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Culture - Exposition

Rima Jabbur, quand les portraits racontent des histoires

Il flotte comme un parfum de passé sur les toiles de Rima Jabbur. Des portraits de femmes et d’hommes, dans et hors Beyrouth, qui racontent des histoires. Un accrochage qui se poursuit à la galerie Janine Rubeiz * jusqu’au 29 février.

Portrait de jumelles bien sages.

«Portraits and Hikayat», tel est le nom de la série de toiles que présente Rima Jabbur à la galerie Janine Rubeiz jusqu’au 29 février, et si le mot histoires est exprimé en arabe, ceci est volontaire pour insister sur l’appartenance de l’artiste à une terre et à une langue.
Née au Liban, Rima Jabbur a émigré aux États-Unis avec ses parents à l’âge de huit ans. Elle poursuit ses études de philosophie à l’Université de Cornell (New York), de peinture au Maryland Institute College of Art ainsi qu’à Towson State University. En 2003, elle suit un séminaire avec le célèbre peintre Odd Nerdrum en Norvège. Après ses études, l’artiste est nommée senior curatrice à la galerie Jenkins. Elle enseignera par la suite la peinture et le dessin à Valencia Community College à Orlando.
Très tôt, Jabbur adopte une approche traditionnelle de la peinture. «Je n’avais aucune affinité avec l’abstrait ni les autres genres modernes et, depuis le début, l’art du portrait m’interpellait. À l’époque où les disciplines conceptuelles et autres envahissent l’esprit, je me suis appropriée cet art réaliste que j’ai fait mien.» S’inspirant des écoles de la Renaissance et de la grande tradition anglaise, l’artiste affirme son rapport très personnel avec le réalisme.
Pour Rima Jabbur, cet accrochage qui «met en scène» des Beyrouthins (famille, amis ou étrangers) est une occasion de témoigner de son appartenance à une ville qui l’habite encore. «Je ne suis pas une étrangère et, même si je vis en Californie, mon esprit voyage souvent vers Beyrouth.»

L’essence de la ville
Elle brosse de son trait fin et de son regard affûté cette capitale cosmopolite, cette ville de mille effluves, des trottoirs et des balcons, de l’intérieur emmêlé dans l’extérieur, de la convivialité et surtout de la lumière. «Elle y est particulière à Beyrouth, dit l’artiste. La capitale libanaise est également pleine d’humour. Elle a son caractère particulier séduisant et charmeur qui n’existe dans aucune autre cité.»
Ce n’est cependant pas à la manière des cartes postales que Jabbur décrira sa ville, mais à travers ses habitants qui portent en eux les humeurs ainsi que les blessures de la capitale libanaise. Son approche est physique, presque organique. On «ressent» la ville tout comme on devine l’anatomie des modèles, croquée avec précision.
Ainsi, si la technique est très traditionnelle dans ces huiles, elle est néanmoins nourrie des disciplines artistiques modernes. Pour arriver à reproduire ce qu’elle veut à travers un portrait, l’artiste peint en studio ou prend des photos du modèle. C’est une véritable mise en scène qui s’installe avec la lumière et le plan qu’il faut, «et parfois avec des costumes nécessaires», précise-t-elle en rigolant .
Au besoin, Rima Jabbur ajoute des détails évocateurs ou des animaux (tout comme les anciens peintres classiques, mais aussi comme certains cinéastes surréalistes modernes) qui, à leur tour, racontent d’autres histoires. Le portrait devient alors une fenêtre qui s’ouvre à des centaines de lectures. Dans cette perspective et, par instants, dans une tridimensionnalité rendue possible grâce à la profondeur des champs, le regard plonge dans celui des personnages qui semblent chuchoter un secret. Il s’installe une sorte de complicité triangulaire. D’abord entre l’artiste et son modèle et, par la suite, entre ce dernier et le spectateur.
Ici des jumelles sagement assises et là une dame aux ailes vaporeuses. Ici encore une cavalière en tendre accord avec son cheval et là des jeunes femmes dans un paysage presque onirique. Mais aussi une femme enceinte dans toute sa nudité et une petite jeune fille timide osant à peine dévoiler ses atouts féminins. Enfin, un couple à son balcon qui regarde le temps passer et une dame dans sa demeure beyrouthine ayant souffert du passage du temps.
Sur la toile de Rima Jabbur, pas d’ostentation ni de violence dans le dessin, mais une évocation en douceur des liens qui se tissent, s’enchevêtrent tel un écheveau, se dissimulent sous des couches de couleurs pour mieux exprimer la trame humaine.

* Galerie Janine Rubeiz (imm. Majdalani, Raouché). Ouverte du mardi au vendredi de 10h à 19h et les samedis de 10h à 14h.
«Portraits and Hikayat», tel est le nom de la série de toiles que présente Rima Jabbur à la galerie Janine Rubeiz jusqu’au 29 février, et si le mot histoires est exprimé en arabe, ceci est volontaire pour insister sur l’appartenance de l’artiste à une terre et à une langue. Née au Liban, Rima Jabbur a émigré aux États-Unis avec ses parents à l’âge de huit ans....

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