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Culture - Photo

L’« Allégorie du visible » de Mustapha Azeroual

Arbres, espaces ouverts, lignes d’horizon et lumière du noir... Autant de thématiques qu’expérimente le photographe français d’origine berbère Mustapha Azeroual dans des représentations flirtant avec l’abstraction. Exposées sous l’intitulé « Allégorie du visible » à la galerie Art Factum.

De la série « Résurgence » (140 x 100 cm, 2010).

L’espace blanc et épuré de la galerie Art Factum* (ancienne usine à La Quarantaine), qui lui offre ses cimaises pour sa toute première exposition individuelle, se prête merveilleusement aux quasi « œuvres au noir » du photographe Mustapha Azeroual. Des prises de vues assez élaborées de villes, d’arbres, d’horizon, ou encore des compositions abstraites en découpes géométriques de lumière sur noir profond débordant le cadre de l’enregistrement du réel pour irradier une subtile aura de mystère.
L’artiste, qui a à son actif plusieurs expositions collectives en France, dont une se déroulant actuellement aux Beaux-Arts, a fait appel au critique Jérôme Duvigneau pour expliciter dans des textes d’une réflexion érudite son travail « né d’une démarche intellectuelle avant d’être photographique », affirme-t-il.
En effet, les images, majoritairement de grand format et en noir et blanc, de ce trentenaire explorent, essentiellement, la dichotomie des rapports entre réel, visible et invisible. Ou « comment, par l’usage d’une caméra et de procédés d’impressions alternatifs, on peut guider l’œil au-delà du champ de son regard habituel », indique Mustapha Azeroual dans la note d’intention accompagnant l’accrochage. Précisant que c’est la volonté de « dégager l’objet des formes et volumes qui le masquent pour en révéler sa vraie nature, sa dynamique sous-jacente, sa vibration » qui sous-tend l’ensemble de son travail.
C’est autour de ce postulat et au moyen de l’expérimentation d’un certain nombre de pratiques photographiques que s’articulent donc ses compositions, présentées, ici (jusqu’au 17 mars), en cinq séries distinctes. Et éditées, chacune, de cinq à dix exemplaires.
La première, « Tour du monde », réinterprète l’espace urbain. En l’occurrence, celui du quartier de La Défense, à Paris, où la majorité des photos ont été prises. Réalisées avec la Pinhole camera, un appareil fonctionnant suivant une technique de prise de vues très ancienne (en fait celle de la toute première caméra Oscura inventée au XIXe siècle), qui leur donne un rendu glacé avec de la profondeur et une fausse impression de superposition (obtenu aussi par l’utilisation du papier cibachrome (qui était employé au XIXe siècle et qu’on ne fait plus), ces images architecturo-urbaines transforment la réalité familière en un espace virtuel et « tendent à pointer l’invisible comme force à l’œuvre dans ce que l’on voit » (dixit Duvigneau).
Dans « Radiance », la seule série en couleurs, le photographe explore également le rapport avec l’espace, mais à travers des panoramas ouverts cette fois. Des paysages de montagne immortalisés avec un appareil argentique et une grande vitesse de prise de vues, qui ressortent, à l’image, comme des plaines ou des lignes d’horizon verdoyantes et semi-abstraites.
Baptisée « Noir » tout simplement, cette suite de compositions abstraites – qui évoque le travail sur la lumière des toiles noires de Soulages – est née d’une réflexion sur le parallèle entre peinture et photo. Le noir et la lumière « consubstantielle au médium photographique » y sont utilisés dans une démarche de matière et de réflexion sur la différence entre invisible et non-visible.
Sans plus être dans le noir absolu, les teintes restent sombres et les motifs peu contrastés dans les deux dernières séries : « Altérations » et « Résurgences ». Deux suites où « la sensibilité de l’œil est affectée par le rendu de la matière, par les pigments, par la texture du papier qui confèrent à l’image une densité et une présence particulières », indique Jérôme Duvigneau.
La première – imprimée non pas en atelier, mais par l’artiste lui-même sur du papier fibre épinglé comme une toile sur un châssis – offre des variations autour d’un motif de branchages, d’épines et de ramures...
La seconde, « habitée » par les frémissements et vibrations de l’arbre choisi comme thème central, est traitée par un croisement du procédé ancien de la gomme bichromatée avec celui de la numérisation, pour obtenir au final des « Allégories du visible ». Des constructions photographiques qui semblent émaner d’une catégorie étrange du souvenir, une sorte de mémoire collective puisée non plus d’un référent dans le réel, mais d’une accumulation, d’une superposition, de référents.

* La Quarantaine (près Sleep Comfort). Horaires d’ouverture : du lundi au vendredi de 12h à 19h ; samedi de 14h à 17h. Tél. : 01/443263.
L’espace blanc et épuré de la galerie Art Factum* (ancienne usine à La Quarantaine), qui lui offre ses cimaises pour sa toute première exposition individuelle, se prête merveilleusement aux quasi « œuvres au noir » du photographe Mustapha Azeroual. Des prises de vues assez élaborées de villes, d’arbres, d’horizon, ou encore des compositions abstraites en découpes...

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