. Photos AFP

Deux journalistes, un Français et une Américaine, ont été tués hier, ainsi qu’au moins 81 civils syriens, dans un violent pilonnage par l’armée de la ville rebelle de Homs.


Les journalistes sont l’Américaine Marie Colvin, qui était âgée d’une cinquantaine d’années et grand reporter à l’étranger pour l’hebdomadaire britannique Sunday Times, et le Français Rémi Ochlik (28 ans), photographe à l’agence IP3 Press, selon les autorités françaises. Ils ont péri dans le pilonnage du quartier de Baba Amr, qui a touché un appartement transformé en « centre de presse » par les journalistes entrés clandestinement dans la ville, ont précisé des militants syriens antirégime, au 19e jour de bombardements incessants. « Trois ou quatre autres journalistes étrangers ont été aussi blessés », a déclaré le militant Omar Chaker à Baba Amr, principale cible des troupes régulières depuis le 4 février, contacté via Skype. Le quotidien français Le Figaro a indiqué que la Française Édith Bouvier faisait partie des journalistes blessés.


La mort des deux journalistes a entraîné une vague de réactions et d’accusations contre le régime syrien. Le président Nicolas Sarkozy a estimé que le décès des deux reporters « montre que maintenant ça suffit, ce régime doit partir ». La France souhaite connaître ce qui s’est passé exactement et qui constitue une « démonstration supplémentaire de la dégradation » de la situation en Syrie et d’une « répression qui est de plus en plus intolérable », a renchéri le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, tenant Damas pour « responsable » de la mort des deux Occidentaux alors que Paris a convoqué l’ambassadrice de Syrie. « Cet incident tragique est un nouvel exemple de la brutalité éhontée du régime d’Assad », a déclaré, de son côté, la porte-parole de la diplomatie américaine, Victoria Nuland. La Russie, alliée de Damas, s’est quant à elle dit « très préoccupée » par la mort des deux journalistes, un drame qu’elle « condamne fermement ». Le magnat américain Rupert Murdoch, le Premier ministre britannique David Cameron et le ministre des Affaires étrangères William Hague ont également dénoncé la mort des deux journalistes et rendu hommage à Marie Colvin. Londres a en outre convoqué l’ambassadeur syrien.


Mais les autorités syriennes ont pour leur part déclaré « ne pas être au courant » de la présence des deux journalistes. Selon le chef de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, « il ne s’agissait pas de bombardements sans discernement ». « Des avions de reconnaissance planent tout le temps au-dessus de Homs, ils ont probablement capté des signaux indiquant des communications par satellite. Je pense que la maison transformée en centre de presse a bien été visée », a-t-il déclaré.


Des militants ont également rapporté que Rami al-Sayyed, un « pilier » du réseau de citoyens journalistes couvrant l’offensive dans la ville rebelle, a été tué. M. Sayyed, âgé de 26 ans et père d’une fille d’un an et demi, a péri lorsqu’un obus est tombé sur sa voiture alors qu’il transportait des blessés et des morts vers l’hôpital de campagne de Baba Amr, a affirmé un de ses amis, Hadi Abdallah, militant local de la Commission générale de la révolution syrienne. « Il n’est pas mort sur le coup, il a eu une hémorragie pendant deux heures et demie, puis il a succombé », a-t-il ajouté, dénonçant l’absence d’équipement et de personnel médical – trois médecins et 20 infirmières dans l’hôpital du quartier rebelle de Baba Amr.


Outre les deux journalistes, au moins 81 civils syriens ont été tués à Homs, essentiellement à Baba Amr, ainsi que huit autres dans la province d’Idleb, a rapporté l’OSDH, selon laquelle 7 600 personnes, en grande majorité des civils, ont été tuées depuis le début de la révolte.


La situation est particulièrement dramatique à Homs, où les bombardements ont fait des centaines de morts depuis plus de deux semaines et où les habitants manquent désormais de tout. Selon des militants, l’Armée syrienne libre (ASL) tente d’assurer nourriture et refuge aux habitants de Baba Amr, estimés par l’un d’entre eux à encore 90 000 personnes. Mais « les forces du régime tirent sur tout ce qui bouge », a expliqué un militant.
Par ailleurs, les forces de sécurité irakiennes ont arrêté le chef d’Ansar al-Sunna, un groupe d’insurgés sunnites lié à el-Qaëda, alors qu’il tentait d’entrer en Irak en provenance de Syrie, a indiqué le chef des opérations antiterroristes de la province d’Anbar.

« Tout dialogue est vain », selon Riyad
Parallèlement, sur le front diplomatique, le roi Abdallah d’Arabie saoudite a déclaré au président russe Dmitri Medvedev que tout dialogue sur la crise syrienne était désormais « vain », a rapporté l’agence SPA. Lors d’un entretien téléphonique, le roi a répondu à M. Medvedev que « le royaume saoudien ne pourrait jamais se défaire de ses obligations religieuse et morale à l’égard des événements en Syrie », selon les propos rapportés par l’agence, qui laissent percer son exaspération à l’égard de Moscou. « Les amis russes auraient dû procéder à une coordination russo-arabe avant d’opposer leur veto au Conseil de sécurité » de l’ONU le 4 février à un projet de résolution condamnant la répression en Syrie, a poursuivi le souverain.


Plus tard, M. Medvedev et son homologue iranien Mahmoud Ahmadinejad se sont prononcés contre toute ingérence en Syrie lors d’un autre entretien téléphonique, a annoncé le Kremlin. Les deux présidents « ont souligné la nécessité de faire cesser la violence, de lancer un dialogue constructif entre le pouvoir et l’opposition sans condition préalable », et ont rappelé l’importance d’avancer « sur la voie de réformes politiques et socio-économiques ».

 

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