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Moyen Orient et Monde - Conférence

« Y a-t-il une synergie, un lien entre les différents pays des printemps arabes ? »

Védrine, Plantu et Stavro : « Après les printemps arabes, quelle reconfiguration géopolitique internationale et régionale ? »

Hubert Védrine à l’ESA.

Alors que 2011 arrive à sa fin, une année marquée par une ribambelle de bouleversements géopolitiques, notamment dans le monde arabe, Hubert Védrine a animé une conférence à l’ESA de Beyrouth sur le thème « Après les printemps arabes, quelle reconfiguration géopolitique internationale et régionale ? ». Le débat a été suivi d’une présentation de Plantu, journaliste et caricaturiste français, particulièrement connu pour ses dessins dans Le Monde, et de Stavro, dessinateur libanais. Les deux artistes ont également montré une série de leurs dessins les plus renommés.
Ancien ministre des Affaires étrangères sous le gouvernement Jospin et membre du Parti socialiste, Hubert Védrine a commencé par une sorte de remise en contexte des évènements connus internationalement sous le nom de « printemps arabe ». Dénonçant des « extrapolations précipitées » de la part de la communauté internationale et des analystes dès le début des évènements à propos de leurs conséquences possibles ou probables, il s’est affiché en partisan de l’attente et de la patience, conscient que les différents processus démocratiques en cours dans la région prendront très probablement quelques années avant de donner des résultats concrets, d’autant plus que la zone arabe, sans poids dans le monde de l’après-URSS, a dû attendre son tour pour s’exprimer ou « prendre sa revanche » dans un monde de « compétition multipolaire ».
Ainsi, tous s’accordent pour dire, et M. Védrine en premier, que les révolutions arabes, ces « printemps » au pluriel, parce que ces soulèvements ne sont pas un phénomène unique mais différent selon chaque pays, étaient à la fois « inéluctables » et « inévitables » ; qu’ils ont suscité des attentes très diverses pour tous, mais aussi craintes et enthousiasme... En attendant, deux choses ont été démontrées : une dictature peut chuter, et les peuples arabes peuvent faire vivre une démocratie concrète et réelle. Bien entendu, selon M. Védrine, cette démocratie est pour l’instant figée, mais elle reste « pleine de potentiels » prêts à être exploités.
De plus, la jeunesse, bien formée mais au chômage, donc mécontente et désillusionnée par des régimes répressifs, et qui a servi de détonateur aux soulèvements arabes, a pu être retrouvée hors des frontières des pays a priori concernés. Nous avons pu en effet assister à une « européanisation » d’un phénomène qui non seulement n’est plus arabe, mais qui inquiète de même profondément des pays à la liberté d’expression restreinte et étranglée, comme la Chine.
Une autre question soulevée par les « printemps arabes » est celle des islamistes. Cette question s’est bien entendu posée bien avant les soulèvements arabes, notamment à l’époque de la révolution iranienne de 1979. C’est donc un « héritage très lourd » qui pèse sur les islamistes d’aujourd’hui, qui connaissent pourtant en parallèle des victoires électorales dans les principaux pays des « printemps arabes » et qui inquiètent du coup nombre de gouvernements, notamment régionaux, comme Israël. Car pour Hubert Védrine, on ne peut pas « proclamer une démocratie sans passer par la case “dictature islamiste” ».
Ce qui est incontestable en tout cas, c’est le « désir démocratique » de peuples ne supportant plus l’oppression, le manque de droits, de libertés. Des « évolutions conceptuelles sont en vue, peut-être des affrontements, qui précéderont les réponses aux questions que l’on se pose déjà, ainsi qu’une démocratie islamique. Cette dernière reste une probabilité, sans être un acquis ».
En tout cas, le rapport de force interne entre les pays arabes s’en retrouve modifié. M. Védrine se pose la question suivante : « Y a-t-il une synergie, un lien entre eux ? On ne sait pas vraiment, on ne peut pas répondre immédiatement à cette question. Il y a bien entendu un certain rapport entre ces pays, mais il n’est pas encore réellement défini. » L’on ne peut toutefois nier que les relations entre les pays arabes restent primordiales quant à la définition géopolitique de la région en cette période de transition. Ce processus démocratique « inquiétant, à haut risque », toujours selon l’ancien ministre, enthousiasme certains et surtout « ne s’arrêtera pas ». Il se peut même qu’il conduise à long terme à « un plus grand peuple arabe, qui sera plus exigeant dans ses intérêts et plus intransigeant par rapport à Israël » et l’Occident. Il suffit, pour Hubert Védrine, d’accompagner ce processus « intelligemment, sans paternalisme, sans rigidité et sans plaquer de processus tout faits sur des situations qui ne s’y prêtent pas ».
Alors que 2011 arrive à sa fin, une année marquée par une ribambelle de bouleversements géopolitiques, notamment dans le monde arabe, Hubert Védrine a animé une conférence à l’ESA de Beyrouth sur le thème « Après les printemps arabes, quelle reconfiguration géopolitique internationale et régionale ? ». Le débat a été suivi d’une présentation de Plantu, journaliste et...

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