Allo ! Allooo ! ALLOOOOO ! ! ! ! !

Que se passe-t-il ces derniers temps ? Le réseau téléphonique cellulaire serait-il subitement devenu fou ? Serait-il en train d’agoniser par manque d’entretien ? Le citoyen est en droit de se poser la question vu le temps qu’il perd à tenter de communiquer avec son entourage.
Composer un numéro avec succès relève désormais du parcours du combattant. Il est d’ailleurs illusoire d’espérer avoir son interlocuteur à l’autre bout du fil dès la première tentative.
Le citoyen libanais n’est certes pas réputé pour sa patience. Mais il n’a d’autre choix que de s’armer de toute la patience du monde lorsqu’il doit composer un numéro depuis son cellulaire. La première fois, son téléphone reste muet. Il n’émet aucune sonnerie. Pas même le moindre son. « Ça n’accroche pas », se dit le citoyen résigné, dans son jargon libanais, tout en composant le numéro de nouveau.
La deuxième fois, la ligne de son interlocuteur semble occupée. Le citoyen, un brin chiffonné, attend quelques secondes avant de recommencer l’opération. La troisième fois semble être la bonne. Miracle ! Il entend, au bout du fil, la voix familière de son interlocuteur. Mais ce dernier ne l’entend pas.
« Allo, Allooo, ALLOOOOO ! ! ! » hurle-t-on, en vain, de part et d’autre. Un dialogue de sourds s’installe. Personne n’entend l’autre. La ligne se coupe, évidemment. Excédé, le citoyen tambourine sur son portable, encore et encore. Avant de parvenir à ses fins. Tout en vouant aux gémonies son opérateur, l’État libanais et toute la gent politique.
Car inévitablement, la conversation sera interrompue, vu la mauvaise qualité du réseau, que l’abonné soit chez lui, confortablement installé dans son fauteuil, sur son lieu de travail ou dans la rue. Il devra alors répéter l’appel, autant de fois que nécessaire, jusqu’à terminer sa conversation. Entre-temps, il n’a pas à s’étonner si une tierce personne s’invite par erreur entre lui et son interlocuteur, le poussant à jeter l’éponge par lassitude.
Les histoires et blagues liées à la mauvaise connexion cellulaire sont légion. Mais parviennent-elles seulement aux oreilles des responsables? Réalisent-ils, ces responsables, le précieux temps que perd le citoyen à essayer de contacter les gens à longueur de journée ? Sans parler de sa facture, qui promet d’être salée en fin de mois. Une facture qu’il devra régler rubis sur l’ongle, sans discuter, s’il veut conserver sa ligne cellulaire.
Le pire est arrivé il y a deux jours, lorsqu’une panne d’origine indéterminée a touché le réseau de téléphonie fixe, dans certaines régions du pays, durant plusieurs heures. Il fallait le voir, le citoyen, courir de son portable à sa ligne fixe pour essayer de régler ses affaires. Sans résultat, bien entendu, de part et d’autre.
Quelquefois, lorsque le verre déborde, mieux vaut en rire qu’en pleurer. Mais encore faut-il qu’il soit d’humeur badine, le citoyen, qui ne sait plus à quel saint se vouer.