Rechercher
Rechercher

Économie - Zone euro

L’Europe veut stopper l’hémorragie après deux ans de crise de la dette

Les pays du G20, réunis à Paris, ont reconnu les progrès réalisés par les Européens, mais ils les ont aussi pressés de tenir leurs promesses.

Photo de famille, réunissant les participants à la réunion du G20, samedi, à Paris. AFP Photo/Fred Dufour

L’Europe est au seuil d’une semaine décisive qui culminera avec un sommet de ses dirigeants le 23 octobre, où ils comptent donner un coup d’arrêt à une crise de la dette qui dure depuis près de deux ans et menace leur monnaie commune mais aussi l’économie mondiale.
À l’issue d’une réunion samedi à Paris avec ses homologues du G20, le ministre français des Finances François Baroin a promis au reste de la planète, inquiet d’un tsunami financier, que les Européens apporteraient le 23 octobre une réponse « décisive » à la crise de la dette, à la fois « globale et durable ».
Depuis le début des turbulences fin 2009 en Grèce, l’incendie n’a cessé de se propager dans la zone euro. Souvent divisés sur la marche à suivre, les responsables européens n’ont le plus souvent fait que colmater les brèches sans jamais apporter de réponse convaincante.
Après de multiples rendez-vous manqués – les décisions prises lors d’un précédent sommet le 21 juillet ne sont toujours pas en place – ils entendent cette fois opérer un tournant.
L’idée est de pouvoir présenter un ensemble de mesures en vue du sommet des vingt principaux pays riches et émergents (G20) les 3 et 4 novembre à Cannes.
Objectifs : parer au plus pressé en stabilisant la Grèce qui va bénéficier d’un prêt vital de 8 milliards d’euros, renforcer le pare-feu financier de la zone euro pour éviter que l’Espagne ou l’Italie ne lui emboîtent le pas – ce qui condamnerait l’euro – renflouer les banques fragiles et améliorer la gouvernance de l’Union monétaire.
Le plan des Européens contient des « éléments appropriés » et « des choses encourageantes », s’est félicité samedi le secrétaire américain au Trésor Timothy Geithner, qui avec le président Barack Obama a multiplié les pressions ces dernières semaines.
Pour cela l’Europe devra trancher sur plusieurs sujets. Avant le sommet du 23 octobre, des réunions préparatoires des ministres des Finances sont prévues vendredi et samedi prochain tant la tâche est immense.
Parmi les sujets-clés : le pourcentage de dette grecque auquel ses créanciers vont devoir renoncer, le degré de recapitalisation des banques nécessaire pour absorber ce choc ou encore les modalités pour renforcer la puissance de feu du Fonds de secours de l’euro (FESF) via un « effet de levier ».
Dans le détail, le chiffre de 21 % de « décote » pour les détenteurs de dette grecque, décidé le 21 juillet, est désormais obsolète et le pourcentage envisagé pourrait atteindre désormais jusqu’à 50 %, selon une source gouvernementale européenne.
Problème : il faut parvenir à une solution négociée avec les banques qui pour l’heure se font prier.
Pour faire face à un risque de défaut de paiement grec, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a aussi annoncé qu’il proposerait une recapitalisation des banques de manière à ce que leurs fonds propres « durs » atteignent 9 %.
Et le chef de file de l’Eurogroupe Jean-Claude Juncker a même envisagé de contraindre les banques qui ne jouent pas le jeu à contribuer davantage à l’allègement de la dette d’Athènes.
Il faudra en outre étendre la capacité d’intervention du FESF, au-delà de ce qui été déjà décidé en juillet et validé cette semaine par la Slovaquie, dernier pays dont le feu vert était encore en suspens.
L’option visant à démultiplier son action en faisant en sorte qu’il accorde non des prêts mais des garanties aux détenteurs de dette de pays fragiles semble tenir la corde, selon des sources européennes.
Une solution alternative, favorisée par la France, qui verrait le FESF transformé en banque pour pouvoir emprunter à la Banque centrale européenne, paraît écartée car elle enfreindrait le traité de l’UE.
La crise de l’euro a également renforcé paradoxalement l’urgence d’une intégration plus poussée du pilotage de la zone euro. Le sujet sera aussi abordé lors du sommet.
Sous le regard inquiet de la Commission européenne qui redoute d’être marginalisée, Paris et Berlin souhaitent donner plus de colonne vertébrale à l’Union monétaire avec des sommets au minimum deux fois par an de ses dirigeants sous la houlette de Herman Van Rompuy, qui préside déjà ceux de toute l’Union européenne.
Il est aussi question de renforcer la discipline budgétaire, en créant un poste de « supercommissaire » européen dédié à cette tâche, ou encore de placer sous tutelle formelle les pays en difficulté budgétaire, voire d’autoriser la Cour de justice européenne à punir les États trop laxistes.
Samedi, les pays du G20, réunis à Paris, ont reconnu les progrès réalisés par les Européens dans la résolution de leur crise de la dette, mais, inquiets pour une croissance mondiale dont les perspectives s’assombrissent, ils les ont aussi pressés de tenir leurs promesses.
Or les problèmes des finances publiques des uns et des autres ont déjà profondément affecté la conjoncture mondiale. La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) Christine Lagarde a évoqué
l’« évolution négative » du climat ces dernières semaines, « en train de toucher les pays émergents ».
Du coup, un certain nombre d’entre eux dont le Brésil et la Chine ont poussé à un renforcement des moyens financiers du FMI, pour lui permettre de soutenir l’Europe si la crise s’étendait à des grosses économies comme l’Italie et l’Espagne.
L’idée est cependant loin de faire l’unanimité : si la France y est favorable, l’Allemagne est très réticente, tout comme les États-Unis.
Dans leur communiqué final les pays du G20 se contentent donc de s’engager à ce que le FMI soit doté de ressources « adéquates », et à approfondir le sujet lors du sommet de leurs dirigeants à Cannes, dans le sud-est de la France, les 3 et 4 novembre. La réunion des ministres des Finances des vingt principaux pays riches et émergents servait officiellement de simple préparation à celle de Cannes.
La crise européenne a éclipsé les autres priorités de la présidence française du G20. Mais les ministres se sont entendus samedi sur des règles pour un meilleur contrôle des flux de capitaux transfrontaliers, a annoncé M. Baroin, un « accord-cadre » devant être adopté à Cannes.
Le sujet le plus délicat reste le yuan : la France rêve d’obtenir d’ici au début novembre de la Chine un calendrier en vue de la convertibilité de sa monnaie, clé aux yeux des Occidentaux d’un rééquilibrage de l’économie mondiale. Pékin a de nouveau douché ces espoirs samedi en affirmant son attachement à « un taux de change fondamentalement stable ».
(Source : AFP)
L’Europe est au seuil d’une semaine décisive qui culminera avec un sommet de ses dirigeants le 23 octobre, où ils comptent donner un coup d’arrêt à une crise de la dette qui dure depuis près de deux ans et menace leur monnaie commune mais aussi l’économie mondiale.À l’issue d’une réunion samedi à Paris avec ses homologues du G20, le ministre français des Finances...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut