Les capitales occidentales et arabes sous le choc du massacre de Homs

L’ampleur du massacre de Homs, épicentre de la contestation en Syrie où plus de 200 personnes ont été tuées depuis vendredi selon l’opposition, a suscité l’écœurement des capitales occidentales. Cette tuerie est apparue pour beaucoup comme le massacre de trop.
Le président américain Barack Obama a accusé le dirigeant syrien Bachar el-Assad d’avoir « assassiné des civils » dans les « attaques abominables » qui ont eu lieu à Homs vendredi soir, lui demandant une nouvelle fois de quitter le pouvoir. Avant lui, les gouvernements français, britannique, espagnol, allemand et turc avaient condamné ces violences d’une ampleur inédite depuis le début de la contestation. « Les autorités syriennes ont franchi un pas supplémentaire dans la sauvagerie. Le massacre de Homs est un crime contre l’humanité, ses auteurs devront en répondre », a ainsi déclaré le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé. Son homologue britannique William Hague s’est quant à lui dit « horrifié », ajoutant que « les actions du régime syrien démontrent le cynisme sans pitié du président Assad ». Alors que Damas a démenti avoir bombardé la ville de Homs, Londres et Paris ont dénoncé un « déchaînement de violence » et souligné « l’urgence » d’une action internationale. À Madrid, le gouvernement a estimé que la répression avait atteint « des niveaux insupportables ».

Une soixantaine de morts
Les forces du régime syrien continuaient de tirer hier sur Homs, où les habitants redoutaient un nouveau massacre dans la région. « Nous craignons de voir se reproduire ce qui s’est passé à Khalidiyeh (le quartier le plus touché par le pilonnage de la nuit), tout particulièrement après le veto russe au Conseil de sécurité de l’ONU », a déclaré Abou Rami. « Des explosions retentissent depuis ce matin dans la vieille ville », a-t-il ajouté depuis la ville encerclée et régulièrement visée depuis des mois par les forces du régime. Selon Omar Chaker, un autre militant joint via Skype, le quartier de Baba Amro a été la cible de tirs depuis le matin jusqu’en début d’après-midi. « Nous avions l’habitude des obus de mortier, mais aujourd’hui ils utilisent des lance-roquettes », a-t-il précisé. « Des membres de l’armée régulière qui sympathisent avec la révolution ont dit que l’armée prévoit de bombarder Baba Amro pendant des jours avant d’envahir le quartier », a-t-il ajouté.
Au total, au moins cinquante-six personnes ont été tuées hier dans les violences, pour moitié des civils, a annoncé l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) dans un communiqué. Les violences ont ainsi fait 28 morts civils : 23 dans la région de Homs, deux à Daraya et trois dans la région d’Idleb. Selon l’organisation, cinq enfants figurent parmi les victimes. Dans le même temps, 28 soldats de l’armée régulière ont trouvé la mort : 14 dans la région d’Idleb, 7 à Houla, 3 à Zabadani et 4 à Deraa.
Enfin, des coups de feu ont été entendus dans la nuit de samedi à dimanche à la frontière entre la Syrie et la Turquie, provoquant un mouvement de frayeur parmi les villageois turcs qui ont évoqué des opérations de l’armée syrienne dans deux villages syriens, a-t-on indiqué de source locale. Des rafales de fusils mitrailleurs se sont poursuivies jusque tard dans la nuit, a précisé un habitant turc du village de Güveççi, situé juste à la frontière dans la province de Hatay. Cet habitant a affirmé que l’armée syrienne avait organisé une opération contre des opposants dans le village de Aïn al-Beida, situé côté syrien.
(Source : agences)