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À La Une - Révolte

Al-Azhar appelle les Arabes à agir pour cesser la violence en Syrie

Des milliers de Syriens manifestent pour une internationalisation de la crise

Manifestation contre le régime syrien à Khalidiya à Homs.

Le grand imam d'Al-Azhar, principale institution musulmane sunnite d'Egypte, a appelé vendredi les dirigeants arabes à agir pour arrêter les violences en Syrie où le régime réprime depuis dix mois dans le sang la révolte populaire. "Les dirigeants arabes doivent prendre des mesures sérieuses et immédiates pour faire cesser l'effusion du sang du peule syrien (...) et empêcher toute intervention étrangère en terre arabe", a dit Ahmed al-Tayyeb, chef de l'institution théologique renommée basée au Caire, dans un communiqué.

 

Il a exprimé ses "regrets et (sa) profonde peine face à l'escalade en Syrie" et appelé "les peuples arabes à se tenir au côté de la Syrie" dans l'espoir de l'instauration de "la liberté et la justice", selon le communiqué publié par l'agence officielle égyptienne Mena.

 

En novembre, cheikh el-Tayyeb, avait apporté son soutien aux dizaines de milliers de manifestants égyptiens rassemblés au Caire pour réclamer la chute du conseil militaire au pouvoir en Egypte depuis la chute du régime de Hosni Moubarak en février 2011. C'était la première fois depuis de nombreuses années que l'imam d'Al-Azhar, désigné par le président de la République, adopte des positions opposées au pouvoir.

 

Le chef des observateurs envoyés par la Ligue arabe, Mohammed Ahmed Moustapha al-Dabi, doit présenter dimanche au Caire un rapport "décisif" sur la base duquel l'organisation décidera de la suite de la mission. Les observateurs ont été déployés dans le pays après l'accord donné par le régime à un protocole régissant leur mission, qui prévoit un arrêt des violences, le retrait des chars des villes et le déplacement libre des médias étrangers. Mais aucune de ces trois clauses n'a été respectée. Et malgré la présence sur le terrain des observateurs depuis le 26 décembre, la répression n'a pas connu de répit. Des centaines de personnes ont été tuées depuis cette date selon l'opposition et l'ONU.

 

 

En ce qui concerne ce rapport, l'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW) a appelé vendredi la Ligue arabe à le rendre public. "La Ligue arabe devrait faire paraître de façon publique l'intégralité du rapport final de sa mission d'observation en Syrie", estime HRW dans une lettre ouverte adressée à La Ligue arabe et aux ministres arabes des Affaires étrangères. "La Ligue arabe devrait publiquement reconnaître que la Syrie n'a pas respecté le plan de la Ligue", indique encore HRW. "La crédibilité de la mission a été ternie depuis son commencement par son manque de transparence et d'indépendance", estime HRW, regrettant notamment que les critères de sélection des observateurs n'aient pas été pas disponibles.

 

Citant des témoins, HRW rapporte également l'histoire d'un homme blessé par balle le 1er janvier par les forces de sécurité lors d'une manifestation qui s'était tenue peu avant l'arrivée des observateurs à Daria (près de Damas). Transporté dans un hôpital, le manifestant y avait été arrêté par les forces de sécurité. "Les forces de sécurité ont pénétré dans l'hôpital national et se sont rués dans la salle d'opération où ils ont frappé le docteur", lui reprochant d'avoir aidé "cet animal", a confié à HRW une employée de l'hôpital. "Va-t-en avant qu'on ne se serve de toi pour balayer le sol", ont-ils encore lancé au médecin, selon elle. Après le départ des forces de sécurité avec le blessé, "j'ai alors réalisé que nous n'entendrions plus jamais parler de lui (du blessé) ou ne saurions jamais ce qui lui est arrivé", a-t-elle ajouté.

HRW appelle en outre l'institution panarabe à "demander au Conseil de sécurité des Nations unies d'imposer des sanctions ciblées pour mettre fin aux tueries incessantes".

 

Le Conseil national syrien (CNS), plus important groupe de l'opposition, a réclamé, de son côté, que le rapport des observateurs "qualifie les actes du régime de +crimes de guerre+ et de +génocide+".

 

Malgré les fortes critiques contre la Ligue arabe,  "Tout semble indiquer que le mandat de la mission d'observation sera prolongé en Syrieet que le nombre d'observateurs sera porté à quelque 300", soit quasiment le double du chiffre actuel, a déclaré à l'AFP un responsable de l'organisation panarabe sous couvert de l'anonymat.

 

Sur le terrain, des milliers de manifestants sont descendus dans la rue aujourd'hui pour réclamer notamment une saisine du Conseil de sécurité de l'ONU. La manifestation était placée sous le slogan de la "libération des détenus de la révolution". Les manifestants ont commencé à défiler à la sortie des mosquées à la mi-journée, appelant à la chute du régime et à la libération des détenus, dans les provinces d'Alep (nord) d'Idleb et Lattaquié (nord-ouest), à Deraa (sud) et à Hama (centre), selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

 

 Sur cette photo tirée d'une vidéo YouTube, des militants anti-régime à Idleb, habillés en prisonniers et brandissant des pancartes sur lesquelles sont inscrites les noms de détenus syriens.

 

Comme tous les vendredis, les forces du régime étaient déployées en force dans la plupart des localités pour empêcher ces manifestations. A Idleb, des soldats ont ouvert le feu pour disperser les protestataires, a ajouté l’OSDH. En outre, les services de sécurité ont remis les corps de six personnes, disparues depuis deux jours, à leurs proches dans cette région.

L'OSDH a indiqué être sans nouvelle d'un opposant de poids, Mohamed Jabar Moussalama, membre du Comité national pour le changement démocratique (CNCD), depuis son arrestation le 14 janvier par des membres des services des renseignements.

 

Selon un premier bilan cinq civils ont été tués, un à Douma, deux à Homs et deux à Deir Ezzor. A Deraa, un membre des forces de sécurité a été tué.

 

Plusieurs mouvements d'opposition syriens réclament une saisine de l'ONU, allant dans le sens des demandes occidentales. Le CNS a ainsi réclamé le transfert du dossier syrien au Conseil de sécurité de l'ONU, et la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne pour protéger les civils des "crimes" du régime.

Sur leur page Facebook "The Syrian Revolution 2011", des militants ont également à nouveau réclamé une "internationalisation" de la crise, après une demande similaire d'ONG arabes ayant jugé inefficace la mission des observateurs envoyés par la Ligue arabe.

 

Sur le plan diplomatique, le président français, Nicolas Sarkozy, a déclaré que la France "ne se taira pas devant le scandale syrien" et ne peut accepter "la répression féroce" de la contestation par le régime du président Bachar el-Assad, "qui conduit tout droit le pays au chaos". Le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, a, quant à lui, écarté l'idée du Qatar d'envoyer des troupes arabes en Syrie, indiquant que "dans le contexte régional actuel, nous ne travaillons pas à un tel scénario". Le rejet français rejoint la position russe. Mercredi, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, avait affirmé que son pays s'opposait à l'éventuel envoi de troupes étrangères en Syrie.

 

La France et la Russie sont néanmoins à couteaux tirés au Conseil de sécurité de l'ONU. Depuis des mois, Paris réclame que le Conseil condamne la répression en Syrie, mais Moscou s'y oppose en menaçant de mettre son veto à une résolution.

 

Le grand imam d'Al-Azhar, principale institution musulmane sunnite d'Egypte, a appelé vendredi les dirigeants arabes à agir pour arrêter les violences en Syrie où le régime réprime depuis dix mois dans le sang la révolte populaire. "Les dirigeants arabes doivent prendre des mesures sérieuses et immédiates pour faire cesser l'effusion du sang du peule syrien (...) et empêcher...

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