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Culture - Documentation

La Fondation arabe pour l’image, ou les archives au service de l’art

Bien ancrée dans sa mission de collecter, préserver et rendre accessible le patrimoine photographique de la région, la Fondation arabe pour l’image, avec sa collection considérable de 400 000 photos, déménage à Gemmayzé et y ouvre ses portes au grand public.

Zeina Bassil, directrice de la Fondation arabe pour l’image. (Photo Daniel Barney/© Arab Image Foundation)

Installée depuis une dizaine d’années à Starco, la Fondation arabe pour l’image se trouve aujourd’hui à Gemmayzé, rue Gouraud. Les nouveaux locaux, situés au quatrième étage d’un immeuble à caractère*, regroupent une bibliothèque, un espace polyvalent, des bureaux administratifs, une petite kitchenette et, surtout, une chambre froide prête à accueillir les vieilles photos d’archives qu’il faut préserver à une certaine température.
Mis auparavant à la disposition des chercheurs sur rendez-vous, les collections de photos, les films, la bibliothèque sont donc à présent ouverts au public, tous les jours, de 13h à 17h.
Zeina Bassil, directrice de la fondation, se félicite de ce nouvel espace qui a accueilli la semaine passée les deuxièmes rencontres du Meppi (Middle East Photograph Preservation Initiative), un projet qui réunit des partenaires aussi prestigieux que l’Université de Delaware et son département de conservation de l’art, le Metropolitan Museum of Art et le Getty Conservation Institute, et qui vise à promouvoir la préservation et la sensibilisation à l’importance des collections photographiques au Moyen-Orient, l’Afrique du Nord, la péninsule Arabique et l’Asie de l’Ouest. Une initiative qui bénéficie du soutien de l’Andrew W. Mellon Foundation et du Getty Conservation Institute. « Ces rencontres posent les premiers jalons de la création d’un réseau avec des institutions de la région qui ont des objectifs et des défis similaires aux nôtres », assure Zeina Bassil. « La FAI a sélectionné cette année quinze institutions (universités, agences de presse, bibliothèques nationales ou musées) pour leur dispenser un entraînement spécifique et réfléchir ensemble à des possibilités de collaborations futures, ajoute-t-elle. Au bout des trois ans du projet, nous aurions réussi à former entre 45 ou 50 institutions et sans doute à créer un réseau durable. »
Entre-temps, la FAI poursuit ses collaborations avec d’autres partenaires locaux, comme le Beirut Art Center, Achkal Alwane, Assabil pour des ateliers de travail, des conférences, des formations diverses d’archivage et de techniques de conservation.
Et dans le cadre d’un programme de recherche mis récemment sur place, la fondation accueille des résidences d’artistes. « Des chercheurs, des curateurs qui sont intéressés par nos archives photographiques ou qui veulent consulter des archives en vue de présenter un travail artistique, précise Bassil. Trois résidences ont été tenues en un an et demi. Et, à chaque fois, l’œuvre ou la recherche réalisés viennent s’ajouter à la collection.
Une collection chargée d’histoire qui contient près de 400 000 images (entre portraits de familles, instantanés de rue et portraits de studio) provenant de fonds d’archives ayant appartenus à des professionnels de la photo ou à des amateurs.
Mais la FAI ne se contente bien évidemment pas de collectionner et de conserver. Une grande partie de sa mission vise à interpréter la culture photographique du Moyen-Orient et du Maghreb. Ses archives remarquables (ses photos faites au Liban, en Syrie, en Jordanie, en Palestine, en Égypte, en Irak, au Maroc, au Sénégal et au Mexique, entre autres) tiennent de source d’inspiration aux artistes et écrivains affiliés à la fondation. Et c’est ce travail artistique en parallèle qui différencie la démarche de la FAI de celle des autres institutions. « Nous avons toujours trouvé important de lier les projets de recherche et de collection à ceux de diffusion », remarque Bassil.
Les artistes sont ainsi allés eux-mêmes chercher les collections, les dénicher dans les greniers poussiéreux parfois, pour faire leur sélection, selon des critères esthétiques, mais aussi sociologiques et historiques. C’est ainsi qu’ont procédé par exemple Akram Zaatari et Walid Raad, avec le projet « Mapping Sitting ». « Ils ont mis à profit ce matériel non pas comme archives d’images en tant que telle, mais en s’intéressant aux pratiques d’origine du photographe, explique la responsable. Ici, c’était la pratique de la photo surprise. Ils ont alors recréé, dans une vidéo, des instantanés rappelant la manière de faire du photographe en question. À chaque fois qu’ils ont réfléchi à une forme contemporaine, ce n’était jamais gratuit, mais inspiré des méthodes de travail du photographe auteur des images d’archives. »
Pendant ses dix premières années d’existence, la FAI était surtout concentrée sur l’acquisition, la mise en place de ses propres projets. À présent qu’elle a établi une bonne base de données et qu’elle est bien ancrée dans le paysage régional, elle compte accroître sa visibilité et se tourner vers des moyens de financement plus locaux. « Jusqu’à présent, nous avons œuvré un peu dans l’ombre, nous débrouillant pour trouver des financements, des subventions américaines ou européennes. Mais à présent, il faut toucher les mécènes régionaux, par déontologie artistique, aussi. »
Une fondation au travail sérieux, louable, opportun. Parmi les projets foisonnants, un beau livre dédié à l’œuvre du photographe Van Léo, par Karl Bassil et Nigar Azmi. Sur un aspect plus léger, une publication, un numéro spécial avec la revue Samandal qui s’inspirerait des collections de la FAI.
Installée depuis une dizaine d’années à Starco, la Fondation arabe pour l’image se trouve aujourd’hui à Gemmayzé, rue Gouraud. Les nouveaux locaux, situés au quatrième étage d’un immeuble à caractère*, regroupent une bibliothèque, un espace polyvalent, des bureaux administratifs, une petite kitchenette et, surtout, une chambre froide prête à accueillir les vieilles photos...

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