Le régime syrien poursuit sans relâche ses opérations militaires contre la révolte qui ne faiblit pas depuis dix mois.
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, 49 personnes ont été tuées jeudi à travers le pays dont 34 civils, huit soldats et sept déserteurs.
A Homs (centre), berceau de la contestation, l'armée syrienne a lancé une offensive, et 26 civils dont neuf enfants ont été tués, indique l'organisation basée en Grande-Bretagne.
Dans la province de Deraa, un adolescent a été tué par des tirs aveugles des forces de sécurité sur une manifestation étudiante dans la ville de Nawa, selon l'Observatoire qui cite des habitants.
Quatre civils ont péri dans la ville de Hama (centre), deux dans la banlieue de Damas et un dans la province d'Idleb (nord-ouest), selon la même source.
Les forces syriennes ont également lancé une offensive contre Douma, à 20 km de la capitale, et y affrontaient la résistance de soldats déserteurs, qui avaient brièvement pris cette ville le 21 janvier, a indiqué l'OSDH, précisant que plus de 200 personnes ont été arrêtées.
Parallèlement, à Damas et dans d’autres villes du pays, des dizaines de milliers de partisans de Bachar el-Assad sont descendus dans les rues, pour dire leur refus de toute ingérence étrangère dans les affaires de leur pays.
Dans le centre du pays, onze pèlerins iraniens ont été enlevés par un groupe inconnu alors qu'ils étaient en route vers Damas, a affirmé le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Ramin Mehmanparast, qui a demandé au gouvernement syrien d'intervenir pour les libérer. Sept ingénieurs iraniens, qui travaillaient à la construction d'une centrale électrique à Jandar, ont déjà été enlevés fin décembre dans la région de Homs.
Ces violences interviennent alors que le secrétaire général de la Ligue arabe va se rendre samedi au siège de l'ONU afin de solliciter le soutien du Conseil de sécurité au plan de sortie de crise arabe pour la Syrie. Une réunion est prévue lundi à New York avec le Conseil de sécurité, divisé sur le sujet, pour lui "demander de ratifier" ce plan, a indiqué Nabil al-Arabi. "Je suis profondément préoccupé par la poursuite de l'effusion de sang et de la violence en Syrie, qui se traduisent par la mort de victimes innocentes", écrit-il dans un communiqué diffusé aujourd’hui.
Un opposant syrien résidant en France, Haitham Manaa, a appelé la Ligue à mener des consultations avec la Russie, avant de solliciter l'appui de l'ONU. "J'espère que Nabil al-Arabi se rendra à Moscou avant New York", a affirmé à M. Manaa, un dirigeant du Comité national pour le changement démocratique (CNCD), deuxième pôle d'opposition après le Conseil national syrien (CNS).
"La Russie pourrait appuyer cette intiative si elle sent qu'elle en fait partie. Mais si elle est marginalisée, elle s'y opposera", a prévenu cet opposant, dont la formation maintient des contacts avec Moscou. "Les Russes veulent un rôle plus important", a-t-il encore ajouté.
La Ligue arabe avait reconduit dimanche pour un mois le mandat de ses observateurs, arrivés en Syrie le 26 décembre, malgré les doutes exprimés jusque dans les rangs de l'organisation quant à son utilité.
Parallèlement, l'ancien vice-président syrien, Abdel Halim Khaddam, aujourd'hui opposant et réfugié à Paris, a affirmé jeudi dans un entretien au journal Le Figaro, que Bachar el-Assad regrouperait ses armes dans les régions alaouites, la communauté minoritaire dont il est issu.
"Bachar et son clan ont d'abord distribué des fusils et des mitraillettes dans les villes et les villages peuplés par leurs compatriotes alaouites. Depuis un mois, ils ont aussi commencé à transférer les armements lourds de l'armée, par la route, vers le littoral, en les dissimulant sur les collines et les hauteurs", déclare l'ancien dignitaire du régime syrien, qui avait fait défection en 2005. "Les missiles et les armes stratégiques ont déjà intégralement été transférés. Les tanks et l'artillerie, en partie seulement, car le régime en a besoin pour assurer la répression contre les manifestants dans les villes. Bachar a également prévu d'envoyer ses avions de chasse sur l'aéroport de Lattaquié", ajoute-t-il.
La communauté alaouite représente environ 8% de la population de la Syrie. "Les zones alaouites partent du sud-ouest de Homs et remontent, via Hama, jusqu'à la ville de Lattaquié, sur le littoral", précise au Figaro Abdel Halim Khaddam.
Selon cet opposant, Bachar el-Assad applique aujourd'hui un plan "qui vise à créer une guerre de religion, une guerre interconfessionnelle". "La force ayant échoué, il ne lui reste donc plus qu'à mettre en place son plan de déstabilisation et de partition de la Syrie, qui entraînerait la destruction du pays", affirme-t-il. "Je sais qu'il y a un mois, il s'est confié à l'un de ses affidés libanais et lui a dit son intention de créer un État alaouite d'où il pourrait mener une guerre fratricide et confessionnelle", ajoute-t-il.
Les militants anti-régime ont appelé, quant à eux, à manifester en masse vendredi sous le slogan "le droit à l'autodéfense" face à la répression, sur leur page Facebook "Syrian Révolution 2011".
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Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, 49 personnes ont été tuées jeudi à travers le pays dont 34 civils, huit soldats et sept déserteurs.
A Homs (centre), berceau de la contestation, l'armée syrienne a lancé une offensive, et 26 civils...
commentaires (9)
Mais Jabbour, à qui s'adresserait alors Aoun ? A ses partisans uniquement ? A quoi ça sert puisqu'ils lui sont déjà aveuglément voués corps et âmes ? Il s'adresse à tout le monde pour essayer de convaincre un maximum de gens, c'est normal. Mais le problème c'est que ça ne marche pas, justement parce que la majorité des Libanais savent faire la différence. C'est un peu comme vous ici... Vous essayez en fait de vous convaincre vous-même (je ne vois pas qui vous pouvez convaincre d'autre) que vous avez raison de soutenir fermement votre tyran bien aimé, de vous trémousser de satisfaction devant le sang qui coule en Syrie, de donner raison à la Russie qui n'a pour seul but que celui de vendre ses armes, de radoter sur Taëf, 2013, etc. Mais bon, vous pouvez continuer car vous lire est parfois un moment de détente.
Robert Malek
08 h 35, le 27 janvier 2012