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Nos Lecteurs ont la Parole

Libres femmes de Libye

Tahani Khalil GHEMATI
Ras-Beyrouth, un matin gris souris en pleurs. Un café. Elle est là. Une grande brune aux cheveux longs. Elle m’attend. Droite. Elle pourrait être libanaise, égyptienne ou italienne. Elle est libyenne. Une compatriote. Née à New York. Exilée comme des milliers de femmes. Je ne l’ai jamais vue. Je ne sais rien d’elle. Elle me reconnaît. L’appel de Tripoli. Je suis émue. Un peu fébrile. Parfois méfiante. Je repense à ces neufs mois qui viennent de s’écouler. Intenses. Électriques. Ils ont bouleversé nos vies, nos certitudes, nos peurs. La révolution libyenne. La guerre. Des morts par milliers. Les frappes de l’OTAN. La libération de Tripoli. La disparition du monstre. Un accouchement dans la douleur, sans péridurale ni rachidienne. Le chaos. Le peuple libyen armé jusqu’aux dents, prêt à se défendre. La vie se réorganise. Les femmes sortent de l’ombre. Elles sont avocates, médecins, architectes, professeures, mères au foyer. Elles sont bien là. Un discours qui dérape. Il viendra à peine ternir notre vague de joie. Notre détermination d’aller vers la lumière.
Elle me parle, cette femme-là. Des récits de femmes rencontrées au Caire. Elle me raconte leurs larmes. Chaque histoire est unique. Les quarante-
deux ans de malheur. Les séparations. Les traumatismes. L’alzheimer généralisé de tous les Libyens. Les changements de trottoirs à chaque Libyen croisé. Les mensonges. La terreur qui serre nos tripes. La suspicion. Tous des espions à la solde de M. le maudit. La paranoïa cultivée jour après jour, année après année. Puis, un jour de février 2011, le mur qui tombe, écroulé, pulvérisé, explosé... Je peux enfin la regarder, elle, la Libyenne en face de moi, dans ce café à Beyrouth. Je lui raconte. Je suis libre. Je n’ai pas peur. J’aime mon petit drapeau rouge, noir et vert accroché à gauche de mon cœur qui n’en finit plus de pleurer cet exil interminable. Je veux désormais me battre moi aussi pour un avenir meilleur. Relever la tête et être fière d’un pays qui n’a existé qu’à travers un tyran. Les Libyens et les Libyennes sont dorénavant des citoyens à part entière. Et je ne laisserai personne, plus jamais personne piétiner nos droits les plus élémentaires et bafouer notre dignité.

Tahani Khalil GHEMATI
Architecte libyenne
Ras-Beyrouth, un matin gris souris en pleurs. Un café. Elle est là. Une grande brune aux cheveux longs. Elle m’attend. Droite. Elle pourrait être libanaise, égyptienne ou italienne. Elle est libyenne. Une compatriote. Née à New York. Exilée comme des milliers de femmes. Je ne l’ai jamais vue. Je ne sais rien d’elle. Elle me reconnaît. L’appel de Tripoli. Je suis émue....

commentaires (1)

Ben,pourquoi vous ne rentrez pas dans la toute nouvelle Lybie?Le tyran est tombé,la liberté est là...les femmes sont respectées...faut pas hésiter!

GEDEON Christian

19 h 44, le 20 novembre 2011

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Commentaires (1)

  • Ben,pourquoi vous ne rentrez pas dans la toute nouvelle Lybie?Le tyran est tombé,la liberté est là...les femmes sont respectées...faut pas hésiter!

    GEDEON Christian

    19 h 44, le 20 novembre 2011

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