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À La Une - Egypte

A Tahrir, on fustige les élections "anti-révolutionnaires"

"Elections ou pas, on ne se laissera pas voler notre révolution".

De nombreux jeunes sont frustrés de voir que "leur" révolution n'ait pas encore produit une nouvelle classe de dirigeants. Odd ANDERSEN/

Les tractations se poursuivent, en Egypte, pour tenter de trouver une issue à la crise qui secoue le pays. Le chef de l'armée, le maréchal Hussein Tantaoui, a reçu Mohamed ElBaradei et Amr Moussa, deux personnalités dont les noms sont évoqués pour diriger un gouvernement de "salut national", a rapporté l'agence officielle Mena.

Entre-temps, un jeune manifestant a été tué lors de heurts avec les forces de l'ordre devant le siège du gouvernement, première victime après deux jours de relative accalmie.

 

Ces événements interviennent à 48 heures des premières élections depuis la chute de Moubarak, alimentant les craintes que le scrutin soit émaillé de violences.

 

"Les élections? Ce n'est pas l'essentiel, ici on protège notre révolution". Les législatives qui débutent lundi laissent Abdel Hamid Slit indifférent, tandis que d'autres manifestants sur la place Tahrir sont perplexes ou furieux que le scrutin ait été maintenu. "Les gens ici ne se sentent pas très concernés par le vote, ils veulent une vie digne et la liberté", affirme cet ingénieur de 65 ans sur la place emblématique de la révolution qui a renversé Hosni Moubarak en février.
"Elections ou pas, on ne se laissera pas voler notre révolution", ajoute-t-il.


"La révolution s'est prononcée, les élections ne peuvent pas la menacer", peut-on lire sur des pancartes brandies par les militants ou encore "Des élections pour détourner l'attention".


Beaucoup sont catégoriques. "Moi, je ne voterai pas", clame Moustapha Shaath, chercheur trentenaire.
"Comment voulez-vous que je vote alors que ce Parlement n'aura aucune prérogative avec les militaires au pouvoir?", demande-t-il. "La situation est très chaotique, nous ne voulons pas que les élections se tiennent dans ces circonstances", poursuit Moustapha.

 

Le maréchal Hussein Tantaoui -chef d'Etat de fait- s'est engagé à ce que les militaires remettent le pouvoir à un président élu avant fin juin 2012.
Mais comme ils l'ont fait pour Hosni Moubarak, les manifestants de Tahrir réclament le départ au plus vite du maréchal Tantaoui, qu'ils accusent de rééditer la politique de répression du président déchu.


"Tenir les élections maintenant, c'est comme panser une plaie avant de l'avoir désinfectée", estime Doaa Khamis, une traductrice de 38 ans. "C'est comme s'il n'y avait pas eu de révolution", souligne-t-elle, en brandissant avec sa soeur Aya, 24 ans, les pancartes anti-élections. "Nous allons rester dans le même cercle vicieux car les corrompus de l'ancien régime seront encore là même avec les élections", dit Aya.


Elle traduit le sentiment de nombreux jeunes, frustrés de voir que "leur" révolution n'ait pas encore produit une nouvelle classe de dirigeants. Et c'est surtout la présence de candidats ex-membres du Parti national démocrate (PND) de M. Moubarak qui révolte Tahrir. Certains se présentent sous la bannière d'autres partis ou en tant qu'"indépendants".
C'est aussi l'idée de voir ce scrutin se tenir sans que les responsables de la mort de 42 personnes tuées lors des affrontements entre police et manifestants n'aient été jugés qui leur est insupportable. 


"Nous avons suspendu notre campagne", affirme Salwa Haggag, du Bloc égyptien, qui représente la principale force du courant libéral et regroupe une quinzaine de partis, notamment les "Egyptiens libres" de Naguib Sawiris, un millionnaire à la tête de l'empire des télécoms Orascom. "Comment voulez-vous qu'on fasse campagne alors que le sang coule dans les rues", dit-elle, sans se prononcer sur un éventuel boycott du vote.


Samedi, un manifestant de 19 ans est mort lors de nouveaux heurts avec la police, face au siège du gouvernement où campent des dizaines de militants.


Pour d'autres, le système électoral trop complexe, la multitude des candidats et même les craintes pour la sécurité laissent perplexe. "Au fait, je ne sais pas comment voter", reconnaît Samah Abdelrahmane, accompagnée de son mari et son enfant à Tahrir. "En plus, il y aura peut-être des incidents lors du vote, on ne sait jamais".


Mais la question du boycott pose un dilemme pour les manifestants car il pourrait se traduire par une perte considérable de voix pour leur camp s'il n'est pas suivi par les autres courants politiques. "Vu la situation actuelle, il est de notre devoir moral de boycotter les élections", dit Omar Karim, musicien. "Le problème est que, à moins que tout le monde le fasse, il est politiquement impératif de voter".

Les tractations se poursuivent, en Egypte, pour tenter de trouver une issue à la crise qui secoue le pays. Le chef de l'armée, le maréchal Hussein Tantaoui, a reçu Mohamed ElBaradei et Amr Moussa, deux personnalités dont les noms sont évoqués pour diriger un gouvernement de "salut national", a rapporté l'agence officielle Mena.
Entre-temps, un jeune manifestant a été tué...

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