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Culture - Initiative

AFAC pour soutenir et stimuler les arts dans le monde arabe

En proposant des aides financières aux artistes indépendants et institutions culturelles dans le monde arabe, le Fonds arabe pour les arts et la culture (AFAC) a ouvert de nouveaux horizons dans le domaine du mécénat local et régional. Transparence, rigueur et analyse sont les caractéristiques majeures de cette organisation non gouvernementale qui fête son cinquième anniversaire.

Oussama Rifahi, directeur d’Afac.


Créé en 2007, le Fonds arabe pour les arts et la culture (AFAC) est né d’une initiative arabe indépendante lancée par des lobbyistes culturels locaux dont l’ancien ministre de la Culture libanais Ghassan Salamé, président actuel d’AFAC, avec le soutien d’un groupe de donateurs internationaux. Oussama Rifahi, directeur de l’organisation établie d’abord à Amman, mais dont les bureaux sont dorénavant à Beyrouth, à Hamra, indique que l’idée a germé en premier lieu «pour combler un manque d’aide publique aux arts et à la culture. Ce manque existe toujours et il devient de plus en plus pressant avec les bouleversements dont est témoin la scène régionale», indique-t-il. Le secteur culturel indépendant devait sa survie à quelques donateurs internationaux, tels que les Agences suédoise, danoise et norvégienne pour le développement, les délégations de la Commission européenne dans la région, la Fondation Ford et l’Institut pour la société ouverte (OSI). Ces donateurs soutiennent les arts car ils reconnaissent l’importance sociale et politique des pratiques culturelles indépendantes. Cependant, les bénéficiaires de ces bourses doivent souvent se défendre contre les revendications «d’occidentalisation de la culture» faites à leur encontre. «Il s’agissait donc de mettre sur pied un organisme régional qui pourrait éventuellement démarrer un nouveau modèle à suivre ou à multiplier, mais aussi de trouver un moyen d’établir une interconnexion horizontale entre les pays arabes, loin des relations verticales que nous avons avec l’Occident. Et de générer, par ailleurs, un intérêt au niveau du secteur privé pour les diverses expressions artistiques que nous soutenons.»
En cinq années, AFAC a octroyé 300 bourses en musique, littérature, arts visuels, théâtre, danse et cinéma pour un budget total de près de 5 millions de dollars. «On reçoit plus d’un millier de demandes par an. Nos dons sont octroyés aux trois quarts aux personnes et un quart aux institutions. Une bourse typique est de la valeur de 17000 dollars américains. Mais cela peut varier entre 5000 et 50000 dollars.»
AFAC travaille avec modestie, avec pour seul objectif de favoriser une expression culturelle libre, spontanée et riche en narratifs. «Parce que notre but principal c’est les projets eux-mêmes», indique Rifahi. «Il existe, dans le monde arabe, une énorme richesse culturelle. Mais l’on n’aperçoit, aujourd’hui, qu’une maigre partie de ce potentiel. Comme le bout d’un iceberg ballotté par les courants et qui n’arrive pas à aller dans les bonnes directions.» Cette organisation ne se contente pas d’assurer un financement. Elle canalise aussi les énergies, assure des formations, des participations à des ateliers de travail, elle met aussi en relation des artistes et des experts dans différents domaines. AFAC a ainsi permis à beaucoup d’artistes ou d’institutions de démarrer.
«Sa première phase, développée durant les quatre premières années, était dédiée à la collecte d’informations, à la réflexion sur les besoins de la scène et à une sorte d’analyse des demandes qui sont soumises. Après avoir compris et tâté le pouls de la scène culturelle régionale, nous avons pu établir notre programme pour les cinq années à venir.»
Les dons octroyés par AFAC appartiennent à deux catégories. «Il y a, d’une part, les «General Grants», une subvention générale qui invite les porteurs de projet à soumettre leurs propositions dans les domaines suivants: littérature, arts visuels et arts du spectacle. Toutes les personnes et organisations des domaines culturel et artistique dont les projets portent sur le monde arabe sont admissibles. Dans trois catégories, les types de projets suivants seront acceptés. Il s’agit des arts du spectacle (création et production d’œuvres théâtrales, chorégraphiques, ou de toute autre réalisation dans le domaine des arts de la scène), des arts visuels (production et organisation d’expositions d’art, d’installations et d’autres formes d’art visuel) et de la littérature (recherche, production et publication d’œuvres littéraires, comme des romans, des nouvelles, des poèmes, des traductions et des biographies, en copie papier ou en version électronique).
«Dans ce cadre, je crois que nous sommes l’unique fonds dans le monde arabe qui reçoit une aussi vaste expression artistique. Ces demandes sont canalisées vers un jury qui change tous les six mois. Les évaluations sont faites à partir d’une matrice composée de quatre dimensions: la qualité, la pertinence, l’innovation et le coût.»
D’autre part, en parallèle à cette «aide générale», AFAC a mis en place des programmes spéciaux. «Nous avons démarré, il y a dix-huit mois, une subvention aux films documentaires qui bénéficient d’un partenariat avec le Sundance Documentary Institute. Quinze boursiers ont ainsi été sélectionnés en 2010. Et quinze autres en septembre 2011.»
«AFAC Express», par ailleurs, lancé en août 2011, répond à un besoin actuel vis-à-vis de l’actualité dans le monde arabe et de cette période tumultueuse de changements, de réflexions, de remise en question des systèmes, pas seulement politiques, mais aussi sociaux et individuels. Ce programme permet à des artistes, qui souhaitent s’exprimer sur l’actualité, à chaud, d’obtenir des bourses d’une manière rapide, d’un montant de 15000 dollars.
Un programme de soutien à la production cinématographique, intitulé «AFAC Crossroads» (intersections), a également vu récemment le jour. Trente bourisers en bénéficient. Pour 2012, des projets pour le théâtre et la littérature sont en train d’être formulés.

Une aide qui suit l’actualité
Concernant son financement, l’organisation fait appel à des fondations européennes et américaines, à une société privée au Koweït, ainsi qu’à un groupe de quinze mécènes arabes. «Le financement des projets culturels est extrêmement difficile. Il y a des coupures de budget un peu partout. Mais cela ne nous inquiète pas, car les ressources ne manquent pas. Et les gens prennent de plus en plus conscience de l’intérêt des œuvres artistiques, de leur retour pour la société qui les produit.» Pour les «General Calls», AFAC affecte un budget de près d’un million de dollars par an. Pour «Afac Express», le montant est de 410000 $. «Crossroads» bénéficie d’un million et demi de dollars. «Nous espérons, dans un futur proche, être capables de ramener des sponsorships pour des projets spécifiques. Celui de la HSBC Private Bank nous permet de réaliser le dîner du 18 septembre, par exemple.»
AFAC travaille également à combler un autre manque, celui de l’absence d’informations et de chiffres. «L’un des grands problèmes liés à la stratégie culturelle dans le monde arabe est le manque de données», assure Rifahi. La base de données que AFAC est en train de construire sera consultable sur son site Internet. Cette étude a-t-elle révélé des points communs aux pays de la région?
«Le monde arabe est une mosaïque incroyablement délicate de cultures différentes, indique Oussama Rifahi. Les points communs observés ne sont malheureusement pas positifs. L’ossification du système éducatif, l’expression réglementée par des gouvernements autoritaires, la misère culturelle qui a fait que les gens travaillent de manière similaire...» Autant de défis que AFAC tente de relever. En plus des bourses accordées, de son aide à la distribution des productions culturelles, AFAC œuvre à faire tomber les barrières et créer une autoroute horizontale entre les pays arabes. Ses objectifs sont ambitieux, mais il apparaît que cet organisme jeune, brut et spontané ne manque pas de ressources pour s’en octroyer les moyens.
Créé en 2007, le Fonds arabe pour les arts et la culture (AFAC) est né d’une initiative arabe indépendante lancée par des lobbyistes culturels locaux dont l’ancien ministre de la Culture libanais Ghassan Salamé, président actuel d’AFAC, avec le soutien d’un groupe de donateurs internationaux. Oussama Rifahi, directeur de l’organisation établie d’abord à Amman, mais...

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