Mouteea Murad, « à travers le miroir »

Depuis que cet artiste syrien a effectué un tournant radical dans sa carrière, ses abstractions géométriques complexes qui ont fait sa renommée ces dernières années témoignent d’une recherche à la fois esthétique et philosophique.
Né à Homs, Murad est licencié de la faculté des Beaux-Arts en Syrie et fait immédiatement preuve d’une aptitude remarquable pour le dessin. Ses premières toiles figuratives un peu troublantes se transforment en 2009 en une démarche expérimentale constante. C’est cette année-là qu’il commence à nommer chacune de ses toiles successives «Essai».
À travers ses quadrillages de couleurs, traversés de bandes blanches, et ses labyrinthes de teintes fortes, l’artiste parvient à insuffler une énergie de manière à ce que la toile dégage une fluidité, voire une mouvance. Il semblerait ainsi, en observant bien la toile, que tout bouge et se meut en faisant fi du cadrage.
Illusion d’optique? C’est dans un savant dosage, entre les influences reçues – celles des peintres comme Klee ou des courants de l’art moderne comme l’Op Art – et l’art islamique, perçu comme un art abstrait avant-gardiste, que Murad aborde son œuvre.
«Une œuvre en technique mixte composée d’une collision de lignes et de triangles de couleurs éclatantes, affirme Maymanah Farhat. Convergeant vers un point au centre de la toile, ces formes s’entrecoupent à des angles divers (...) et les lignes guident l’œil.» «Pourtant, poursuit Farhat, le thème de ces toiles n’est pas l’attraction et la poussée des forces cinétiques. Elles procurent une certaine harmonie... D’ailleurs, l’artiste dira qu’elles sont une quête de perfection.»
Avec donc un sens affiné de la spiritualité et une connaissance bien approfondie des valeurs esthétiques, l’artiste construit sa démarche qu’il situe jusqu’à présent dans l’expérimental, mais qui semble posséder déjà les clefs du labyrinthe.

* Ayyam Gallery, jusqu’au 31 décembre. Beirut Tower, rue Zeitouné. Tél. : 01/374450 - 51.