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À La Une - syrie

Homs, "une ville triste, une ville fantôme"

Plus de 80 tués aujourd'hui ; Obama dénonce un "bain de sang atroce".

Comme Homs, Zabadani est sous le feu. Photo d'une vidéo Youtube

Plus de 80 personnes ont été tuées jeudi en Syrie, dont une majorité de civils abattus par les forces du régime dans la ville de Homs, haut lieu de la contestation dans le centre du pays.

 

"53 civils ont été tués dans de violents bombardements sur Homs, dont 35 dans le quartier de Baba Amr, et onze (...) dans le pilonnage de leurs maisons dans le quartier d'Inchaat", a affirmé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

 

Outre Homs, les troupes mènent des opérations contre d'autres foyers de la contestation, comme à Deir Ezzor (est), Zabadani et Madaya à 40 km au nord de Damas, Idleb (nord-ouest), et des villes de la province de Deraa (sud).
Ainsi, dix civils ont péri à Zabadani, quatre à Idleb, un à Deraa et sept à Khaldiyé, près de Damas. Par ailleurs, sept membres des forces de sécurité ont été tués et douze blessés dans une embuscade tendue par des dissidents sur la route reliant Deraa (sud) à Damas.


Mais le drame, c'est Homs. Les troupes syriennes ont pilonné cette ville avec acharnement, jeudi, au 6e jour d'un assaut destiné à faire plier cette localité rebelle. Entre samedi et mercredi soir, plus de 400 civils y ont été tués, selon le chef de l'OSDH Rami Abdel Rahmane.

"Les roquettes pleuvent sans arrêt sur Baba Amr", un quartier de Homs, a indiqué un militant sur place Omar Chaker.
"Certains immeubles sont totalement détruits. Homs est une ville triste, une ville fantôme", affirme Jad al-Homsi, un autre militant en estimant que les armes individuelles des membres de l'Armée syrienne libre (ASL), censée défendre les civils, "ne font pas le poids face aux roquettes du régime", dit-il.


Un médecin, Ali al-Hazouri à Baba Amr, joint par l'AFP via Skype, a fait état de nombreux blessés et de "gens sous les décombres". Selon le militant Omar Chaker, "des corps carbonisés se trouvent dans des maisons visées par les bombardements. Les habitants se réfugient dans les étages inférieurs en l'absence d'abris".


Amnesty international a confirmé environ 250 morts en majorité des civils "sans armes", disant craindre "une crise humanitaire majeure" à Homs où les communications téléphoniques et l'électricité sont coupées, les infrastructures détruites, les médicaments et la nourriture se font rares selon les militants.


Le pouvoir, qui se refuse à reconnaître le mouvement de contestation lancé le 15 mars 2011, a confirmé une opération à Homs mais affirmé que ses forces y pourchassaient les "groupes terroristes" qu'il accuse d'être à l'origine des violences contre les civils.

 

 

Retour des observateurs arabes

 

Le président américain Barack Obama a dénoncé jeudi soir le "bain de sang atroce" qui est selon lui en cours en Syrie, à l'occasion d'une rencontre à la Maison Blanche avec le Premier ministre italien Mario Monti.

 

"Il est clair que ce régime veut, coûte que coûte, tuer, assassiner, blesser ses propres citoyens", a délcaré pour sa part le Premier ministre britannique David Cameron à la presse. "Ce que nous voyons sur nos écrans de télévision est tout à fait inacceptable... c'est vraiment épouvantable les scènes de destruction à Homs", a-t-il ajouté.

 

"La brutalité effarante dont nous sommes témoins à Homs, avec des armes lourdes tirant sur des quartiers résidentiels, laisse à penser malheureusement que la situation va s'aggraver", a également déclaré le chef de l'ONU Ban Ki-moon pour qui M. Assad "doit être tenu pour responsable".

 

M. Ban a en outre annoncé que le Conseil de sécurité examinerait bientôt une demande de la Ligue arabe suggérant une "mission conjointe en Syrie, avec un émissaire spécial commun", après la décision selon lui de l'organisation arabe de renvoyer ses observateurs dans ce pays.

Une décision approuvée par la France "à condition que ces derniers (les observateurs) puissent exercer librement et entièrement leur mandat", a déclaré le ministère français des Affaires étrangères.


Il a aussi estimé que le veto russo-chinois à un texte présenté à l'ONU par les Arabes et les Occidentaux, prévoyant aussi une transition démocratique, allait encourager la répression qui a fait des milliers de morts.


Malgré l'indignation provoquée par son veto, la Russie, un allié du régime Assad, continue à opter pour la non ingérence en Syrie, après avoir envoyé son chef de la diplomatie Sergueï Lavrov rencontrer mardi à Damas M. Assad qui a pourtant promis à son interlocuteur de "faire cesser" l'effusion de sang.


Face au blocage à l'ONU, plusieurs pays ont pris des mesures unilatérales pour accentuer l'isolement du régime Assad visé déjà par des sanctions: Washington a fermé son ambassade, des pays européens ont rappelé leurs ambassadeurs et les monarchies du Golfe ont décidé d'expulser les ambassadeurs syriens. Jeudi, le ministère libyen des Affaires étrangères a donné aux diplomates syriens 72 heures pour quitter le pays.
La Turquie veut, elle, organiser une conférence internationale et les Etats-Unis ont annoncé une prochaine réunion d'un groupe de pays "amis du peuple syrien".
L'Allemagne pour sa part a annoncé l'expulsion de quatre employés de l'ambassade de Syrie, en relation avec une affaire d'espionnage d'opposants syriens.

 

 

La Russie tue nos enfants...


Comme chaque semaine depuis le début de la contestation, les militants pro-démocratie ont par ailleurs appelé les Syriens à manifester en masse vendredi, cette fois-ci pour dénoncer l'appui de la Russie au régime du président Assad et son veto à une résolution condamnant la répression à l'ONU, qui a accentué les divisions internationales. "La Russie tue nos enfants. Ses avions, ses chars et son veto aussi tuent nos enfants", ont-ils écrit sur la page Facebook "Syrian Revolution 2011".


Le Conseil national syrien (CNS), principale formation de l'opposition a estimé dans un communiqué que la crédibilité de Moscou était "largement entamée". "La Russie a besoin de recouvrer sa crédibilité auprès du peuple syrien en usant de son influence sur le régime" pour faire cesser immédiatement les tueries et négocier le départ du président Assad.


Le CNS a par ailleurs tenu jeudi des réunions au Qatar sous la présidence de Burhan Ghalioun, pour débattre des développements politiques "avant deux réunions importantes, celle du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) et celle de la Ligue arabe", prévues dimanche au Caire, a précisé l'un de ses membres.



 

 

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