Les forces de sécurité syriennes ont tiré samedi sur des milliers de personnes participant aux funérailles de manifestants tués la veille dans le quartier de Mazzé, selon des militants.
Un manifestant a été tué et plusieurs autres blessés dans ce quartier stratégique du centre-ouest de la capitale syrienne, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
"Les funérailles se sont transformées en manifestation à Mazzé. C'est le rassemblement massif le plus proche de la Place des Omeyyades", la célèbre place du centre-ville, a affirmé à l'AFP Rami Abdel Rahmane, chef de l'OSDH.
"C'est la première fois qu'il y a des manifestations d'une telle ampleur dans le centre de Damas", a déclaré à l'AFP Mohammad Chami, porte-parole des militants dans la province de la capitale. Selon lui, les funérailles ont rassemblé "15.000 personnes", en dépit de la menace des services de sécurité et de la neige qui tombait samedi sur la capitale syrienne.
"Les forces d'Assad tirent sur les participants aux funérailles et lancent du gaz lacrymogène pour les disperser", avait auparavant déclaré à l'AFP M. Chami, évoquant des "tirs nourris". "Après les tirs, les gens se sont cachés là où ils le pouvaient", a-t-il ajouté. "La télévision d'Etat n'a pas couvert les faits alors qu'ils se déroulaient à quelques pas" de ses locaux, a-t-il précisé.
Surplombé par le palais présidentiel, le quartier de Mazzé abrite de nombreuses ambassades, des bâtiments gouvernementaux et des services de sécurité ainsi que certains quotidiens officiels.
Une campagne de perquisitions et d'arrestations était en cours samedi dans le quartier, a ajouté l'OSDH.
Une image prise d'une vidéo montrant le corps criblé
de balles de Samer el-Khatib, tué samedi à Mazzé.
YouTube/AFP
Vendredi, des manifestations inédites avaient secoué le quartier avant d'être réprimées par les forces de sécurité, faisant au moins quatre morts, dont deux adolescents de 11 et 13 ans, selon l'OSDH.
La capitale était jusqu'à présent plus habituée aux rassemblements massifs de partisans du régime du président Bachar el-Assad.
"Le régime est probablement très surpris de voir autant de gens à Mazzé. Avant les gens n'osaient pas descendre, aujourd'hui ils osent et ils oseront encore plus", a assuré M. Chami.
Au total, cinq civils sont morts samedi par les tirs des forces de sécurité ou de tireurs embusqués: à Homs, Hama (centre), Idleb (nord ouest), Deraa (sud) et Damas, selon l'OSDH.
La situation est particulièrement critique à Homs, qui a connu vendredi le plus violent pilonnage depuis deux semaines, aggravant la crise humanitaire dans plusieurs quartiers qui, selon les militants, manquent de vivres ou de matériel médical et peinent à communiquer avec le monde extérieur.
Le président Assad a affirmé samedi au vice-ministre chinois des Affaires étrangères Zhai Jun, que son pays était visé pour le rôle "historique qu'il joue au Proche-Orient", selon l'agence officielle Sana. Il a également "apprécié la position de la Chine à l'égard des dirigeants et du peuple syriens" a indiqué l'agence.
Les événements en Syrie, a poursuivi M. Assad, "visent à diviser ce pays, à porter un coup à sa position géopolitique et à son rôle historique dans la région". Il s'est dit en outre déterminé à "avancer dans le processus des réformes politiques conformément à un plan et un calendrier précis".
Pour sa part, l'émissaire chinois, arrivé la veille à Damas, a affirmé le soutien de son pays au régime syrien. "La Chine appuie les réformes en cours en Syrie et les mesures importantes prises par ce pays dans ce domaine", a-t-il déclaré en référence au projet de nouvelle constitution établi par les autorités et l'annonce de la tenue le 26 février d'un référendum sur ce texte. M. Zhai a assuré que "la Chine poursuivra son rôle constructif et positif visant à trouver une solution politique à la crise, à travers le dialogue entre toutes les parties, et loin de toute intervention étrangère".
Les autorités syriennes ont prévu un référendum le 26 février sur un projet de nouvelle Constitution supprimant l'hégémonie du parti Baas, mais l'opposition et les militants pro-démocratie ont annoncé leur volonté de boycotter le scrutin qualifié de "plaisanterie" par Washington.
Le ministre chinois a également appelé toutes les parties à un retour au calme. Pékin, qui avec Moscou a bloqué à deux reprises des résolutions à l'ONU condamnant la répression en Syrie, appelle "le gouvernement, l'opposition et les hommes armés à arrêter immédiatement les actes de violences", a-t-il déclaré, estimant que le calme devait revenir "le plus rapidement possible".
Avant sa visite, l'émissaire avait rappelé que son pays n'approuverait "pas une intervention armée en Syrie, ni l'avènement par la force d'un soi-disant +changement de régime+".
Face au soutien de Pékin à Damas, Washington reste à obtenir une réponse internationale contre la Syrie. Des responsables américains de la Défense cités par la chaîne NBC, ont annoncé aujourd'hui qu'un "bon nombre" de drones militaires et des services de renseignement américains opèrent au-dessus de la Syrie pour suivre les attaques des militaires contre l'opposition et les civils.
Ces vols d'avions sans pilotes ne constituent pas une préparation à une intervention militaire américaine, a ajouté la chaîne qui cite des responsables américains de la défense s'exprimant sous couvert de l'anonymat.
Le gouvernement américain espère utiliser cette surveillance aérienne et les interceptions de communications du gouvernement syrien et de ses militaires pour appuyer son argumentation en vue d'une réponse internationale contre la Syrie, selon NBC.
La chaîne télévisée ajoute que des discussions ont eu lieu au sein de la Maison Blanche, du département d’État et du Pentagone sur d'éventuelles missions humanitaires en Syrie. Mais les responsables américains craignent que ces missions ne puissent être lancées sans mettre en danger les participants et entraîner de façon quasi certaine les États-Unis à jouer un rôle militaire en Syrie.
Lire aussi : Les manifestants défient le régime jusqu’à Damas et Alep.
Un manifestant a été tué et plusieurs autres blessés dans ce quartier stratégique du centre-ouest de la capitale syrienne, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
"Les...
commentaires (6)
Ce ne sont pas "les forces de Assad!!" Je trouve inacceptable de d'écrire comme ça... Ce sont les Forces Armées Syriennes pour ceux qui ne le savent pas!! le parti du Future (lequel?) et leur presse ainsi les télés dirigées arabes vont même plus loin et disent et/ou laissent dire "3isabet el Assad" ... c'est très professionnel et surtout dénué d'ingérence, n'est ce pas!!? Ainsi les terroristes armés deviennent bien évidemment "le Peuple"... What else!!!!! Tout dépend de comment la nouvelle alliance diabolique et seule conscience du monde le veut!
Ali Farhat
14 h 01, le 19 février 2012