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Culture - Le Salon en livres et en rencontres - Signature

La vérité sort des livres...

«La vérité sort des livres.» Ce n’est pas seulement le Salon du livre qui l’affirme, mais aussi Blandine Le Callet dans son dernier roman «La Ballade de Lila K» (Stock, 393 pages)...*

Blandine Le Callet.

À quarante-deux ans, avec son troisième opus La Ballade de Lila K, fabulation sur l’avenir du livre, Blandine Le Callet s’interroge non seulement sur la destinée des écrits des ses contemporains, mais aussi, avec un texte au style clair et incisif, sur les dérives d’une société qui a toutes les allures d’un hallucinant polar de science-fiction.
Blandine Le Callet aborde la littérature avec un premier roman porté aux nues par la presse et le public. Une pièce montée en 2006 lui vaut le prix Edmée de La Rochefoucauld pour la première œuvre ainsi que le prix René Fallet du premier roman, tout en bénéficiant de l’intérêt du cinéma avec Denys Garnier-Deferre qui le porte au grand écran.
Aujourd’hui, avec cette nouvelle fiction un peu «kafkaienne» mais dotée d’un certain lyrisme aux stridences contemporaines, assumant que «la vérité sort des livres», Le Callet pousse sa curiosité, avec pertinence et audace, aux abords des zones dérangeantes et quelque peu dérangées de la vie moderne. Sans que la part de l’amour soit absente.
Une sorte de folie douce enveloppe tous ses personnages entre égarement, sécheresse de cœur, quête pour un sens de la vie et un pressant besoin d’amour.
En ouverture une scène impitoyable: une mère qu’on arrête devant une enfant traumatisée par la vue d’hommes en noir qui bousculent et brutalisent une femme dont l’histoire sera au cœur de celle qui assiste, impuissante, à son enlèvement.
Et surgit brusquement un monde décalé, aux abords d’un univers psychiatrique, ultralégalisé, codifié, aseptisé. Dans cet univers étrange où l’on surveille, épie et dose la liberté, les livres sont interdits et les personnages presque fantomatiques dans leur ambiguïté et leur mal de vivre. Ils flottent au gré des rencontres comme les feuilles des arbres flottent à la surface lisse des étangs...
En sortant de ce qui est permis et admis, en forçant les limites de ce centre où elle a échoué, Lila K, dans sa ballade empreinte de mystère, de suspense et d’angoisse, tente de retrouver sa mère, sa mémoire perdue et tout ce qui fait l’essence de son être et de son passé.
Comme un roman dans le roman, des personnages intrigants, amusants, attachants, odieux traversent la destinée de cette fille surdouée et habitent ces lieux entre rêve et réalité, entre monde contemporain et horizon futuriste. On croise, au fil des pages, des phrases et des mots, un maître au verbe haut et cynique, un éducateur formé à l’ancienne c’est-à-dire conservateur mais sincère, une violoncelliste à l’archet délirant, aux humeurs massacrantes et absolument folle dans son désir d’avoir des enfants, un chat aux allures mutantes avec ses poils multicolores et ses yeux phosphorescents, un concierge à la langue bifide et meurtrière de méchanceté... Brochette de personnages à la fois simples et bariolés pour un univers au ton de déjà-vu, qui n’est pas tout à fait le nôtre ni tout à fait étranger à notre quotidien...
Entre ces deux eaux, entre vision dantesque moderne et plate réalité, entre monde surréaliste et banal et strident quotidien, le XXIe siècle a des images surprenantes. Roman à la fois sombre et lumineux, froid et chaleureux que cette ballade qui ne laisse pas de répit à sa protagoniste pas plus qu’au lecteur...
On revient à ce «grammabook», un carnet aux abords du livre «numérique» où l’héroïne note tout avec une singulière précision clinique, jusque sa première jouissance, sans détails superflus! Puissance des mots pour retenir la vie et mieux s’accrocher à la vie. Ces quelques réflexions en fin du roman (car tout roman est finalement message à autrui): «Tant que quelqu’un vous parle, quelque part, vous écrit, vous ne pouvez pas mourir. Vous êtes encore au monde; vous lui appartenez.»

 

* Blandine Le Callet signera son ouvrage le 29 octobre, au stand de la librairie Antoine, à partir de 19h.

À quarante-deux ans, avec son troisième opus La Ballade de Lila K, fabulation sur l’avenir du livre, Blandine Le Callet s’interroge non seulement sur la destinée des écrits des ses contemporains, mais aussi, avec un texte au style clair et incisif, sur les dérives d’une société qui a toutes les allures d’un hallucinant polar de science-fiction.Blandine Le Callet aborde la...

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