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À La Une - Syrie

Images CNN d’un contrôle « total » des militaires dissidents sur Bab Amro

Les observateurs noyés dans une marée de manifestants ; 38 tués hier.

Les observateurs arabes en gilet fluo essayant de se frôler un passage dans la marée humaine de manifestants à Idleb.     Photo AFP / YouTube

Des centaines de milliers de personnes ont manifesté hier contre le régime syrien, notamment dans des villes où se trouvaient les observateurs arabes, ce qui n’a pas empêché les forces de sécurité de réprimer dans le sang ces rassemblements. L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a fait état de la mort hier de 20 civils (dont 13 dans les manifestations), deux militaires dissidents et cinq soldats. La chaîne al-Arabiya a, elle, fait état de 32 tués, tandis qu’al-Jazira rapportait un bilan de 38 morts.

 

À Deraa, berceau de la contestation, cinq civils ont péri lorsque les forces de sécurité ont ouvert le feu à balles réelles sur une manifestation, et à Hama, au moins cinq autres ont été tués et plus de 20 blessés, selon l’OSDH. Dans la province d’Idleb, plus de 250 000 manifestants se sont rassemblés dans des dizaines de villes, notamment Idleb, où deux manifestants ont été tués et 37 autres blessés par les forces de sécurité, Maret al-Noman, Khan Cheikhoune et Saraqeb. Toujours selon l’OSDH, des énormes manifestations ont eu lieu à Homs, bastion de la contestation, où les agents de sécurité ont ouvert le feu. Dans cette ville, les corps de cinq personnes arrêtées dans la nuit ont été retrouvés. Une sixième, blessée ce matin par les forces de sécurité, a succombé à ses blessures. Dans la région de Homs, cinq membres des forces de sécurité ont été tués par des soldats dissidents à un barrage près de Houla. Et deux civils et deux soldats dissidents ont été tués dans une embuscade tendue par les forces armées près de Tal Kalakh, à la frontière libanaise, a indiqué l’OSDH.

 

À Douma, plus 60 000 personnes ont manifesté, selon l’OSDH, qui a précisé que les forces de sécurité avaient fait usage de bombes à clous et de gaz lacrymogènes pour disperser les protestataires, blessant 24 d’entre eux. Les forces de l’ordre ont également ouvert le feu sur des manifestants à Damas, arrêtant des protestataires au moment où ils quittaient les mosquées. À Alep, relativement peu touché jusqu’à présent par le soulèvement, des partisans du régime ont « réprimé violemment » une manifestation dans le quartier Salaheddine, selon la même source.

 

 

L’ASL à Bab Amro

De son côté, l’Armée syrienne libre (ASL), formée des militaires dissidents, a reçu l’ordre de cesser le combat pendant la visite des observateurs, a annoncé son commandant. Elle pourrait jouer un rôle crucial dans le cadre du dialogue prévu par le plan de la Ligue arabe. « J’ai donné l’ordre de cesser toutes les opérations à partir du jour où la commission est entrée en Syrie, vendredi dernier. Toutes les opérations ont été stoppées, à l’exception des cas d’autodéfense », a déclaré le lieutenant-colonel Riad al-Asaad. « Nous avons tenté de communiquer avec eux (les observateurs) et nous avons demandé à rencontrer l’équipe, sans succès jusqu’ici. On ne nous a pas donné les numéros (de téléphone) des observateurs, malgré nos demandes. Personne ne nous a contactés non plus », a-t-il ajouté.

Il n’en reste pas moins que la chaîne de télévision CNN a diffusé hier un reportage « exclusif » de l’intérieur de Bab Amro à Homs évoquant un « contrôle total » de l’ASL sur ce quartier. Des interviews avec des officiers qui expliquent leur action visant à empêcher les soldats loyalistes d’avancer vers le quartier émaillent ce reportage ; l’un de ces gradés demandant une zone d’exclusion aérienne sur le quartier pour permettre à davantage d’hommes de faire dissidence et de rejoindre les rangs de l’ASL. Le reportage montre également des rondes nocturnes visant à empêcher l’entrée de chabbihas dans le périmètre de Bab Amro. Les insoumis se sont laissé filmer à visage découvert au milieu de riverains particulièrement enthousiastes.

 

« J’ai vu des snipers de mes propres yeux »...

En attendant, confrontés à une mission difficile, surveillés de près par les services de sécurité syriens et talonnés par des militants antirégime armés de téléphones portables et surveillant leur moindre geste, les observateurs arabes se sont rendus hier à Idleb, Hama, Homs et Deraa, selon l’OSDH. À Deraa, un observateur a assuré à al-Jazira avoir « vu de (ses) propres yeux des snipers sur les toits de certains bâtiments », affirmant avoir demandé aux autorités syriennes de les « faire descendre immédiatement, sinon d’autres mesures seront prises ».

La télévision officielle a également indiqué qu’un groupe était allé à Douma, près de Damas. Dans cette ville, devant une foule en colère, un observateur a déclaré que son équipe était seulement en mission d’observation et qu’elle n’avait pas pour objectif de renverser le président Bachar el-Assad, a révélé une vidéo diffusée sur la chaîne al-Jazira. Sans donner son nom, il a ajouté qu’il promettait de faire état des souffrances des manifestants. « Nous vous demandons de faire la distinction entre l’assassin et la victime. Notre révolution (...) est pacifique », ont écrit les militants sur leur page Facebook The Syrian Revolution 2011, à l’adresse des observateurs. Tout en exprimant des doutes sur l’efficacité de la mission, des opposants ont jugé que la présence des experts « assurait en quelque sorte une protection » aux manifestants.

 

Pour Bourhan Ghalioun, chef du Conseil national syrien (CNS), « le secrétaire général de la Ligue arabe doit publier un rapport quotidien sur les éventuels progrès qu’enregistrent les observateurs afin que nous puissions juger de l’étendue des promesses que le régime ne tient pas : les chabbihas sont toujours dans les rues et les prisonniers dans leurs geôles. Le régime syrien est incapable de respecter l’accord qu’il a signé avec la Ligue arabe », a-t-il insisté, relevant que ce dossier va « de nouveau aller au Conseil de sécurité », qu’il a appelé à faire sien le plan arabe et à l’appliquer « à sa manière ». Et de conclure à l’adresse d’al-Jazira qui l’interviewait : « Les vrais rapports de terrain, c’est vous qui les offrez. » Quant à Haytham Maleh, avocat des droits de l’homme et membre du Conseil national syrien (CNS), principal mouvement de l’opposition, il a demandé que les observateurs s’acquittent de leurs obligations en « restant dans les villes qu’ils visitent pour protéger les habitants ». Ils doivent « vérifier l’application » par le régime de toutes les clauses de l’initiative arabe, a-t-il dit en jugeant leur nombre insuffisant.

 

Au niveau international, Washington a jugé utile la présence des observateurs, tout en se disant préoccupé que « la violence perdure », alors que la France a jugé « prématuré » de se prononcer sur les résultats de la mission. Catherine Ashton, chef de la diplomatie européenne, a invité Damas « à se conformer à tous les points du plan d’action de la Ligue arabe ». L’ONU a jugé « impératif que la mission d’observateurs dispose d’un accès sans restriction et d’une coopération entière du gouvernement syrien et que son indépendance et son impartialité soient entièrement préservées ». La Russie, alliée de la Syrie, s’est dit « satisfaite » du début de la mission, citant son chef, le général soudanais Mohammad Ahmad Moustapha al-Dabi, selon qui « la situation est rassurante » à Homs. Reporters sans frontières (RSF) a demandé aux observateurs de rendre visite aux « nombreux » professionnels de l’information détenus, et d’exiger leur libération, tout comme celle de l’ensemble des personnes toujours incarcérées. « Il est également important qu’ils recueillent le témoignage de ceux qui ont été libérés (...). Sinon cette mission d’observation n’aura été qu’une mascarade », a en outre estimé RSF.

 

Des centaines de milliers de personnes ont manifesté hier contre le régime syrien, notamment dans des villes où se trouvaient les observateurs arabes, ce qui n’a pas empêché les forces de sécurité de réprimer dans le sang ces rassemblements. L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a fait état de la mort hier de 20 civils (dont 13 dans les manifestations), deux...

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