Mais l’Union européenne, qui avait mis tout son poids dans la balance pour aboutir à un accord juridiquement contraignant, a dû se contenter, à l’issue de cette réunion largement éclipsée par la crise de l’euro, d’un texte laissant en suspens cette question cruciale concernant le futur pacte climatique. Cet accord, qui permet aussi d’écrire une suite au protocole de Kyoto après 2012 et d’éviter un échec deux ans après l’immense déconvenue de Copenhague, ne s’accompagne par ailleurs d’aucune révision des promesses des pays pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Ces dernières sont, à ce jour, largement insuffisantes pour contenir le réchauffement sous le seuil de 2°C, objectif affiché de la communauté internationale. Face à la vive opposition de l’Inde, les Européens ont finalement accepté une formulation décrivant ce futur accord comme « un protocole, un autre instrument légal ou une solution concertée ayant une force légale ». L’objectif est que cet instrument entre en vigueur à partir de 2020.
Toutefois, l’UE a salué la « percée historique » réalisée à Durban. « La stratégie de l’UE a fonctionné », a jugé la commissaire européenne en charge du Climat, Connie Hedegaard, très présente lors de la réunion sud-africaine. « L’affaire s’est finalement bien terminée », a estimé le représentant américain pour le climat, Todd Stern. Cette conférence est « un succès garantissant l’avenir du protocole de Kyoto », a également relevé le ministère français des Affaires étrangères. Quant au secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, il a qualifié « d’accord significatif » la feuille de route adoptée à Durban.
Mais cet accord n’a pas fait que des heureux. Les décisions prises sont bien en deçà de ce qu’exige l’urgence climatique, a regretté l’ONG Oxfam, qualifiant cet accord de « strict minimum possible » qui laisse « le monde se diriger comme un somnambule vers un réchauffement de 4°C ». « Les pollueurs ont gagné, les peuples ont perdu », a jugé, plus catégorique, Greenpeace Africa.
La conférence de Durban, qui s’est achevée avec 36 heures de retard, restera dans l’histoire des négociations climatiques, pourtant habituées à jouer les prolongations, comme le record du genre. Le prochain grand rendez-vous de la diplomatie climat aura lieu au Qatar... plus grand émetteur de CO2 par habitant au monde.
(Source : AFP)